Episode 38
Le soleil de midi baignait la ville alors que Gabriel garait la voiture près d’un petit parc ombragé. Les rues pavées et les maisons colorées de cette petite ville dégageaient une atmosphère chaleureuse, familière pour Elias. Bien qu’il ne puisse plus voir clairement les détails, il se souvenait de ces lieux qu’il avait arpentés avec Gabriel bien avant son accident.
— Alors, tu te souviens de cet endroit ? demanda Gabriel en coupant le moteur.
Elias sourit doucement, inclinant légèrement la tête pour écouter les sons autour de lui : le gazouillis des oiseaux, les rires d’enfants qui jouaient dans le parc, et le bruit des feuilles agitées par une brise légère.
— Comment pourrais-je oublier ? C’est ici qu’on venait presque tous les étés. Les parties de frisbee dans le parc, les glaces qu’on achetait chez ce marchand près de la place... Tout ça est encore là, dans ma tête, répondit-il avec un sourire mélancolique.
Gabriel posa une main rassurante sur son épaule.
— Eh bien, on va raviver ces souvenirs aujourd’hui. J’ai tout prévu, dit-il avec un sourire enthousiaste.
Ils commencèrent leur journée par une promenade dans le parc. Gabriel décrivait tout avec minutie : les cerisiers en fleurs qui bordaient les allées, les sculptures en pierre qui ornaient les coins stratégiques, et même les écureuils qui grimpaient aux arbres en quête de nourriture.
— Là-bas, il y a un banc que tu adorais. Celui juste sous le grand chêne. Tu disais toujours que c’était le meilleur endroit pour lire, murmura Gabriel.
Elias hocha la tête, un sourire doux sur les lèvres.
— Tu m’as lu tellement de livres sur ce banc… Même maintenant, je peux presque sentir l’écorce du chêne derrière moi, murmura-t-il, ému.
Ils s’arrêtèrent un moment, assis côte à côte, Gabriel décrivant les passants qui défilaient devant eux. Elias, les yeux fermés, s’imaginait les scènes à travers les mots de Gabriel, chaque détail ramenant des fragments du passé à la surface.
Après la promenade, Gabriel insista pour les emmener à la petite glace italienne qu’ils adoraient autrefois. Le propriétaire, un homme jovial au sourire chaleureux, les reconnut immédiatement.
— Gabriel ! Elias ! Ça fait des années qu’on ne vous a pas vus ici, s’exclama-t-il en s’approchant du comptoir.
Elias sourit en entendant sa voix familière.
— Lorenzo, toujours là à faire les meilleures glaces du coin, répondit-il.
Lorenzo éclata de rire et leur offrit leurs parfums préférés sans même demander.
— Fraise pour toi, Elias, et chocolat noir pour Gabriel. J’ai bonne mémoire, n’est-ce pas ? dit-il en leur tendant les cornets.
Ils s’installèrent à une table près de la fenêtre, savourant leurs glaces tout en échangeant des souvenirs de leurs précédentes visites. Elias se laissait porter par la nostalgie, le goût sucré de la fraise lui rappelant les étés insouciants de leur adolescence.
Alors qu’ils quittaient le glacier, une voix derrière eux les arrêta net.
— Gabriel ?
Gabriel se retourna brusquement, et son sourire s’effaça légèrement lorsqu’il reconnut le jeune homme qui se tenait devant eux.
— Damien… murmura-t-il, visiblement troublé.
Elias sentit instantanément un changement dans l’atmosphère. Il ne connaissait pas Damien, mais la tension dans la voix de Gabriel était impossible à ignorer.
— Je ne pensais pas te revoir ici, continua Damien, un sourire ambigu aux lèvres.
— Moi non plus, répondit Gabriel d’un ton hésitant.
Elias se tourna légèrement vers eux, cherchant à comprendre.
— Elias, voici Damien… Mon ex, dit finalement Gabriel, ses mots laissant Elias sans voix pendant une seconde.
Damien observa Elias avec un sourire poli.
— J’ai beaucoup entendu parler de toi, même à l’époque, dit-il en tendant une main.
Elias, bien qu’un peu secoué, serra sa main avec calme.
— Enchanté, répondit-il, sa voix neutre.
La conversation qui suivit fut brève mais lourde de sous-entendus. Damien évoqua leur passé commun, leurs étés passés dans cette ville, et les moments qu’ils avaient partagés, tandis qu’Elias restait en retrait, les mâchoires serrées.
— Je suis content de voir que tu es heureux, Gaby, dit Damien avant de leur souhaiter une bonne journée et de partir.
Elias observa Gabriel, qui restait silencieux, les yeux fixant le sol.
— Tu ne m’avais jamais parlé de lui, dit Elias d’un ton mesuré, mais Gabriel pouvait sentir la tension derrière ses mots.
— Parce que ce n’était pas important… Je ne voulais pas que ça te dérange, répondit Gabriel, évitant son regard.
