Episode 36

8 minutes de lecture

Les valises étaient prêtes, alignées près de la porte, et Gabriel vérifiait une dernière fois leurs billets pour le bateau. L’excitation brillait dans ses yeux alors qu’il attrapait son sac à dos et se tournait vers Elias, qui ajustait timidement ses lunettes.

— Tout est prêt. Tu es sûr de vouloir le faire ? demanda Gabriel, un sourire doux sur les lèvres.

Elias hocha la tête, bien qu’une certaine nervosité se lise sur son visage.

— Je suis sûr. C’est juste… ça fait longtemps que je n’ai pas voyagé, répondit-il en passant une main dans ses cheveux.

Gabriel s’approcha et posa une main rassurante sur son épaule.

— Je serai avec toi à chaque instant. Et je te promets que ce sera une semaine inoubliable, murmura-t-il.

Le trajet jusqu’au port se fit dans une ambiance détendue. Elias, bien que silencieux, se laissait guider par les descriptions enthousiastes de Gabriel.

— Je peux déjà voir le bateau. Il est blanc, avec des bandes bleues, et il scintille sous le soleil. Il y a un petit pont où on pourra s’asseoir pendant la traversée, décrivait Gabriel.

Elias sourit légèrement.

— Tu fais toujours en sorte que tout paraisse plus beau, dit-il doucement.

Gabriel rit et serra brièvement la main d’Elias.

— C’est parce que tout est plus beau quand on le vit ensemble, répondit-il.

Le bateau quitta lentement le port, coupant les vagues scintillantes sous un ciel sans nuages. Elias, assis près de Gabriel, sentit le vent salé caresser son visage. Gabriel, fidèle à lui-même, décrivait le paysage avec une précision presque poétique : la mer infinie, les mouettes qui planaient au-dessus d’eux, et la silhouette de l’île qui se dessinait à l’horizon.

— L’île est encore petite d’ici, mais on voit déjà des palmiers et des plages blanches. C’est comme une peinture, murmura Gabriel à l’oreille d’Elias.

Elias inspira profondément, s’imprégnant de ce moment.

— Ça commence bien, dit-il avec un sourire sincère.

Les heures passèrent rapidement, rythmées par les murmures de Gabriel et les légères oscillations du bateau. Lorsqu’ils approchèrent enfin de l’île, Elias pouvait presque sentir la différence dans l’air. Plus chaud, plus pur, avec une pointe de douceur tropicale.

— On est presque arrivés. Tu vas adorer cet endroit, dit Gabriel en posant une main sur celle d’Elias.

— Si c’est toi qui le dis, j’y crois, répondit Elias avec un sourire.

La petite maison qu’ils avaient louée était encore plus charmante que ce que Gabriel avait imaginé. Perchée à quelques pas de la plage, elle semblait sortir tout droit d’un rêve : des murs blanchis à la chaux, une terrasse en bois ombragée par des cocotiers, et des hamacs tendus entre deux arbres.

— La maison est parfaite. Simple mais belle, comme toi, plaisanta Gabriel en aidant Elias à monter les quelques marches.

— Arrête tes bêtises, répondit Elias en riant légèrement.

Gabriel posa les valises dans l’entrée avant de décrire chaque détail de l’intérieur.

— Il y a une grande table en bois dans le salon, avec des coquillages en guise de décoration. Les rideaux sont blancs et flottent avec la brise. Et la chambre donne directement sur la plage, continua-t-il avec enthousiasme.

Elias, guidé par ses descriptions, laissa ses doigts glisser sur le bois de la table et les contours des coquillages.

— Ça a l’air… parfait, murmura-t-il.

Le lendemain matin, Gabriel réveilla doucement Elias, pressé de lui faire découvrir la plage.

— Lève-toi, il fait un temps magnifique, dit-il en ouvrant doucement les rideaux.

Elias, encore un peu endormi, se laissa guider jusqu’au bord de l’eau. Le sable chaud sous ses pieds, l’air salé qui emplissait ses poumons, et le bruit constant mais apaisant des vagues créaient une symphonie parfaite.

