Chapitre 20

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Depuis leur confrontation à propos du suçon, Gabriel et Elias tentaient de recoller les morceaux. Les mots doux d’Elias avaient suffi à apaiser une partie des doutes de Gabriel, mais une ombre continuait de planer sur leur relation : Camille. Malgré les promesses d’Elias que tout cela appartenait au passé, sa présence constante dans leur cercle d’amis rouvrait des blessures à peine cicatrisées. Camille semblait omniprésente, et loin de se tenir en retrait, elle occupait toujours plus d’espace, comme si elle cherchait à tester la solidité du lien qui unissait Elias et Gabriel.

Lors de leur prochaine sortie en groupe, la plage baignait dans une lumière dorée, les vagues scintillant sous le soleil couchant. Camille, comme à son habitude, parvint à se placer stratégiquement à côté d’Elias. Pendant que le groupe riait et discutait, elle échangeait avec lui des blagues légères, ponctuées de rires sonores et d’éclats de voix qui semblaient vouloir capter toute l’attention. Gabriel, resté légèrement en retrait, observait la scène avec une irritation grandissante. Chaque sourire qu’Elias adressait à Camille lui donnait l’impression d’être exclu d’une complicité qu’il ne comprenait pas.

Sofia, assise à ses côtés, remarqua son trouble. Elle posa une main légère sur son bras, l’incitant à parler.

— Elle le fait exprès, murmura Gabriel, incapable de masquer son amertume.

Sofia haussa un sourcil, son expression à la fois attentive et prudente.

— Peut-être qu’elle teste les limites, répondit-elle doucement. Mais tu devrais lui parler. Ou mieux, en parler à Elias.

Gabriel hocha la tête sans vraiment répondre, les dents serrées. Il détestait l’idée de paraître jaloux ou possessif, mais la manière dont Camille cherchait à attirer Elias le mettait hors de lui. À la fin de la journée, alors que le groupe commençait à ranger ses affaires, Elias remarqua que Gabriel s’était isolé près du rivage, le regard perdu dans l’horizon.

Elias s’approcha, un air préoccupé sur le visage. Il s’assit à côté de Gabriel, les pieds s’enfonçant légèrement dans le sable humide.

— Qu’est-ce qui ne va pas ? demanda-t-il doucement, sa voix teintée de sincère inquiétude.

Gabriel tourna lentement la tête vers lui, ses yeux assombris par la frustration.

— Camille, lâcha-t-il sans détour. Elle te tourne autour comme si de rien n’était.

Elias soupira profondément, réalisant enfin à quel point la situation pesait sur Gabriel. Il passa une main dans ses cheveux, cherchant ses mots.

— Je vais lui parler, promit-il, sa voix ferme. Je te le dois.

Deux jours plus tard, Elias aborda Camille en privé, dans un coin tranquille après une autre sortie en groupe. Le soleil déclinant projetait des ombres longues autour d’eux, accentuant l’atmosphère tendue. Camille, un sourire légèrement provocateur aux lèvres, semblait parfaitement consciente de la raison pour laquelle Elias voulait lui parler.

— Camille, tu dois arrêter ça, déclara Elias d’une voix posée mais ferme. Je tiens à Gabriel, et je veux que tu respectes notre relation.

Camille haussa les épaules, comme si ses intentions étaient totalement innocentes.

— Arrêter quoi, exactement ? demanda-t-elle avec un sourire amusé. Je ne fais que plaisanter.

Elias croisa les bras, son regard se durcissant.

— Tu sais exactement de quoi je parle. Ce n’est pas drôle, Camille. Ça met Gabriel mal à l’aise, et ça complique tout.

Camille, visiblement vexée, perdit son sourire et força un air de compréhension.

— Très bien, répondit-elle en haussant légèrement les sourcils. Je ne pensais pas que c’était si grave, mais si ça vous dérange… je vais faire un effort.

Elias hocha la tête, bien que son intuition lui disait que cette promesse était superficielle. Après cette conversation, Camille adopta une attitude plus distante, mais son regard et son silence trahissaient une rancune latente, une tension qui ne disparaîtrait pas facilement.

Quelques jours plus tard, lors d’une nouvelle sortie en groupe, Camille profita d’un moment où ils étaient seuls pour aborder Elias. La plage, désormais familière, était plus calme cette fois, le bruit des vagues recouvrant les conversations lointaines du groupe. Camille, plus nerveuse qu’à l’accoutumée, détourna légèrement les yeux avant de se lancer.

— Elias, je dois te dire quelque chose, murmura-t-elle, le regard fixé sur ses pieds.

Elias, surpris par son ton sérieux, se tourna entièrement vers elle.

— Vas-y, je t’écoute, répondit-il calmement.

Camille prit une inspiration, ses mains serrées sur les bretelles de son sac.

— J’ai toujours eu des sentiments pour toi. Et… ces derniers temps, je ne peux pas m’empêcher de penser à nous. Je sais que tu es avec Gabriel, mais je devais te le dire.

