Chapitre 32

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Gabriel débordait d’excitation alors qu’il faisait les cent pas dans le salon, cherchant le moment parfait pour annoncer la nouvelle à Elias. Ce dernier, assis sur le canapé, jouait distraitement avec une étiquette de coussin, perdu dans ses pensées.

— Elias, tu ne vas pas le croire, mais dans quatre jours, une pluie de météorites est attendue. Ça promet d’être spectaculaire ! s’exclama Gabriel, un sourire illuminant son visage.

Elias releva légèrement la tête, ses lèvres se pinçant dans une moue amère.

— Génial, répondit-il, sa voix monotone. C’est pas comme si je pouvais les voir, de toute façon.

Gabriel sentit son enthousiasme vaciller face à la remarque d’Elias, mais il ne se laissa pas abattre.

— Je sais que tu ne peux pas les voir, Elias, mais tu peux les sentir autrement. Je serai là pour te les décrire. Et ce sera encore plus magique, promis, insista-t-il, sa voix emplie de douceur et de détermination.

Elias hésita un moment, puis poussa un léger soupir.

— D’accord, capitula-t-il finalement. Mais c’est toi qui m’expliques tout. Chaque détail.

Gabriel hocha la tête avec un sourire victorieux.

— Deal.

Quelques heures plus tard, Gabriel convainquit Elias de l’accompagner faire du shopping, une activité qui, d’ordinaire, n’intéressait pas le jeune homme. Marcher dans les allées des boutiques bondées lui donnait un sentiment de désorientation, et il se sentait souvent comme un intrus dans ce monde de couleurs et de textures qu’il ne pouvait plus voir.

— Je ne sais pas, Gaby. Je ne me sens pas à ma place ici, murmura Elias, sa main se crispant légèrement sur le bras de Gabriel.

Gabriel s’arrêta devant un rayon rempli de vêtements aux motifs variés. Il attrapa un pull et le plaça doucement entre les mains d’Elias.

— Tu sais quoi ? Laisse-moi te raconter l’histoire de ce pull, dit-il, un sourire malicieux sur les lèvres.

Elias fronça les sourcils, intrigué malgré lui.

— Une histoire ?

— Oui. Regarde — enfin, touche. Ce pull, c’est comme une aventure dans une forêt enchantée. Tu sens les mailles épaisses ? Elles ressemblent à des branches entrelacées, et les petites taches ici, c’est comme si des lucioles s’y étaient posées, expliqua Gabriel avec enthousiasme.

Elias sourit légèrement, ses doigts suivant les mailles du pull avec plus d’intérêt.

— Et celui-là ? demanda-t-il en pointant un autre vêtement que Gabriel venait de lui passer.

Gabriel se pencha vers lui.

— Celui-ci, c’est une mer d’étoiles. Les petites perles brodées sont comme des constellations. Si tu le portes, tu deviens le centre de l’univers, répondit-il, sa voix presque poétique.

Peu à peu, Elias sentit la tension en lui se dissiper. Les descriptions de Gabriel transformaient ces vêtements ordinaires en merveilles, et il se surprit à rire de ses interprétations parfois farfelues.

— Tu es vraiment doué pour ça, Gaby, murmura-t-il, un sourire sincère éclairant enfin son visage.

Alors qu’ils quittaient une boutique, une voix familière les interpella.

— Elias ? Gabriel ?

Elias se figea en entendant la voix de sa mère. Gabriel, sentant le corps de son compagnon se tendre, posa doucement une main sur son épaule.

— Bonjour, madame, répondit Gabriel avec politesse.

La mère d’Elias, visiblement émue, fit un pas vers eux, mais elle s’arrêta en voyant la réaction de son fils. Elias tourna légèrement la tête, évitant de faire face à sa direction.

— Elias, je suis contente de te voir. Je voulais… Je voulais te parler, murmura-t-elle, sa voix emplie d’une hésitation presque douloureuse.