— C’est ici que je voulais être. Juste toi, moi, et cette plage, murmura Elias.

Ils passèrent la matinée à marcher le long du rivage, Gabriel s’arrêtant parfois pour ramasser des coquillages ou décrire les reflets argentés des vagues. Elias, bien qu’aveugle, sentait chaque sensation amplifiée : la texture des coquillages dans ses mains, la fraîcheur de l’eau qui caressait ses chevilles, et la chaleur du soleil sur sa peau.

— Merci de m’avoir amené ici, Gaby. J’avais oublié à quel point le monde pouvait être beau, murmura Elias en s’appuyant légèrement sur lui.

— Le monde est beau, mais il est encore plus beau quand je le partage avec toi, répondit Gabriel en souriant.

Un soir, Gabriel prépara une surprise. Alors qu’Elias s’installait sur la terrasse, Gabriel l’aida à s’allonger sur une couverture qu’il avait posée dans le sable.

— Tu te souviens de la pluie d’étoiles filantes dont je t’ai parlé la dernière fois ? demanda Gabriel.

— Oui, mais je ne peux toujours pas les voir, répondit Elias avec un sourire triste.

— Alors, je vais te les décrire, comme avant, répondit Gabriel avec tendresse.

Il commença à parler, peignant des images dans l’esprit d’Elias avec ses mots.

— Le ciel est noir, mais parsemé d’étoiles brillantes. C’est comme si quelqu’un avait jeté des diamants sur du velours. Et là, une étoile filante ! Rouge, avec une traînée dorée. Elle éclaire tout, murmura Gabriel avec émerveillement.

Elias ferma les yeux, s’imaginant chaque détail.

— Tu racontes ça tellement bien… Je pourrais presque les voir, murmura-t-il.

Gabriel se tourna vers lui, le cœur gonflé de tendresse.

— Je veux que tu te sentes toujours aussi libre et apaisé, Elias. Peu importe où on est, tant qu’on est ensemble, tout est possible, dit-il doucement.

Elias serra sa main, ses lèvres tremblant légèrement sous le coup de l’émotion.

— Avec toi, je crois que tout ira bien, répondit-il.

Sous ce ciel étoilé, bercés par le murmure des vagues, ils réalisèrent que leur amour était leur plus grande force, une lumière qui les guiderait à travers chaque épreuve.

Les jours qui suivirent leur arrivée sur l’île furent marqués par une série d’activités simples mais inoubliables. Gabriel, déterminé à offrir à Elias une semaine mémorable, avait soigneusement planifié des moments qui leur permettraient de se rapprocher encore plus.

Le matin, ils se rendaient souvent au marché local, où les habitants exposaient leurs produits artisanaux et fruits tropicaux. Gabriel décrivait chaque étal avec précision, attirant parfois des sourires amusés des marchands qui les observaient.

— Ici, il y a des mangues parfaitement mûres, et juste à côté, des noix de coco fraîchement coupées. Tu dois sentir cette odeur sucrée, dit Gabriel en guidant la main d’Elias vers une mangue.

Elias, intrigué, effleura la surface du fruit et sourit.

— Ça a l’air délicieux. Et toi, tu as l’air d’un vrai guide touristique, plaisanta-t-il.

Un après-midi, Gabriel insista pour les emmener sur un sentier qui traversait une petite colline bordée de végétation luxuriante. Elias, bien que réticent au départ, finit par céder devant l’enthousiasme de Gabriel.

— Fais-moi confiance, Elias. On prendra notre temps, et je te décrirai tout, promit Gabriel en serrant doucement sa main.

Le chemin serpentait entre des palmiers, des fougères gigantesques, et des fleurs éclatantes de couleurs. Gabriel s’arrêtait fréquemment pour décrire les plantes, le chant des oiseaux ou même le bruissement du vent dans les feuilles.

— Tu entends ça ? C’est un ruisseau qui coule juste à côté. L’eau est si claire qu’on peut voir les galets au fond, murmura-t-il avec émerveillement.

