Chapitre 26
Deux semaines après l’opération, Elias reçut enfin l’autorisation de quitter le centre. Mais lorsque le médecin lui annonça qu’il pouvait rentrer chez lui, son cœur se serra. L’idée de retrouver sa mère, après leur dispute explosive, lui était insupportable. Lorsqu’il en parla à Gabriel, sa décision était déjà prise.
— Gaby, je ne peux pas retourner chez elle. Pas maintenant, murmura-t-il, assis au bord de son lit.
Gabriel, bien que surpris, hocha doucement la tête.
— Tu veux rester chez moi ? demanda-t-il.
Elias hésita, sentant une pointe de gêne à l’idée d’imposer sa présence. Mais Gabriel ne lui laissa pas le temps de s’inquiéter.
— Bien sûr que tu peux. Je vais arranger ma chambre pour que tu sois à l’aise, ajouta-t-il avec un sourire.
Elias sentit une vague de soulagement l’envahir.
— Merci, Gaby. Merci de tout cœur, murmura-t-il, sa voix emplie de gratitude.
Gabriel passa la journée avant l’arrivée d’Elias à réorganiser son petit appartement. Il transforma un coin de sa chambre en un espace accessible et dégagé pour qu’Elias puisse s’y déplacer facilement. Des meubles furent déplacés, des tapis retirés, et il étiqueta même certains objets avec des textures différentes pour aider Elias à les identifier.
Lorsque Elias arriva, il posa timidement ses affaires à l’entrée.
— C’est… plus spacieux que ce que j’imaginais, plaisanta-t-il, cherchant à alléger l’atmosphère.
Gabriel sourit et lui prit doucement la main pour le guider.
— Tu verras, ça va vite devenir chez toi aussi, dit-il.
Elias fit lentement le tour de la pièce, effleurant les meubles pour en mémoriser les contours. Bien qu’il se sente encore maladroit, il trouva un certain réconfort dans l’atmosphère chaleureuse que Gabriel avait créée.
La cohabitation, bien qu’agréable, n’était pas sans défis. Elias, habitué à l’environnement du centre, avait du mal à s’adapter à ce nouvel espace, et chaque erreur – heurter une chaise, renverser un verre – le plongeait dans une frustration croissante.
Un soir, après avoir accidentellement fait tomber une assiette, il s’assit lourdement sur le canapé, les mains tremblant légèrement.
— Je suis désolé, murmura-t-il.
Gabriel s’agenouilla devant lui, ramassant les morceaux brisés.
— Ce n’est rien, Elias. C’est juste une assiette, répondit-il doucement.
Mais Elias secoua la tête.
— Ce n’est pas qu’une assiette, Gaby. C’est tout. Tout est plus difficile, tout me rappelle que je suis… inutile, dit-il, la voix brisée par l’émotion.
Gabriel posa une main ferme mais rassurante sur son genou.
— Elias, tu n’es pas inutile. Tu es en train d’apprendre, et c’est normal que ce soit dur. Mais tu es loin d’être seul.
Elias leva la tête, bien que son regard reste vide, et hocha doucement la tête.
Cette nuit-là, alors qu’ils étaient allongés dans la chambre, Elias brisa le silence.
— Gaby, pourquoi tu fais tout ça pour moi ? demanda-t-il, sa voix hésitante.
Gabriel tourna la tête vers lui, ses yeux brillants d’émotion.
— Parce que je t’aime, Elias. Pas parce que je me sens obligé, mais parce que je le veux, répondit-il sincèrement.
Elias resta silencieux un instant, digérant ces mots.
— Et si je ne deviens jamais… normal ? murmura-t-il enfin.
Gabriel se redressa légèrement, prenant la main d’Elias dans la sienne.
— Tu es déjà normal, Elias. Peu importe ce que tu vois ou ce que tu ne vois pas, tu es toi. Et c’est tout ce qui compte pour moi.
Au fil des jours, une routine se mit en place. Gabriel apprit à équilibrer son rôle de soutien et à laisser Elias gagner en autonomie. Elias, bien que toujours marqué par sa cécité, trouva peu à peu des moyens de s’adapter, aidé par les encouragements constants de Gabriel.
Un après-midi, alors qu’ils partageaient un moment calme sur le canapé, Elias tourna la tête vers Gabriel.
