Gabriel n’avait jamais ressenti autant d’impatience. Lorsque le livreur déposa enfin le colis devant sa porte, il se précipita pour le récupérer, son cœur battant à tout rompre. La boîte en carton était plus petite qu’il ne l’avait imaginée, mais elle pesait lourd d’espoir. Ces lunettes, il en était persuadé, pouvaient changer la vie d’Elias.

Il referma doucement la porte derrière lui et posa le colis sur la table de la cuisine. Elias était parti faire une sieste, comme il le faisait souvent dans l’après-midi, ce qui lui laissait tout juste assez de temps pour examiner le contenu et comprendre comment tout fonctionnait. Mais Gabriel savait qu’il ne pourrait pas le faire seul.

Il attrapa son téléphone et envoya un message rapide à Sofia :

— Elles sont là. Tu peux venir ? J’ai besoin d’aide.

Une demi-heure plus tard, Sofia franchit la porte, un grand sourire sur le visage.

— Alors, on est prêts pour le grand test ? demanda-t-elle en posant son sac sur une chaise.

Gabriel hocha la tête, un mélange d’excitation et d’appréhension dans les yeux.

— Oui, mais je veux m’assurer que tout fonctionne parfaitement avant de les donner à Elias. Je ne veux pas qu’il soit déçu, murmura-t-il, ouvrant la boîte avec précaution.

À l’intérieur, les lunettes reposaient dans un étui élégant, accompagnées d’un petit manuel et d’un câble de chargement. Sofia prit le manuel pendant que Gabriel sortait les lunettes, les tenant comme un objet précieux.

— Elles sont super légères, remarqua Gabriel en les passant doucement entre ses mains.

— Normal, elles doivent être confortables pour être portées toute la journée, répondit Sofia, feuilletant rapidement le manuel.

Elle lut à voix haute :

— "Ces lunettes intelligentes sont équipées d’une intelligence artificielle avancée capable de détecter les obstacles, de lire des textes à haute voix, et de reconnaître les visages. Elles se contrôlent principalement par des commandes vocales et des gestes simples sur les branches."

Gabriel hocha la tête, absorbant chaque mot.

— Parfait. On va tout tester, dit-il avec détermination.

Sofia et Gabriel passèrent la première heure à explorer toutes les fonctionnalités. Gabriel mit les lunettes et activa la commande vocale en appuyant sur un petit bouton sur la branche droite.

— Bonjour, lunettes. Active-toi, dit-il d’une voix claire.

Un bip discret retentit, suivi d’une voix synthétique agréable.

— Bienvenue. Que voulez-vous faire ?

Gabriel échangea un regard excité avec Sofia avant de répondre :

— Détecte les obstacles dans cette pièce.

Les lunettes bippèrent à nouveau, et la voix répondit presque immédiatement.

— Table à un mètre. Chaise à 50 centimètres sur la gauche. Mur droit devant.

Gabriel fit quelques pas, et les lunettes continuèrent à fournir des informations précises sur son environnement.

— C’est impressionnant, murmura Sofia, fascinée.

— Elles fonctionnent vraiment, dit Gabriel, son sourire s’élargissant.

Ils testèrent également la fonctionnalité de lecture : Gabriel posa un livre sur la table, ouvrit une page au hasard, et fit glisser son doigt sur la branche des lunettes pour activer la commande.

— Lis cette page, dit-il.

La voix des lunettes commença à lire le texte à haute voix, avec une fluidité surprenante. Gabriel sentit son cœur s’emballer.

— Elias va adorer ça, murmura-t-il, presque ému.

Alors qu’ils continuaient leurs tests, Gabriel remarqua un léger problème : certaines commandes vocales devaient être prononcées très précisément pour que les lunettes réagissent.

— Ça risque d’être un peu frustrant pour Elias, dit-il en fronçant les sourcils.

Sofia haussa les épaules.

— Peut-être au début, mais il s’habituera. Et tu seras là pour l’aider, comme toujours, répondit-elle avec un sourire rassurant.