Elias s’accroupit près du ruisseau, plongeant ses doigts dans l’eau fraîche.

— C’est paisible. Merci de m’avoir convaincu de venir, dit-il doucement.

Un autre jour, ils furent invités par une habitante à participer à un cours de cuisine locale. La petite maison en bois où se tenait l’atelier était remplie de l’arôme envoûtant des épices, du poisson grillé et des fruits tropicaux.

— Aujourd’hui, on va faire un plat traditionnel à base de poisson et de riz parfumé, annonça la cuisinière avec un sourire.

Gabriel traduisait les instructions pour Elias, l’aidant à manipuler les ingrédients.

— Là, tu as du curcuma, dit-il en guidant sa main vers un petit bol d’épices. Ça sent fort, mais c’est ce qui donne cette couleur dorée au plat.

Elias sourit en mélangeant soigneusement les ingrédients.

— Je ne vois pas le résultat, mais je peux dire que ça va être délicieux, plaisanta-t-il.

Le repas qu’ils partagèrent par la suite devint un souvenir précieux, une véritable célébration des saveurs de l’île.

La plage devint rapidement leur endroit préféré. Chaque matin, ils s’y rendaient pour se baigner ou simplement marcher le long du rivage. Gabriel décrivait le ciel, l’eau cristalline, et les coquillages qu’ils trouvaient, tandis qu’Elias se laissait envelopper par les sensations.

— Tiens, ça, c’est un coquillage en spirale. Il est tout lisse, mais la base est rugueuse, expliqua Gabriel en plaçant l’objet dans la main d’Elias.

Elias le tourna entre ses doigts, souriant doucement.

— Tu pourrais devenir naturaliste, Gaby. Tes descriptions sont incroyables, dit-il.

Ils se baignèrent dans l’eau tiède, riant comme deux enfants. Gabriel éclaboussait Elias, qui ripostait maladroitement mais avec joie, oubliant un instant ses inquiétudes.

Un soir, Gabriel surprit Elias avec une excursion en bateau. La mer, calme et scintillante sous la lumière dorée du soleil couchant, semblait les accueillir dans son écrin de sérénité.

— On va aller voir une crique cachée. Je l’ai repérée sur une carte, dit Gabriel en pagayant doucement.

Le bruit de l’eau contre le bois du bateau, le cri lointain des mouettes, et l’air salé rendaient l’atmosphère presque magique. Lorsque Gabriel décrivit la crique, Elias s’y projeta immédiatement.

— C’est entouré de falaises recouvertes de végétation, et l’eau est si claire qu’on dirait du verre. Ça te plairait, murmura Gabriel.

Elias hocha la tête, ému par la tendresse de Gabriel dans sa manière de lui offrir ces moments.

Le dernier soir, Gabriel prépara un feu de camp sur la plage. Ils s’assirent ensemble, enveloppés dans une couverture, tandis que les flammes dansaient devant eux.

— Ça fait combien de temps qu’on n’a pas eu un moment aussi calme ? demanda Elias.

— Trop longtemps, répondit Gabriel en souriant.

Ils parlèrent de leurs souvenirs, de leurs projets, et des rêves qu’ils souhaitaient encore accomplir. Gabriel, dans un moment de spontanéité, attrapa une guitare qu’il avait louée pour l’occasion et joua une mélodie douce.

— Tu es plein de surprises, murmura Elias, un sourire ému sur les lèvres.

Le matin de leur départ, ils regardèrent une dernière fois la plage, cette fois silencieux. Elias se tenait près de Gabriel, une main sur son bras.

— Merci, Gaby. Cette semaine… c’était plus qu’une simple escapade. Ça m’a rappelé à quel point la vie peut être belle, même avec tout ce qu’on traverse, dit-il doucement.

Gabriel serra sa main, le cœur gonflé de tendresse.

— Tant que tu es là, la vie sera toujours belle, répondit-il.

Ils quittèrent l’île avec un sentiment de plénitude, prêts à affronter ensemble tout ce que l’avenir leur réservait.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Podqueenly ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0