Chapitre 29

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La lampe de chevet diffusait une lumière douce, baignant la pièce d’une chaleur réconfortante. Elias, allongé sur le canapé, écoutait attentivement la voix apaisante de Gabriel qui lisait un passage intense du livre qu’ils avaient commencé ensemble. Les mots s’enchaînaient, peignant des images vives dans l’esprit d’Elias, lui permettant de s’évader de sa réalité pour quelques instants.

— Tu es vraiment doué pour lire, murmura Elias, un sourire discret éclairant son visage.

— C’est parce que j’ai le meilleur public, répondit Gabriel avec un clin d’œil, bien qu’il sache qu’Elias ne pouvait pas le voir.

Il reprit la lecture, mais avant de finir la page, une vibration légère coupa sa voix. Gabriel posa le livre sur la table et attrapa son téléphone, fronçant les sourcils en voyant le nom s’afficher à l’écran.

— C’est ta mère, murmura-t-il.

Elias se figea un instant, ses doigts jouant nerveusement avec le bord du plaid.

— Réponds, dit-il finalement, sa voix calme mais teintée d’émotion.

Gabriel décrocha l’appel, activant le haut-parleur pour permettre à Elias de suivre la conversation. La voix de sa mère, douce mais teintée d’hésitation, emplit la pièce.

— Gabriel, c’est moi, dit-elle. Je voulais savoir comment va Elias.

Gabriel jeta un coup d’œil vers Elias, qui hocha légèrement la tête, lui donnant la permission de répondre.

— Il va bien, répondit Gabriel d’un ton calme. Il est ici, avec moi.

Un silence s’installa, comme si les mots peinaient à venir. Finalement, la mère d’Elias reprit, sa voix tremblante.

— Elias, mon chéri… Je sais que tu es en colère contre moi. Mais je veux que tu saches que je pense à toi tout le temps.

Elias inspira profondément, ses doigts se crispant sur le plaid posé sur ses genoux.

— Penser à moi, c’est une chose, maman. Mais ça ne change pas ce que tu as fait, répondit-il d’un ton neutre mais chargé d’émotion.

— Je n’ai jamais voulu te faire de mal, Elias. Tout ce que j’ai fait, je l’ai fait pour toi, tenta-t-elle de justifier.

— Pour moi ? répéta Elias, une pointe d’amertume dans la voix. M’obliger à faire cette opération, même quand je n’étais pas prêt, c’était pour moi ?

Sa mère resta silencieuse un instant, et Elias continua, sa voix montant légèrement.

— Tu ne m’as jamais écouté, maman. J’avais peur, et au lieu de me soutenir, tu m’as poussé à prendre une décision que je ne voulais pas.

— Je pensais… Je pensais que c’était ce qu’il fallait faire, Elias. Je ne voulais pas te voir souffrir, répondit-elle d’une voix brisée.

Elias secoua doucement la tête, bien qu’elle ne puisse le voir.

— Et regarde où ça m’a mené. Je suis aveugle, maman. Complètement. Et tout ça pour quoi ? Parce que tu avais peur pour moi ? Parce que tu ne voulais pas voir mon handicap ?

Un sanglot se fit entendre de l’autre côté de la ligne.

— Je suis désolée, Elias. Je ne savais pas… Je ne savais pas quoi faire, avoua-t-elle enfin.

Elias, malgré sa colère, sentit une pointe de compassion pour sa mère. Mais la douleur qu’il portait en lui était trop récente pour qu’il puisse la laisser passer si facilement.

— Désolé, ça ne suffit pas, murmura-t-il, sa voix tremblant légèrement. J’ai besoin que tu comprennes ce que tu m’as fait subir. Ce n’est pas quelque chose qu’on peut réparer avec des excuses.

— Je veux essayer, Elias. Je veux que tu me laisses essayer, dit-elle, presque suppliant.

Gabriel, jusque-là silencieux, posa une main sur l’épaule d’Elias pour lui offrir un soutien muet. Elias prit une profonde inspiration avant de répondre.

— Je ne sais pas si je peux, pas tout de suite. Mais… merci d’avoir appelé, maman, finit-il par dire, sa voix s’adoucissant légèrement.

Un silence s’installa à nouveau, avant que sa mère ne prenne la parole, sa voix à peine audible.

— Je t’aime, Elias. Même si je ne suis pas parfaite, je t’aime plus que tout au monde.

Elias serra les dents, son cœur partagé entre colère et tristesse.

— Moi aussi… Mais ce n’est pas suffisant pour réparer ce qui a été brisé, murmura-t-il avant que Gabriel mette fin à l’appel d’un geste discret.

Après un moment de silence, Gabriel posa doucement une main sur celle d’Elias.

— Ça va ? demanda-t-il doucement.

Elias hocha légèrement la tête, bien que son visage restât tendu.

— Oui, je crois. Merci d’avoir été là, murmura-t-il.

Pour alléger l’atmosphère, Gabriel attrapa le livre et sourit.