Gabriel hocha la tête, bien que son esprit continue de chercher des moyens d’optimiser l’expérience pour Elias.

Ils essayèrent ensuite la reconnaissance des visages. Gabriel fit un pas en arrière et regarda Sofia.

— Lunettes, qui est devant moi ? demanda-t-il.

Après un instant, la voix synthétique répondit :

— Visage inconnu. Veuillez enregistrer ce contact.

Sofia rit doucement.

— Au moins, elles ne se trompent pas, plaisanta-t-elle.

Gabriel ajouta son visage et celui de Sofia à la base de données, satisfait de voir que cette fonctionnalité pourrait permettre à Elias de mieux interagir avec son environnement.

Après plusieurs heures, Gabriel et Sofia avaient exploré chaque détail des lunettes. Gabriel était confiant, mais un peu nerveux.

— Il faut que ce moment soit parfait, dit-il en rangeant soigneusement les lunettes dans leur étui.

Sofia posa une main sur son épaule.

— Gabriel, peu importe comment ça se passe, Elias va être touché par ton geste. Rien que le fait que tu te sois autant investi pour lui prouve à quel point tu tiens à lui, dit-elle avec douceur.

Gabriel inspira profondément et sourit.

— Tu as raison. Merci, Sofia.

— Toujours là pour toi, répondit-elle en souriant.

Le soir venu, Gabriel avait du mal à cacher son excitation. Elias remarqua son comportement inhabituellement fébrile.

— Qu’est-ce que tu mijotes, Gaby ? demanda-t-il, un sourire en coin.

— Moi ? Rien du tout. Tu te fais des idées, répondit Gabriel, tentant de masquer son sourire.

Elias secoua la tête, amusé.

— Tu es vraiment nul pour garder un secret, murmura-t-il.

Gabriel rit doucement, mais il resta vague, préférant garder la surprise jusqu’au lendemain.

Cette nuit-là, il s’endormit en imaginant le visage d’Elias lorsqu’il découvrirait les lunettes. Plus qu’un simple cadeau, c’était une opportunité de redonner à Elias une partie de ce qu’il avait perdu, une chance de vivre avec un peu plus d’autonomie et de confiance.

Le lendemain matin, Gabriel posa l’étui des lunettes sur la table du salon, attendant qu’Elias se réveille. Lorsque ce dernier entra dans la pièce, Gabriel se leva, son sourire trahissant son excitation.

— Elias, j’ai quelque chose pour toi, dit-il doucement.

Elias pencha légèrement la tête, intrigué.

— Qu’est-ce que c’est ? demanda-t-il.

Gabriel attrapa l’étui et le plaça entre les mains d’Elias.

— Ouvre et découvre, murmura-t-il.

Lorsque les doigts d’Elias touchèrent les lunettes, il resta immobile, réalisant lentement ce qu’il tenait.

— Gaby… C’est ce que je pense ? demanda-t-il, sa voix tremblante.

Gabriel hocha la tête, bien qu’Elias ne puisse le voir.

— Oui. Ce sont des lunettes intelligentes. Elles peuvent t’aider à te repérer, à lire, et même à reconnaître les visages.

Elias resta silencieux un instant, puis un sourire éclatant illumina son visage.

— Je ne sais pas quoi dire. Merci… Merci tellement, murmura-t-il, les larmes aux yeux.

Gabriel sourit, sa propre émotion lui serrant la gorge.

— Essaie-les, Elias. Je veux te voir les utiliser.

Elias enfila doucement les lunettes, et Gabriel l’aida à les activer. Lorsque la voix synthétique salua Elias, ce dernier rit doucement, ému par cette expérience nouvelle.

— C’est incroyable, murmura-t-il.

Gabriel passa un bras autour de ses épaules.

— Et ce n’est que le début, dit-il avec un sourire.

Dans ce moment partagé, Gabriel réalisa que chaque effort en valait la peine, car voir Elias sourire avec espoir était la plus grande récompense qu’il pouvait recevoir.