— Merci de ne pas m’avoir laissé tomber, dit-il doucement.
Gabriel sourit et passa un bras autour de ses épaules.
— Je t’ai dit, Elias. Je ne vais nulle part.
Sous ce nouveau toit, bien que les défis restent nombreux, Elias et Gabriel apprirent à construire un quotidien qui leur appartenait, fait de rires, de soutien, et d’un amour qui ne cessait de grandir malgré les épreuves.
Les jours passèrent, et avec eux, Elias et Gabriel trouvèrent un rythme de vie apaisant dans leur cohabitation. Chaque geste, chaque sourire échangé renforçait leur complicité, et une certaine tension douce mais palpable s’installait entre eux. Un soir, alors qu’ils étaient assis sur le canapé, un film tournant en arrière-plan, Gabriel sentit la main d’Elias effleurer la sienne.
Elias, un peu hésitant, tourna légèrement la tête vers lui.
— Gaby… murmura-t-il, sa voix à peine audible.
Gabriel sentit son cœur s’accélérer, mais il garda son calme.
— Oui ? répondit-il doucement, se penchant légèrement pour capter son expression.
— Tu es si… patient avec moi. Je ne sais pas comment tu fais, avoua Elias, un sourire nerveux jouant sur ses lèvres.
Gabriel attrapa doucement la main d’Elias, ses doigts entrelaçant les siens avec une tendresse infinie.
— Ce n’est pas une question de patience, Elias. C’est juste… toi, répondit-il, ses joues légèrement rosies.
Le silence qui suivit n’était pas gênant, mais chargé d’une chaleur particulière. Gabriel se rapprocha un peu plus, et Elias, bien qu’hésitant, n’émit aucune objection.
— Gaby… tu sais que je… commença Elias, sa voix tremblante.
— Je sais, coupa Gabriel doucement. Moi aussi.
Leurs visages se rapprochèrent lentement, et Gabriel déposa un baiser léger sur les lèvres d’Elias. Ce fut un contact doux, presque incertain, mais qui fit naître une chaleur intense dans leurs cœurs.
Le baiser se prolongea timidement, et Elias se laissa aller, oubliant pour un instant ses peurs et ses doutes. Gabriel, attentif, plaça une main sur la joue d’Elias, effleurant sa peau avec une délicatesse presque irréelle.
— Si ça te met mal à l’aise, dis-le-moi, murmura Gabriel, ses lèvres effleurant celles d’Elias.
Elias secoua doucement la tête, un léger sourire se dessinant sur son visage.
— Non… Je veux ça, répondit-il, sa voix trahissant une sincérité profonde.
Gabriel hocha la tête, posant un baiser plus appuyé cette fois. Ses mains glissèrent sur les épaules d’Elias, et il sentit celui-ci se détendre sous son toucher, s’abandonnant à ce moment qu’ils partageaient.
Leur proximité devint un peu plus intense. Gabriel laissa ses doigts glisser doucement le long des bras d’Elias, explorant sans précipitation, tandis qu’Elias, bien qu’un peu maladroit, chercha timidement à répondre à ses gestes.
— Je ne sais pas vraiment… comment faire, avoua Elias dans un souffle, son visage rougi par l’embarras.
Gabriel sourit doucement, caressant sa joue.
— Tu n’as pas besoin de savoir. On a tout notre temps, dit-il, sa voix empreinte de douceur.
Leur échange, bien que lent et hésitant, était empreint de respect et de tendresse. Chaque geste, chaque contact semblait chargé de sens, leur permettant de découvrir une facette encore plus intime de leur relation.
Ils passèrent une bonne partie de la soirée à s’explorer doucement, leur proximité renforçant le lien déjà profond qui les unissait. Gabriel veillait à ce qu’Elias se sente à l’aise, lui laissant toujours la possibilité de ralentir ou de s’arrêter.
Finalement, après ce moment d’intimité, ils s’étendirent côte à côte sur le canapé, Elias blotti contre Gabriel, sa tête reposant sur son épaule.
— Merci de ne pas me presser, murmura Elias, sa voix empreinte d’une sincérité palpable.
— Je veux que tout soit parfait pour toi, répondit Gabriel en déposant un dernier baiser sur le front d’Elias.
Ce soir-là, leur relation franchit une nouvelle étape, marquée par une confiance et une affection mutuelles qui ne faisaient que grandir.
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