Chapitre 27
Le salon de Gabriel était baigné dans une lumière tamisée, les bougies allumées sur la table basse diffusant une douce chaleur. Le parfum subtil de cannelle flottait dans l’air, émanant d’un diffuseur posé sur une étagère. Elias était assis sur le canapé, ses doigts effleurant nerveusement le bord d’un coussin. Depuis qu’il avait perdu la vue, ses gestes étaient devenus plus tactiles, cherchant à compenser ce que ses yeux ne pouvaient plus lui offrir.
Gabriel, debout à côté de lui, ajustait les coussins et disposait des verres sur la table basse. Bien qu’il essayât de paraître détendu, ses mouvements trahissaient une certaine nervosité. De temps en temps, son regard glissait vers Elias, veillant à ce qu’il ne se sente pas trop anxieux.
— Tu es sûr de vouloir leur dire ? murmura Gabriel en posant une main réconfortante sur son épaule.
Elias hocha la tête, un sourire nerveux sur le visage.
— Oui. Ils méritent de savoir.
Les éclats de voix et les rires familiers résonnèrent bientôt dans le couloir. Sofia entra la première, rayonnante comme toujours, avec une guitare en bandoulière. Elle portait une robe bohème à motifs floraux, ses cheveux bouclés encadrant son visage enjoué.
— Salut, la team ! lança-t-elle joyeusement.
Léon suivit derrière, un livre à la main. Il portait une veste en cuir noire légèrement usée et un jean délavé. En posant son livre sur le rebord d’une étagère, il lança :
— J’espère que vous avez prévu quelque chose d’intéressant. J’ai laissé Le Maître et Marguerite pour venir ici.
Gabriel roula des yeux, amusé malgré lui.
— Toujours aussi dramatique, Léon, répliqua-t-il en secouant la tête.
Camille entra discrètement, vêtue d’un pull beige oversize et d’un jean, ses lunettes glissant légèrement sur son nez. Enfin, Amara ferma la marche, un sourire maladroit sur le visage. Ses gestes trahissaient une certaine nervosité qu’elle essayait de masquer.
La soirée avait à peine commencé qu’Amara, assise près de la fenêtre, prit une profonde inspiration.
— Elias, Gabriel… je dois vous dire quelque chose, commença-t-elle, sa voix légèrement tremblante.
Elias tourna la tête vers elle, ses mains se crispant légèrement sur le coussin qu’il tenait.
— Je t’écoute, répondit-il calmement.
— Je voulais m’excuser pour ce que j’ai dit chez Sofia, avoua-t-elle. C’était stupide et blessant. Je ne sais pas ce qui m’a pris, mais je veux que vous sachiez que je regrette sincèrement.
Léon, qui était resté silencieux jusque-là, posa son livre à côté de lui et se redressa.
— Moi aussi, dit-il d’un ton grave. Ce que j’ai dit ce soir-là était complètement idiot. Je pensais que c’était drôle, mais… ce n’était rien d’autre que de la bêtise.
Elias prit une profonde inspiration, ses lèvres se pinçant légèrement.
— Ce genre de remarques, Amara, Léon… ça reste, murmura-t-il, sa voix tremblante mais maîtrisée. Ça fait mal, surtout venant de vous.
Amara hocha la tête, visiblement émue.
— Je sais, Elias. Et je promets que ça ne se reproduira jamais.
Léon, quant à lui, baissa la tête, son expression sincèrement désolée.
— Je comprends si tu ne peux pas me pardonner, dit-il doucement. Mais je veux que tu saches que je ferai tout pour être un meilleur ami.
Après un long moment de silence, Elias hocha la tête.
— D’accord. Mais ça prendra du temps, répondit-il calmement.
Lorsque l’atmosphère se détendit un peu, Gabriel prit la parole.
— Elias et moi avons quelque chose à vous dire, annonça-t-il, sa voix légèrement tremblante.
Tous les regards se tournèrent vers eux. Elias, bien qu’il ne puisse pas voir leurs réactions, sentit leur attention sur lui. Il chercha la main de Gabriel, qu’il trouva après quelques tâtonnements.
— Je suis amoureux de Gaby. Depuis longtemps. Et… maintenant, on est ensemble, dit-il, sa voix teintée d’une détermination timide.
Un silence accueillit sa déclaration avant que Sofia ne se redresse avec un sourire éclatant.
— Enfin ! Vous êtes tellement adorables ensemble, dit-elle en applaudissant doucement.
Camille hocha la tête, un sourire sincère éclairant son visage.
— Vous êtes heureux, et c’est tout ce qui compte, murmura-t-elle.
Léon, bien que visiblement embarrassé par ses remarques passées, esquissa un léger sourire.
— Vous allez bien ensemble. Et je suis content pour vous, dit-il avec une sincérité palpable.
Amara, assise près de la fenêtre, essuya discrètement une larme avant d’ajouter :
— Vous méritez tout le bonheur du monde. Et encore désolée… pour tout, murmura-t-elle.
Alors que la soirée avançait, les rires et les discussions légères remplirent à nouveau la pièce. Sofia joua quelques accords à la guitare, tandis que Léon, dans un geste presque symbolique, reprit son livre et marmonna :
— Pas aussi captivant que ma lecture, mais pas loin, plaisanta-t-il, ce qui fit rire Elias.
Amara s’impliqua davantage dans la conversation, s’efforçant de rattraper ses erreurs, et Camille resta attentive, comme un pilier silencieux mais rassurant.