— Et si on reprenait la lecture ? Ou mieux, si on jouait un peu ? proposa-t-il.

Elias haussa un sourcil, intrigué.

— Jouer ? Quel genre de jeu ?

— Je te donne un indice, et tu devines ce qui va se passer ensuite dans le chapitre. Ça te tente ?

Elias rit doucement, sa tension s’évaporant peu à peu.

— D’accord. Mais je suis nul pour deviner, prévint-il.

Le jeu improvisé s’avéra plus amusant qu’ils ne l’avaient imaginé. Chaque réponse d’Elias déclenchait des éclats de rire ou des débats animés, et peu à peu, l’atmosphère pesante de l’appel disparut complètement.

— Alors, qu’est-ce que le héros va faire avec son dilemme moral ? demanda Gabriel avec un sourire espiègle.

— Il choisit de sauver la personne qu’il aime, mais ça a un prix, répondit Elias, son sourire s’élargissant.

Gabriel hocha la tête, impressionné.

— Tu es bien meilleur que tu ne le crois, répondit-il doucement avant de poser le livre.

Ensemble, ils se dirigèrent vers la chambre, un sourire léger éclairant leurs visages. Malgré les blessures récentes, ce moment partagé leur rappelait que, tant qu’ils se soutenaient, ils pouvaient surmonter n’importe quoi.

Gabriel, toujours agenouillé devant Elias, resserra doucement sa prise sur ses mains, comme pour s’assurer qu’il captait toute son attention. Ses yeux brillaient d’une sincérité presque désarmante alors qu’il commençait à parler.

— Elias, tu sais, j’ai peut-être que 17 ans, mais je suis sûr d’une chose : tu es l’amour de ma vie. Peu importe ce que l’avenir nous réserve, je sais que c’est toi avec qui je veux le construire, dit-il, sa voix calme mais empreinte d’une détermination inébranlable.

Elias ouvrit la bouche pour répondre, mais Gabriel continua, sa voix devenant plus douce.

— Je veux qu’on ait une vie ensemble, Elias. Un jour, on aura notre propre appartement, avec une cuisine où tu pourras te plaindre que je ne sais pas cuisiner et une chambre où je devrai sans doute te convaincre de ne pas travailler trop tard.

Elias rit légèrement, malgré les larmes qui continuaient de glisser sur ses joues.

Gabriel esquissa un sourire et poursuivit, son ton devenant plus rêveur.

— Et tu sais quoi ? Peut-être qu’un jour, on aura des enfants. Pas forcément biologiques, peut-être qu’on en adoptera. Mais je veux qu’on partage ce genre d’amour, qu’on construise une famille à nous, dit-il, ses joues rougissant légèrement à l’idée.

Elias resta silencieux, mais Gabriel sentit la tension dans son corps se relâcher un peu.

— J’aimerais qu’ils te ressemblent, continua Gabriel avec un sourire. Qu’ils soient aussi courageux, aussi sensibles et aussi brillants que toi.

Cette fois, Elias ne put retenir un sanglot, un mélange d’émotion brute et de gratitude.

Gabriel se releva doucement pour s’asseoir à côté d’Elias, gardant une main sur la sienne.

— Tu n’es pas un obstacle à mon avenir, Elias. Tu es mon avenir, dit-il avec une tendresse infinie.

Il tourna la tête pour regarder Elias, même si celui-ci ne pouvait pas le voir, espérant que ses mots franchiraient toutes les barrières que ce dernier avait érigées autour de son cœur.

— Ce que je ressens pour toi, ça ne va pas disparaître. Pas demain, pas dans un an, pas dans dix ans. Peu importe les épreuves, je serai là, Elias.

Elias hocha légèrement la tête, ses mains serrant celles de Gabriel comme si elles étaient la seule chose qui l’empêchait de sombrer dans ses propres doutes.

— Je veux te croire, murmura-t-il, sa voix tremblant encore sous le poids de ses émotions.

— Alors crois-moi, répondit Gabriel en caressant doucement sa joue. On ne peut pas tout contrôler, mais ce qu’on peut faire, c’est construire notre avenir ensemble, un jour à la fois.

Elias prit une profonde inspiration, ses lèvres esquissant un sourire fragile.

— Merci, Gaby. Je… je ne sais pas où je serais sans toi, avoua-t-il, sa voix chargée de gratitude.

Gabriel posa son front contre celui d’Elias, fermant les yeux un instant.

— Tu n’as pas à te poser cette question, parce que je suis là. Et je serai toujours là, répondit-il doucement.

Ils restèrent ainsi quelques instants, leurs respirations se mêlant, avant que Gabriel murmure :

— On a tout le temps devant nous, Elias. Et je promets que je ferai tout pour te rendre heureux.

Dans ce moment suspendu, les craintes d’Elias commencèrent à s’effacer, remplacées par une lumière nouvelle : celle d’un avenir possible, construit avec l’amour et la force de Gabriel.

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