Elias serra les poings, son visage trahissant un mélange de colère et de tristesse.

— Parler ? Pour dire quoi ? Que tu regrettes ? Que tu as fait ça pour moi ? C’est déjà ce que tu as dit, maman, répondit-il d’une voix froide.

Sa mère baissa la tête, ses yeux brillant de larmes retenues.

— Je sais que je t’ai blessé. Et je ne m’attends pas à ce que tu me pardonnes, pas tout de suite. Mais je veux que tu saches que je suis désolée. Vraiment.

Elias inspira profondément, cherchant à contenir les émotions qui menaçaient de le submerger.

— Peut-être que je te pardonnerai un jour. Mais pas maintenant. Je ne suis pas prêt, dit-il finalement, sa voix tremblante mais déterminée.

Sa mère hocha lentement la tête, comprenant que pousser davantage ne ferait qu’empirer les choses.

— Je comprends, murmura-t-elle avant de s’éloigner, son pas lent et hésitant.

Gabriel, resté silencieux pendant tout l’échange, resserra légèrement son emprise sur le bras d’Elias.

— Ça va ? demanda-t-il doucement.

Elias hocha la tête, bien que son expression reste fermée.

— Oui. Merci d’être là, murmura-t-il.

Gabriel sourit doucement, le guidant hors du centre commercial.

— Toujours, répondit-il.

Alors qu’ils marchaient côte à côte, Elias sentit qu’il avait encore beaucoup à surmonter. Mais avec Gabriel à ses côtés, il savait qu’il n’était pas seul.

Le soleil commençait à peine à se lever, teintant l’horizon de nuances d’or et de rose. Gabriel, bien réveillé, sautillait presque d’impatience dans l’entrée, vérifiant pour la troisième fois que tout était prêt pour la journée. Elias, encore un peu endormi, descendit lentement les escaliers, sa main glissant sur la rambarde.

— Gaby, je te jure que si tu m’as réveillé si tôt pour quelque chose de banal, je vais te faire payer, plaisanta Elias, bien que sa voix trahisse une pointe de curiosité.

Gabriel se retourna avec un sourire éclatant, ses yeux pétillant d’excitation.

— Fais-moi confiance, Elias. Aujourd’hui, c’est tout sauf banal, dit-il en attrapant doucement la main d’Elias pour le guider.

Elias leva un sourcil, amusé malgré lui.

— Tu sais que chaque fois que tu dis ça, il se passe quelque chose de totalement fou, murmura-t-il.

Gabriel rit doucement et ouvrit la porte d’un geste théâtral.

— Eh bien, prépare-toi, parce que cette fois, ça va dépasser toutes tes attentes.

Le trajet jusqu’au centre de parachutisme fut ponctué de conversations légères. Gabriel décrivait le paysage avec une telle précision qu’Elias pouvait presque le voir dans son esprit. Les champs s’étendaient à perte de vue, parsemés de fermes et de petites collines, et le ciel semblait sans limite.

— Tu es sûr que ça vaut tout ce suspense ? demanda Elias, feignant l’impatience.

— Oh, complètement. Fais-moi confiance, répondit Gabriel, un sourire audible dans sa voix.

Lorsqu’ils arrivèrent, Gabriel guida Elias hors de la voiture, prenant soin de décrire l’environnement.

— On est sur une sorte de petite piste. À droite, il y a un avion, pas très grand mais parfait pour nous. Et à gauche, quelques personnes qui s’entraînent avec des harnais, expliqua Gabriel.

Elias inspira profondément, un mélange d’appréhension et d’excitation montant en lui.

— J’ai l’impression que tu as vraiment tout planifié, murmura-t-il, impressionné.

Gabriel passa un bras autour de ses épaules.

— Évidemment. Je voulais que ce soit parfait pour toi.

