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Bon l'émotion n'est peut-être pas au beau fixe, mais là faut que j'enchaine. Je traîne trop sur ce premier tome. C'est carrément dramatique. J'ai donné tout ce que j'avais pour cette partie de chapitre.

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Le premier groupe était arrivée tout penaud. Les jeunes hommes avaient longé le mur et s’y étaient collé. Suan leur avait interdit d’aller plus loin que Tartanne. Docilement, ils s’y étaient pliés. Pour ce qui était du second groupe, Trysol avait laissé les énergumènes se ruer plus loin que le chat. Elle avait agité la tête vers Suan qui avait compris. Ils étaient perdus et ne suivraient aucune règle, il ne servait donc à rien de les contenir et rameuter des possible gardes.

Ils défilèrent devant elle comme une vague déferlante sortant de son lit. Depuis combien de temps étaient-ils dans le noir ? Suffisamment pour craquer… Mais pourquoi eux plus que les autres ? Trysol les regarda passer devant elle au pas de course. Les expressions sur leur visage criaient la peur et le désarroi. Soit ils avaient vu l’horreur, soit ils s’étaient monté la tête. La rouquine savait ce que pouvait provoquer la croyance d’un mot, d’une histoire, sur des êtres crédules. Ici, personne n’avait plus de vingt-cinq ans.

Quand les premiers franchir la ligne imaginaire que Tartanne représentait, les hurlements roulèrent contre les murs pour si écraser. Le claquement de chaines fit écho au voix, comme le sifflement intempestive de flèches décochées entre les pierres. Le mécanisme des pièges, bien que sonore, l’était moins que ces pauvres garçons aux abois.

Trysol fronça les sourcils, se tourna vers un couloir éclairé des flambeaux. Ces abrutis hurlent comme des procs qu’on égorge !

Elle était sûre de voir arriver une armada de garde, mais rien…

Elle fixa longuement les croisements.

Toujours rien.

À croire qu’il n’y avait personne dans la zone.

Contrariée, elle lança une œillade à Suan et comme s’il l’avait entendu, il haussa les épaules.

— Plutôt que de se préoccuper de ce qui arrivera dans notre dos, on devrait s’occuper d’eux, dit-il en pointant les gars qui n’avaient encore rien tenté.

Ils regardaient fébrilement leurs collègues de cellules se faire mettre en pièce. C’était un désastre. Les corps valdinguaient quand ils n’étaient pas percés par une nuée de flèches ou réduit en charpie par une colonne dégringolant du plafond.

Trysol soupira en se passant la main sur la nuque.

— Si on finit vivant, je me rase les cheveux, souffla-t-elle complétement dépassée par le spectacle.

Elle n'arrivait même pas à trouver une once d'empathie à tout ce séisme de n'importe quoi. L'horreur aurait dû la refroidir, la contraindre à trembler, à se pétrifier mais elle n'avait plus cette conscience de l'émotion.

Elle avait encore du mal à digérer ce qu’elle était et le lien qu’elle partageait désormais avec Suan, alors imaginer cette pagaille en ressentir quelque chose d’autre qu’une grande fatigue nerveuse lui était impossible.

— C’pas tomber dans l’oreille d’une sourde. S’passe quoi ici ? Ils ont foutu quoi les gamins !

Analoum se frotta le front, les yeux écarquillés.

— Salvatoum ! Manquait plus qu’ça. Sans déconner. J’leur avais dit d’rester tranquille. Les cons.

La brune se tourna, le bras cramponné autour de l’épaule d’Adaman.

Trysol suivit son regard qui se perdit sur le couloir.

— J’pas si on est loin des gardes, mais ç’va pas durer ce silence. Faut décamper.

Parfois, Analoum avait des idées de génies. Trysol roula les yeux.

— Pour aller où ? Regarde devant toi. On ne peut pas repasser par là.

La tension entre elles restaient palpable. Analoum la regardait d’en bas comme pour espérer atténuer sa colère. Croyait-elle que leur mésentente serait aussi facile à effacer ? Trysol voyait clairement la peur qui imprégnait encore le regard de son amie. Elle en conclut que rien ne serait pareil maintenant. Mais penser à cela, alors qu’ils étaient dans cette pagaille jusqu’au cou ne les sauverait pas.

Elles s’avancèrent comme une seule femme vers Suan, les yeux dans le vide. Il conversait silencieusement avec sa sœur. Ou plutôt, il l’écoutait. Son expression était celle d’un homme attentif.

— Qu’est-ce elle dit Xin-Shen ? Y’a une possibilité de repasser d’où on vient ?

Suan hésita.

— Si une seule personne fait un faux pas, il déclenchera un piège. Toute la structure de la mécanique à changer.

Il tortilla ses doigts, tira sur sa chemise, jeta un œil vers Tartanne restait en retrait et surveillant le moindre fait et geste des anciens prisonniers. Il avait triplet de volume pour faire barrage si besoin.

— Finis ta pensé, ordonna Trysol.

Suan s’inclina involontairement surprenant à la fois Analoum, les garçons derrières elle et Trysol.

