Chapitre 16

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Quelques jours après leur conversation sur la plage, Elias proposa une soirée tranquille à Gabriel.

— Rien de fou, juste toi et moi. Ça te dit ? avait-il demandé avec un sourire presque timide.

Gabriel avait accepté, bien que le cœur battant à l’idée de cette proximité. Il avait passé la journée à essayer de ne pas trop réfléchir à ce que cette soirée signifiait. Quand Elias frappa à la porte, le soleil se couchait déjà, et Gabriel ouvrit pour trouver Elias, un sac rempli d’ingrédients à la main et un sourire éclatant sur le visage.

— J’espère que tu es prêt à découvrir mes talents culinaires, lança Elias en entrant.

Gabriel ferma la porte derrière lui, amusé.

— Talents culinaires ? Tu veux dire ton habileté à brûler des œufs ?

Elias rit, posant le sac sur le comptoir.

— Très drôle. Cette fois, je suis prêt à te prouver que je peux faire mieux.

La cuisine devint rapidement un champ de bataille. Elias, fidèle à lui-même, avait une approche "intuitive" de la cuisine, ce qui signifiait ignorer la plupart des instructions écrites. Gabriel, plus méthodique, s’agaçait gentiment de cette improvisation constante.

— Tu ne peux pas juste "ajouter du piment pour voir ce que ça donne", grogna-t-il en récupérant un pot d’épices des mains d’Elias.

— Mais c’est comme ça qu’on crée de la magie, répliqua Elias, un sourire espiègle sur les lèvres.

Entre deux chamailleries, ils se mirent à rire, surtout lorsqu’Elias, incapable de découper un oignon sans pleurer, dut abandonner la tâche.

— Sérieusement, comment tu fais pour que ça ait l’air si simple ? demanda Elias en l’observant couper les légumes avec précision.

— Parce que je suis patient, répondit Gabriel, une lueur de malice dans les yeux. Chose que tu devrais apprendre.

— Tu veux dire que je suis impatient ? fit Elias, faussement choqué.

— Non, je dis que tu es un désastre, plaisanta Gabriel.

Ils finirent par préparer un repas décent, bien que la cuisine ressemblât à un champ de bataille.

Installés sur le canapé avec leurs assiettes, ils mangèrent dans une atmosphère détendue. La télévision diffusait un film d’action en arrière-plan, mais aucun des deux ne semblait vraiment intéressé par ce qui se passait à l’écran.

— Bon, avoue, c’est pas si mal, dit Elias en pointant son assiette avec une fierté exagérée.

Gabriel haussa un sourcil.

— Pas mal, mais je pense que c’est grâce à moi.

— Ah, tu ne peux pas juste me laisser ce moment de gloire ?

Gabriel rit doucement, secouant la tête.

— Peut-être la prochaine fois.

Elias posa son assiette sur la table basse, son expression devenant soudain plus sérieuse.

— Gaby, commença-t-il, qu’est-ce qui te fait le plus peur dans tout ça ?

Gabriel, pris au dépourvu, cessa de manger.

— Dans tout ça ? répéta-t-il, comme pour gagner du temps.

— Oui, dans ce qu’on essaie de construire. Qu’est-ce qui te fait hésiter ?

Gabriel baissa les yeux, jouant distraitement avec sa fourchette.

— J’ai peur… d’être un choix temporaire, murmura-t-il. Que tu te rendes compte que ce n’est pas ce que tu veux.

Elias le regarda avec une intensité troublante, posant une main sur son genou.

— Gaby, tu n’es pas un choix temporaire, dit-il doucement. Si je suis là, c’est parce que je le veux vraiment. Je tâtonne, oui, mais je ne m’engagerais pas si je pensais que ça pouvait te blesser.

Les mots d’Elias firent monter une chaleur dans la poitrine de Gabriel. Il hocha lentement la tête, un léger sourire sur les lèvres.

— Merci.