Le duo fut accueilli par un instructeur qui débordait d’énergie et de bonne humeur. Gabriel traduisit avec enthousiasme les explications sur les consignes de sécurité et le déroulement du saut.

— Alors, Elias, tu seras attaché à cet harnais, qui est relié à l’instructeur. Tu n’auras rien à faire à part profiter. L’instructeur s’occupe de tout, expliqua Gabriel, en prenant soin de décrire chaque pièce de l’équipement.

Elias fronça légèrement les sourcils.

— Et si je panique ? demanda-t-il, sa voix légèrement tremblante.

Gabriel posa une main rassurante sur son bras.

— Tu ne paniqueras pas. Et même si tu le fais, je serai juste derrière toi. Tout va bien se passer, je te le promets, dit-il doucement.

Alors qu’on ajustait le harnais sur Elias, celui-ci passa ses mains sur les sangles, essayant de s’habituer à la sensation. Gabriel, quant à lui, ne le quittait pas des yeux, prêt à intervenir au moindre signe de détresse.

L’avion était petit mais confortable, son intérieur bourdonnant du bruit des moteurs. Elias s’installa à côté de son instructeur, tandis que Gabriel était assis non loin, son sourire rassurant toujours visible.

— On monte doucement, Elias. Le paysage est incroyable. Les champs ressemblent à des patchworks, et le ciel est complètement dégagé, dit Gabriel pour apaiser Elias.

Elias hocha la tête, serrant légèrement les sangles de son harnais.

— Ça semble si irréel, murmura-t-il.

— C’est exactement ça, répondit Gabriel. Et ça ne fait que commencer.

Quand l’avion atteignit l’altitude prévue, l’instructeur de Gabriel lui fit un signe. Gabriel se pencha vers Elias, sa voix douce mais encourageante.

— Prêt, Elias ?

Elias inspira profondément, son sourire tremblant mais sincère.

— Aussi prêt que possible, répondit-il.

Lorsque le moment arriva, Elias sentit son cœur battre à toute vitesse. L’instructeur compta jusqu’à trois, et avant qu’il ne puisse vraiment réfléchir, ils étaient dans les airs.

Le vent s’engouffra sur son visage, et Elias laissa échapper un cri, non pas de peur, mais de pure exaltation. La sensation était indescriptible. Il ne voyait rien, mais chaque fibre de son être ressentait la liberté, le mouvement, et l’immensité de ce moment.

Gabriel, sautant juste après lui, observait Elias avec un sourire immense. Il pouvait voir la joie sur son visage, le soulagement palpable de quelqu’un qui avait enfin laissé ses peurs derrière lui.

Quand le parachute s’ouvrit, Elias sentit un tiraillement léger, mais cela ne brisa pas la magie. Le vent était plus calme, les mouvements plus fluides.

— C’est… incroyable, murmura-t-il, ses mots emportés par le vent mais assez forts pour que Gabriel les devine.

Lorsque leurs pieds touchèrent le sol, Gabriel se précipita vers Elias, qui était encore accroché à son harnais. Elias éclata de rire, son visage illuminé par une expression qu’il n’avait pas montrée depuis longtemps.

— Alors, verdict ? demanda Gabriel, essoufflé mais souriant.

— C’était… au-delà de tout ce que j’aurais pu imaginer, répondit Elias, ses mains tremblant encore de l’adrénaline.

Gabriel le serra dans ses bras, son sourire se mêlant à celui d’Elias.

— Je savais que tu aimerais, dit-il doucement.

Elias posa une main sur la joue de Gabriel, son expression redevenue sérieuse.

— Merci, Gaby. Merci de me rappeler ce que c’est que de vivre, murmura-t-il.

Dans ce moment suspendu, ils réalisèrent que, peu importe les défis, tant qu’ils étaient ensemble, chaque instant pouvait être une victoire. Ils repartirent du centre avec le cœur plus léger, prêts à affronter tout ce que la vie leur réservait.

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