Elias resta figé un moment, décontenancé. Il cligna des yeux, essayant de digérer ses mots.

— Camille… je suis désolé, mais Gabriel est celui que j’aime. Tu le sais, non ?

Elle força un sourire, mais ses yeux brillants trahissaient une profonde déception.

— Je sais, murmura-t-elle. Mais je devais quand même te le dire.

Elias hocha doucement la tête, cherchant les mots pour apaiser la tension. Cette conversation le troubla plus qu’il ne voulait l’admettre. Il ne voulait pas blesser Camille, mais il savait qu’il devait rester loyal envers Gabriel.

Malgré son apparente distance, Camille ne put s’empêcher de tenter de semer le trouble. Lors d’une sortie, elle s’arrangea pour se retrouver à proximité de Gabriel et lui glissa à l’oreille, d’un ton faussement innocent :

— Tu sais, Elias n’est pas du genre à se contenter d’une seule personne.

Gabriel se tourna vers elle, les sourcils froncés, mais il ne répondit rien. Pourtant, ses mots résonnaient en lui comme une alarme. Lors d’une autre rencontre, elle continua sur le même ton.

— Il m’a dit qu’il t’aimait, bien sûr, mais tu sais, parfois, on peut aimer deux personnes en même temps. Tu ne crois pas ?

Ces insinuations, bien que subtiles, firent leur chemin dans l’esprit de Gabriel. Un soir, incapable de contenir ses doutes, il confronta Elias.

— Qu’est-ce que Camille raconte ? lança-t-il brusquement. Est-ce que… est-ce que tu as encore des sentiments pour elle ?

Elias, choqué par la question, secoua immédiatement la tête.

— Non, jamais ! Pourquoi tu l’écoutes ? Gabriel, c’est toi que j’aime. Toi, et personne d’autre.

Apprenant ce que Camille avait fait, Elias décida d’agir. Il alla la voir pour couper définitivement les ponts.

— Camille, je ne peux plus continuer comme ça. Je tiens trop à Gabriel pour laisser tes jeux ruiner ce qu’on construit.

Camille, blessée et furieuse, tourna les talons sans un mot, disparaissant du groupe. Mais son impact avait laissé des traces.

Elias retrouva Gabriel, déterminé à réparer les dégâts. Ils s’assirent côte à côte dans le calme de la nuit, la lune éclairant leurs visages fatigués.

— Je suis désolé, murmura Elias. Je n’aurais jamais dû laisser tout ça aller aussi loin.

Gabriel, les yeux baissés, répondit doucement, sa voix encore empreinte de douleur :

— Je te crois, mais… ça va me prendre du temps pour oublier.

Elias hocha la tête, posant une main réconfortante sur celle de Gabriel.

— Je suis prêt à attendre, aussi longtemps qu’il faudra.

Ce soir-là, ils repartirent ensemble, plus proches mais encore fragiles. Leur relation avait survécu à cette tempête, mais ils savaient que le chemin vers une confiance totale serait long.

Gabriel, bien que soulagé par les récentes discussions avec Elias, continuait à ressentir une tension latente qui pesait sur son quotidien. Ses pensées tourbillonnaient sans cesse, oscillant entre les souvenirs des manipulations de Camille et la sincérité des mots d’Elias. Dans cette agitation intérieure, il trouvait de moins en moins l’énergie ou même l’envie de s’asseoir pour un repas. Le matin, il se contentait souvent d’un café à moitié terminé, préférant se perdre dans ses croquis plutôt que de préparer quelque chose.

Les jours où il mangeait en présence d’Elias ou de ses amis semblaient les seuls où il parvenait à renouer avec une certaine normalité. Pourtant, même dans ces moments, il évitait de prendre de grandes portions, jouant nerveusement avec sa fourchette ou cédant son assiette à moitié pleine sous prétexte d’un appétit "capricieux". Elias commençait à remarquer ces habitudes discrètes, mais répétées, sans oser encore les aborder directement, ne voulant pas mettre Gabriel davantage mal à l’aise.

Lorsqu’il était seul, Gabriel se perdait dans ses pensées, ses croquis ou ses écrans, oubliant parfois complètement de manger. Il se disait que ce n’était pas grave, qu’il rattraperait plus tard, mais ces promesses restaient souvent sans suite. Un soir, après avoir passé des heures à dessiner dans sa chambre, il réalisa qu’il n’avait rien mangé de la journée, son estomac criant famine. Pourtant, il se contenta de grignoter une pomme avant de retourner à son carnet.

Ce cycle devenait presque habituel, mais il n’y prêtait pas attention. Sa mère, parfois inquiète, lui faisait remarquer qu’il "fondait à vue d’œil", mais Gabriel haussait les épaules, convaincu que ce n’était qu’une phase. Seul Elias semblait deviner que ce trouble n’était pas seulement physique, mais émotionnel, lié aux pressions et aux insécurités qui le hantaient. Bien qu’il hésitât encore à en parler, il se promettait de trouver un moyen d’aider Gabriel à retrouver son équilibre, doucement mais sûrement.

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