Lorsque leurs amis partirent, Gabriel aida Elias à s’installer sur le canapé, un sourire apaisé sur les lèvres.
— Tu te sens mieux ? demanda-t-il doucement.
Elias hocha la tête, un léger sourire éclairant son visage.
— Oui. Merci, Gaby. Merci d’être là, murmura-t-il.
Gabriel, passant un bras autour de ses épaules, déposa un baiser léger sur sa tempe.
— Toujours, répondit-il simplement.
Dans la chaleur de leur appartement, Elias sentit que, malgré les épreuves, il avait trouvé un équilibre précieux entouré d’amis qui, malgré leurs erreurs, cherchaient à mieux le comprendre.
Alors que la soirée touchait à sa fin, Sofia, toujours pleine d’idées pour détendre l’atmosphère, se redressa avec un sourire malicieux.
— Bon, avant qu’on parte, j’ai une idée. On joue à "Anecdote : vrai ou faux" ! Vous savez, chacun raconte une histoire, et on doit deviner si c’est vrai ou inventé, lança-t-elle avec enthousiasme.
Léon posa son livre sur ses genoux, un sourire amusé sur le visage.
— Sérieusement ? On est censés croire que tes anecdotes extravagantes sont réelles ? répliqua-t-il.
— Tais-toi, Léon. Tu verras bien, répondit Sofia en riant.
Amara, bien qu’un peu réticente au début, finit par hocher la tête.
— Pourquoi pas ? Ça peut être drôle, dit-elle en croisant les jambes sur la chaise.
Gabriel posa une main sur l’épaule d’Elias, lui murmurant doucement à l’oreille :
— Ça te tente ?
Elias hocha la tête avec un sourire léger.
— Oui, ça pourrait être sympa.
Sofia commença en racontant une histoire abracadabrante sur le jour où elle avait, selon ses dires, confondu un mannequin dans une vitrine avec une vraie personne et lui avait parlé pendant cinq minutes.
— Vrai ou faux ? demanda-t-elle avec un sourire narquois.
Camille éclata de rire.
— C’est totalement vrai. C’est toi tout craché, Sofia !
— Faux ! répondit Léon, sûr de lui. Je refuse de croire que quelqu’un puisse être aussi distrait.
Sofia éclata de rire et leva la main.
— C’est vrai ! Et oui, je suis distraite, Léon, accepte-le, dit-elle en riant.
Le groupe éclata de rire, et l’ambiance devint plus légère à mesure que les anecdotes s’enchaînaient.
Quand ce fut le tour de Gabriel, il raconta une anecdote étonnante sur le jour où il aurait sauté dans un lac gelé pour sauver un chien.
— C’est totalement faux ! s’exclama Léon. Tu détestes l’eau froide.
— Attends… Gabriel est du genre à faire ça, je dirais vrai, murmura Elias, un sourire sur les lèvres.
Gabriel haussa un sourcil, impressionné.
— Bravo, Elias. C’est vrai. Et oui, Léon, j’ai survécu à l’eau froide, répliqua-t-il avec un sourire amusé.
Elias, bien que légèrement mal à l’aise de ne pas pouvoir voir les réactions de ses amis, appréciait l’ambiance détendue. Les rires et les voix autour de lui créaient un cocon chaleureux dans lequel il se sentait en sécurité.
Léon, toujours moqueur, se lança dans une anecdote sur le jour où il aurait volé un vélo pour échapper à un chien enragé.
— Faux, décréta Amara, les bras croisés. Tu ne ferais jamais ça.
— Vrai ! Léon ferait n’importe quoi pour ne pas courir, plaisanta Sofia.
Léon éclata de rire.
— Faux. Je n’ai jamais volé de vélo… mais j’y ai pensé sérieusement, admit-il en secouant la tête.
Les rires éclatèrent à nouveau, remplissant la pièce d’une chaleur réconfortante.
Quand ce fut au tour d’Elias, il raconta une histoire simple mais émouvante sur le jour où Gabriel l’avait aidé à surmonter sa peur de la scène lors d’une présentation importante.
— Vrai, dit Camille sans hésiter, ses yeux brillants de douceur.
— Totalement vrai, ajouta Sofia avec un sourire.
Gabriel hocha la tête, un sourire timide sur les lèvres.
— C’est vrai. Et tu as été incroyable ce jour-là, Elias, murmura-t-il, posant une main sur son épaule.
Le silence qui suivit était chargé d’émotion, mais personne ne chercha à le briser.
Lorsque le jeu prit fin, Sofia se leva en s’étirant.
— Bon, c’était une super soirée. Merci pour l’invitation, les gars, dit-elle avec un sourire.
Léon récupéra son livre et Camille ramassa ses affaires, tandis qu’Amara s’approcha timidement d’Elias.
— Merci pour ce moment, Elias. Et… encore désolée pour tout, dit-elle doucement.
Elias hocha la tête, un sourire sincère sur le visage.
— Merci à vous d’être venus.
Lorsque la porte se referma derrière leurs amis, Gabriel guida Elias vers le canapé, où ils s’assirent côte à côte.
— C’était bien, murmura Elias. Merci de m’avoir convaincu de leur parler.
Gabriel passa un bras autour de ses épaules, un sourire tendre éclairant son visage.
— Je suis fier de toi, Elias.
Dans la douceur de leur appartement désormais silencieux, ils profitèrent de ce moment de paix, renforcés par la complicité retrouvée avec leurs amis.
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