27 - Clé Rouillée

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Kerri n’avait jamais su à quoi servait la grosse clé rouillée que l’Empereur lui donna, un jour où, enfant, elle ne tenait pas en place. Sa mère avait vite montré de l’exaspération quant à son agitation, elle avait manifestement oublié les longues semaines où la petite était alitée. L’Empereur, lui, plutôt que lui faire des sermons et l’obliger à s’asseoir dans un coin, s’était montré plus conciliant et lui avait donné cette clé.

- Elle ouvre quoi ? avait donc demandé Kerri, intriguée par son aspect usé.

- À toi de le découvrir, le palais est vaste, avait répondu l’Empereur.

Elle avait donc passé la journée à courir partout dans les couloirs du palais impérial, à tenter de passer la clé dans toutes les serrures qu’elle trouvait. Oh, elle avait bien eu droit à des exclamations outragées et des « non, ça, c’est mon atelier/laboratoire/bureau/etc », mais rien de bien méchant. Elle n’avait rien surpris de bien croustillant et, en tant que Pupille de l’Empereur, personne n’avait osé lui reprocher sa curiosité et ses cavalcades dans les escaliers. Il y en avait même eu qui avaient ri de la voir si vive.

Tous savaient que la petite avait payé un lourd tribut pour l’Empire et qu’elle avait bien failli ne pas y survivre. Comment lui en vouloir de courir partout et vouloir ouvrir des portes fermées ?

- Je n’ai pas trouvé ! s’était-elle ensuite plainte auprès de l’Empereur, après toute une journée d’exploration.

- Peut-être trouveras-tu demain ? Tu as tout ton temps, à présent, lui avait-il répondu tout en l’auscultant afin de s’assurer qu’elle ne s’était pas trop épuisée.

Loin de là : la fillette s’était portée comme un charme, très bien remise de son « incident ». Elle avait passé les jours suivants à trouver la fameuse serrure faite pour la clé rouillée, en vain. Jusqu’à s’en lasser. L’Empereur lui avait dit de garder la clé, juste au cas où, et elle l’avait fait. Elle l’avait longtemps portée sur elle, juste au cas où, là aussi. Quand l’envie lui prenait, elle faisait un essai infructueux. Elle l’avait ensuite rangée, puis oubliée.

À présent adulte, alors qu’elle fouillait dans ses affaires pour passer le temps, elle trouva la clé parmi tout un fatras de babiole. Elle ne put s’empêcher d’esquisser un sourire en la reconnaissant et en la tournant entre ses doigts, avant de la mettre dans sa poche.

- Regarde ce que j’ai trouvé, annonça-t-elle à l’Empereur, en lui montrant le vieil objet.

- Eh bien, voilà une jolie relique du passé.

- Je crois bien avoir essayé toutes les serrures du palais impérial, à moins que je sois passée à côté de portes plus discrètes. Allez, dis-moi, elle ouvre quoi ?

- Rien du tout. C’était seulement pour t’occuper.

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