Elias hocha doucement la tête, mais un nœud s’était formé dans son estomac.
Plus tard, alors qu’ils se promenaient sur la plage, Gabriel sentit qu’Elias était plus distant. Il s’arrêta et attrapa doucement sa main pour le forcer à se tourner vers lui.
— Elias, je suis désolé si Damien t’a mis mal à l’aise. Je te promets que ce que j’ai avec toi n’a rien à voir avec ce que j’ai vécu avec lui, dit-il, sa voix emplie de sincérité.
Elias soupira et baissa légèrement la tête.
— Ce n’est pas ça… C’est juste que… Ça m’a fait bizarre d’apprendre ça comme ça. Mais je sais que tu m’aimes, murmura-t-il.
Gabriel le serra dans ses bras, posant un baiser sur sa tempe.
— C’est toi que j’aime, Elias. Seulement toi, dit-il avec douceur.
Elias hocha la tête, son cœur s’apaisant peu à peu. La soirée se termina sous les étoiles, un rappel que malgré les ombres du passé, leur présent était ce qui comptait vraiment.
Le lendemain de leur escapade, Gabriel semblait étrangement nerveux. Il passait son temps à vérifier quelque chose dans sa poche, jetant des regards furtifs vers Elias, qui lisait tranquillement sur le canapé. Ce dernier, intrigué, finit par lever les yeux.
— Qu’est-ce que tu mijotes, Gaby ? demanda Elias, un sourire amusé sur les lèvres.
Gabriel, pris sur le fait, se racla la gorge et s’approcha lentement, une lueur d’appréhension dans le regard.
— J’ai… quelque chose pour toi. Enfin, pour nous, en fait, dit-il en sortant une petite boîte de sa poche.
Elias posa son livre et fronça légèrement les sourcils, intrigué.
— Pour nous ? répéta-t-il doucement.
Gabriel s’assit près de lui et tendit la boîte, ses mains tremblant légèrement.
— J’ai fait faire ça spécialement pour toi, murmura-t-il en ouvrant la boîte pour révéler un collier en argent, en forme de demi-cœur.
Elias le regarda, ému par la simplicité et la beauté du bijou.
— C’est magnifique, Gaby… Mais pourquoi un demi-cœur ? demanda-t-il, touchant délicatement le pendentif du bout des doigts.
Gabriel sourit et sortit un collier identique de sous son propre t-shirt, tenant son pendentif contre celui d’Elias. Les deux pièces s’assemblèrent parfaitement, révélant l’inscription gravée : Mon amour pour toujours.
— Quand les deux moitiés sont réunies, elles complètent cette phrase. Je voulais quelque chose qui nous représente, murmura Gabriel, les joues légèrement rouges.
Elias resta sans voix un instant, son regard passant du collier à Gabriel.
— C’est… parfait. Vraiment parfait, murmura-t-il, sa voix tremblant légèrement.
Gabriel, inquiet de ne pas avoir la réaction qu’il espérait, s’approcha un peu plus.
— Tu es sûr que ça te plaît ? Je voulais juste te montrer à quel point tu comptes pour moi… À quel point tu es tout pour moi, dit-il doucement.
Elias posa une main sur sa joue, le forçant à croiser son regard.
— Gaby, tu n’avais pas besoin de prouver quoi que ce soit. Mais ce collier… Il symbolise tellement plus. Merci, murmura-t-il avant de poser un baiser tendre sur ses lèvres.
Gabriel passa derrière Elias et lui attacha le collier, ses doigts tremblant légèrement à cause de l’émotion. Une fois le pendentif en place, Elias toucha doucement le bijou, sentant sa chaleur contre sa peau.
— Je ne vais plus jamais l’enlever, dit-il avec un sourire sincère.
Gabriel glissa ses bras autour de lui, le serrant doucement contre lui.
— Moi non plus. Et chaque fois que tu le verras, tu sauras que je suis toujours là, murmura-t-il à son oreille.
Elias ferma les yeux, se laissant bercer par les battements réguliers du cœur de Gabriel contre son dos.
Plus tard dans la soirée, alors qu’ils se préparaient pour le coucher, Elias observa leur reflet dans le miroir. Les deux colliers, parfaitement alignés, semblaient presque briller sous la lumière tamisée de la chambre.
— Tu sais, Gaby… Ce collier, c’est plus qu’un bijou pour moi. C’est un rappel que peu importe ce qui arrive, on reste ensemble, dit-il doucement.
Gabriel se plaça derrière lui, passant ses bras autour de sa taille.
— Parce que c’est vrai. Mon amour pour toi est éternel, Elias. Rien ni personne ne changera ça, répondit-il en déposant un baiser sur sa tempe.
Elias tourna légèrement la tête pour lui sourire, son cœur débordant de gratitude et de tendresse.
— Je t’aime, Gaby.
— Moi aussi, Elias. Pour toujours, murmura Gabriel avant de l’embrasser avec tout l’amour qu’il portait en lui.
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