— Ne fais plus ça ! dit-elle sèchement. Et réponds.

Impuissant, il répéta le geste.

— C’est… involontaire de ma personne, grinça-t-il des dents. On risque d’y laisser des plumes, voir pire. C’est ce que je veux dire. Plus loin il y a un autre passage. Selon Xin-Shen, il comporte moins de piège, mais il faut passer des couloirs suceptibles d’être emprunter par d’autres.

— Bah, on fait comme ça. On va là-bas. On a tous nos armes et on a des gamins. Avec le nombre, ç’va passer crème.

— Analoum, les gardiennes sont bien plus grande qu’aucun de nous. Leurs bras font trois fois les tiens. Ce ne sont pas comme les oiseaux noirs qui nous enlèvent. Ici, les gardiennes sont féroces. Elles ont attrapé plusieurs garçons dans la geôle.

Il lui montra son bras où une marque bleuâtre s’enroulait.

— J’ai dû mordre très fort pour me libérer. Ça me lance toujours. J’ai bien cru qu’elle m’avait broyé l’os en m’attrapant.

— Nous serons prudent, Adaman, certifia Trysol en détournant son regard du sien.

L’adolescent l’avait fixé avec un chagrin qui crachait vers elle l’image de son propre frère trainée par la force écrasante de ses gardiennes.

— Nous partons maintenant, conclut-elle. Xin-Shen, si tu m’entends, nous te suivons.

Avant de faire un seul pas, Trysol et Analoum formèrent rang de garçon devant elles. Trysol et Tartanne se postèrent derrière le groupe, quand aux autres, ils restèrent en tête.

Trente-trois garçons, songea-t-elle. Qu’est-ce qu’on va faire d’eux, une fois sortie ?

Elle étira le cou et épingla ses yeux presque rouges sur les cheveux qui les surplombaient tous.

— Ce n’est pas le seul danger pour eux, murmura-t-elle. Même si on tut la créature, est-ce que les mentalités changeront en un claquement de doigts. Ces gamins… est-ce qu’on les sauve ?

Tartanne s’approcha d’elle et hocha la tête pour répondre à sa dernière question. La poisse ferait-elle encore des siennes ? Elle n’était pas aussi superstitieuse qu’Analoum.

Elle soupira encore une fois. La mort… peut-être était-ce cela qu’elle avait toujours attendue.

Pas après pas, fixant le rang devant elle, Trysol commença à sentir une chaleur au fond de son estomac sans en comprendre la cause. D’un froncement de sourcils à un claquement de langue nerveuse, elle entendit sa voix, ses pensées. La vague d’émotion qui soufflait en elle ne lui appartenait pas.

Elle pinça l’arrête de son nez.

— Dis-le chat, comment on fait pour couper le lien avec son Hàng Xiè ? Je suis sûr que tu sais.

— Effectivement, je sais beaucoup de chose, souffla-t-il dans son esprit.

Trysol fit un pas sur le côté choqué.

— La belle affaire. J’entends l’âme de tout le monde maintenant !

— Non, juste celle de Suan. Moi, je ne sais que m’inviter dans la tienne en passant par celle de mon frère. Je suis connecté à lui depuis des millénaires. Tu ne peux pas couper ton lien avec lui, le réduire tout au plus ou attendre patiemment que Suan devienne son propre maître.

— Comment ça ? C’est possible ?

— Pour son rang, oui. Mais il faut d’abord qu’il grandisse, qu’il maîtrise son cœur et la confiance qu’il mettra en lui.

— Eh bien, je ne suis pas au bout de mes peines. Je vais l’entendre et ressentir chacune de ses émotions comme ça, longtemps ?

— Tu es le maître pour le moment, à toi d’installer une barrière entre vous. Mais tu as toi-même du mal à gérer tes états d’âme.

Un étrange sourire se forma sur le visage enténébré du félin.

— Que veux-tu dire ?

Elle lui jeta un regard suspicieux. Était-elle vraiment entrain de parler avec ce chat ?

— Que ton cœur peut exploser à tout moment si tu gardes les choses pour toi.

— Qu’en sais-tu ?

— Parce que si tu ressens les émotions de Suan, il ressent les tiennes. Je suis toujours relié par l’âme à mon frère. Tu as bien le droit d’avoir peur. C’est normal, tout comme tu as le droit d’en vouloir au monde pour la mort de ton frère, ou pour la rancœur que tu portes à ton amie.

— Je n’ai pas envie que tu rentres dans ma tête.

Elle le dit avec une certaine retenue, mais elle le cria dans sa tête.

— Pas si fort. Je ne suis pas sourd. Je n’y peux rien. Suan n’a pas encore réinstallé notre barrière. Pour le moment nous sommes en relié les uns aux autres.

— Génial.

Trysol se détourna de lui, tout en essayant de se concentrer sur le balancement des corps devant elle. Mais penser était plus fort qu’elle et apparemment, Suan était comme elle. Pourquoi Shaeln le troublait-t-il autant ? Comment pouvait-il se trouver dans cet état alors qu’ils étaient en train de frôler la mort à chaque pas ?

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