Ils terminèrent leur soirée en discutant de tout et de rien, revisitant des souvenirs d’enfance et partageant des projets. À chaque instant, la tension entre eux semblait s’atténuer, remplacée par une intimité plus douce, plus naturelle.

Alors qu’Elias se préparait à partir, il s’arrêta à la porte et se tourna vers Gabriel.

— Tu sais, je ne sais pas où tout ça va nous mener. Mais je suis content qu’on ait commencé quelque chose.

Gabriel, appuyé contre l’encadrement de la porte, sourit.

— Moi aussi.

Elias lui tapota doucement l’épaule avant de s’éloigner dans la nuit, laissant Gabriel avec un mélange d’espoir et d’incertitude.

Quelques jours plus tard, le groupe se retrouva à la plage pour une sortie improvisée. Camille, fidèle à son rôle d’organisatrice, proposa un jeu en cercle pour animer l’après-midi.

— Vérité ou gage simplifié, déclara-t-elle. Chacun pose une question, et il faut y répondre honnêtement.

Lorsque le tour d’Amara arriva, elle pointa Elias avec un sourire malicieux.

— Alors, Elias, c’est qui ton crush en ce moment ?

Le groupe éclata de rire, mais Gabriel sentit son cœur se serrer. Il fixa un point imaginaire dans le sable, espérant qu’Elias éluderait la question.

Mais Elias, après une pause, se redressa légèrement.

— Mon crush, c’est… quelqu’un de proche. Quelqu’un qui compte beaucoup pour moi.

Les rires cessèrent, remplacés par un silence curieux. Gabriel releva les yeux, croisant le regard d’Elias. Le monde sembla s’arrêter, ses battements de cœur couvrant tout le reste.

Camille, visiblement intriguée, tenta de relancer l’ambiance.

— Eh bien, c’est mystérieux… mais mignon.

Plus tard, alors que le soleil disparaissait à l’horizon, Gabriel et Elias se retrouvèrent seuls près de l’eau.

— Pourquoi tu as dit ça ? demanda Gabriel, sa voix presque tremblante.

Elias haussa les épaules, mais son regard était sérieux.

— Parce que j’en avais marre de faire semblant. Et parce que je voulais que tu saches que je ne veux pas cacher ce que je ressens.

Gabriel détourna les yeux, une chaleur familière montant dans ses joues.

— C’est courageux, murmura-t-il.

— Pas autant que toi, répondit Elias.

Sous les étoiles naissantes, ils restèrent là, le bruit des vagues remplissant le silence entre eux. Une promesse silencieuse semblait se tisser, plus forte que tout ce qu’ils avaient dit jusqu’alors.

Sofia avait insisté pour organiser une petite soirée chez elle, une manière de rassembler tout le groupe dans un cadre chaleureux et décontracté. Sa maison, petite mais accueillante, sentait le chocolat chaud et la vanille grâce aux bougies qu’elle avait allumées un peu partout. Elle avait préparé quelques snacks, disposé des coussins confortables autour du salon, et lancé une playlist apaisante en arrière-plan.

— Allez, installez-vous où vous voulez, avait-elle dit en souriant, tandis que chacun trouvait sa place dans le salon.

Gabriel et Elias s’étaient assis côte à côte sur le canapé, partageant quelques blagues discrètes, tandis que Léon et Amara, déjà à l’aise, avaient monopolisé la table basse pour grignoter des chips et des bonbons. L’ambiance était légère, les discussions animées, jusqu’à ce que les choses prennent une tournure plus tendue.

Alors que les rires remplissaient encore la pièce, Léon se lança dans une anecdote sur un événement qu’il avait vu en ligne.

— Sérieusement, vous avez vu cette marche LGBTQ+ en ville ? Ils en font toujours trop. Comme si on avait besoin de ça.

Amara, qui grignotait des chips, ajouta en riant :

— C’est clair, ils veulent toujours qu’on les remarque. À croire qu’ils cherchent des problèmes là où il n’y en a pas.

Un rire gêné parcourut la pièce, mais Gabriel sentit Elias se raidir à côté de lui. Ses mains, jusqu’alors détendues sur ses genoux, se crispèrent légèrement. Son regard s’assombrit, et Gabriel vit sa mâchoire se contracter.

— Vous réalisez que ce que vous dites est incroyablement insultant, ou ça vous échappe complètement ? demanda-t-il soudain, sa voix froide coupant net les murmures autour d’eux.

Léon tourna la tête vers lui, surpris par l’interruption.

— Elias, détends-toi. On plaisante.

Elias se leva lentement, plantant son regard dans celui de Léon, le ton de sa voix montant d’un cran.

— "On plaisante." Toujours cette excuse. Mais il n’y a rien de drôle à rabaisser des gens pour qui ils sont, à moquer ce qu’ils défendent ou ce qu’ils vivent.

Amara, visiblement mal à l’aise, tenta de minimiser la situation.

— Elias, on ne voulait blesser personne. C’est juste… tu sais… une blague.

Sofia, jusque-là silencieuse, se leva à son tour, croisant les bras et adoptant un ton ferme.

— Eh bien, ce n’était pas drôle. Et je pense que vous devriez réfléchir à ce que vos "blagues" disent sur vous.

L’atmosphère devint glaciale. Léon se passa une main dans les cheveux, tentant de masquer son embarras.

— D’accord, désolé. On n’aurait pas dû dire ça.

Mais Elias n’était pas convaincu.

— Vous pensez vraiment que ça s’arrête avec des excuses rapides ? Les mots comptent, Léon. Chaque fois que vous "plaisantez" de la sorte, vous normalisez un mépris qui blesse des gens.

Gabriel, assis sur le canapé, observait Elias avec un mélange d’admiration et d’inquiétude. Voir Elias défendre ses convictions avec une telle passion le touchait profondément, mais il craignait aussi que cette confrontation ne fracture leur groupe.

Léon, mal à l’aise, se leva brusquement, attrapant son sac.

— Ok, on a compris. Pas besoin d’en faire tout un plat, dit-il sèchement avant de se diriger vers la porte.

Amara, gênée, murmura quelques mots d’excuse avant de le suivre.

Une fois la porte refermée, un silence lourd envahit la pièce. Sofia poussa un soupir et se laissa retomber dans son fauteuil.

— Ils étaient insupportables, finit-elle par dire. Merci d’avoir parlé, Elias.

Elias ne répondit pas immédiatement. Il se rassit lentement, passant une main dans ses cheveux, visiblement épuisé. Gabriel posa doucement une main sur son bras.

— Hé… ça va ? demanda-t-il d’une voix douce.

Elias tourna la tête vers lui, son regard adouci.

— Oui, ça va. Enfin, je crois. J’en avais juste marre de les entendre dire des choses pareilles comme si ça ne comptait pas.

Gabriel hocha la tête, un sourire timide sur les lèvres.

— Ce que tu as fait… c’était important.

Elias sembla hésiter, mais il finit par sourire en retour.

— Merci, murmura-t-il.

La soirée continua dans une ambiance plus calme. Sofia mit un film pour détendre l’atmosphère, et Gabriel s’assit un peu plus près d’Elias, leur proximité réconfortante.

Alors que les premières images du film apparaissaient à l’écran, Gabriel se pencha légèrement pour murmurer à Elias :

— Tu sais… c’est aussi pour ça que je t’admire.

Elias tourna la tête vers lui, surpris.

— Pourquoi ?

Gabriel baissa les yeux, jouant nerveusement avec un coussin.

— Parce que tu défends ce en quoi tu crois, peu importe les conséquences.

Elias resta silencieux un moment avant de poser une main sur celle de Gabriel.

— Et toi, tu es ma force quand j’en ai besoin.

Leur échange resta suspendu dans l’air, doux et sincère, alors que le film continuait en arrière-plan. Ce moment, malgré les tensions qui l’avaient précédé, marquait un pas de plus dans leur relation naissante.

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