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Trysol courait clopin-clopant soutenu par le plus fin de tous les gamins. Il était bien heureux qu’il soit encore en mesure de la supporter alors qu’elle lui manger la soupe sur la tête et pesait à vu d’œil le double de son poids. Trysol avait du caractère et Tartanne sentait que ça ne jouerait pas toujours dans leur faveur. La peur qui cognait dans son cœur pouvait remonter d’une seconde à l’autre dans celui de Suan. Les Hàng Xiè pouvait être commandait à distance, souvent involontairement. Voilà pourquoi à l’époque ces créatures étaient reliées par une chaîne à leur possesseur. Si le lien était défait, un combat allait débuter, si non, la guerrière de brume faisait en sorte de calmer ses émotions. Elles étaient d’ailleurs connues pour avoir une maîtrise d’elles-même puissante. Tartanne espérait que Trysol saurait temporiser la peur et la douleur, et surtout il souhaitait que Suan devienne son propre maître. Un Hàng Xiè de second rang pouvait, à force de travail, être son propre chef. Mais avant ça, combien pourront le posséder ? Cette question tournait en boucle dans sa tête, depuis la transformation. Comment cette vie tournerait-elle ? Ce sera la dernière… Pour lui aussi.

Galannys poussa les autres mioches en direction de la fenêtre et tira, comme un sac de terre, le gosse toujours évanouie. Il ne se réveillerait pas de sitôt. Galannys le traina sur un bon cinquante mètres avant de lâcher et de briser la fenêtre à grand coup de coude. Les quatre adolescents qui l’entouraient tremblaient en se collant toujours plus les uns contre les autres. Ils jetaient des coups d’œil vers Trysol qui sautillaient en arquant son arme. Elle décocha une flèche sur la corde qui retenait un immense lustre. Il alla se briser cinq mètres plus bas, en faisant reculer les assaillantes. Des êtres d’une beauté flagrantes réduits à des morceaux de chair et de métal.

Avec toutes les vies qu’Adom a eu, je ne me souviens pas avoir vécu pareil périple. Il n’y a jamais eu autant de monde avec nous et contre nous, songea Tartanne en fonçant droit sur les quatre créatures. C’était à la fois grotesque et effrayant. Son cœur tonnait dans sa poitrine, pas de peur mais d’une excitation retrouvée. Cela faisait des décennies qu’il ne s’était autant agité et peut-être un peu amusé.

Depuis qu’ils couraient pour éviter les soldates, Trysol avait marché sur trois des cinq garçons, Galannys s’étaient pris les pieds dans l’eau ne cessant de plonger la tête la première dedans. Il savait se battre, mais était aussi maladroit qu’un enfant… à moins qu’il fût touché de trop près par la poisse.

— Mon fardeau pour qu’à jamais, je reste seul, murmura Tartanne avec un petit sourire. Je suis la plus chanceux.

Il prit de la vitesse et zigzagua entre les soldates, jouant de sa taille, et en les renversant à tour de rôle. Elles avaient la beauté la plus pure sur leur visage dont les yeux demeuraient des puits de haines. De leur tête à leur hanche, elles ressemblaient à des joyaux, mais quand Tartanne s’attarda sur leurs extrémités, il y voyait tout le vice de leurs bourreaux. L’une d’elle, la plus jolie avec sa peau de nacre et ses immenses yeux pleins de cils, avait les jambes coupé au niveau de ses genoux. C’était la marque des fuyarde du harem. Celles que le roi finissait par envoyer à la boucherie. Une structure métallique enfermait ses moignons et était soudée à sa chair. Le plastron qu’elle portait remontait et laissait voir les visses et les fermoirs. Tartanne avait vu d’innombrables horreur auprès de son frère, aussi, il ne sourcilla pas à la vue de cette pauvrette devenue machinerie infernal. La structure était retenue par six pattes ferreuses et pointues, identiques à celles d’une araignée. Elles claquaient contre le sol, moins bruyante que les jambes d’une autre soldate semblable à des sabots. Un pas et les dalles résonnaient à trois mètres.

Tartanne occupa le temps qu’il fallait les quatre arrivantes, jusqu’à se ruer sur les deux autres qui venaient de monter. Il grossit d’un coup, montrant son imposant corps, puis le réduit à une vitesse phénoménale pour éviter le coup de griffes que l’une des soldates lui destinait.

Tout le monde se tenait à la fenêtre salvatrice.

— Le chat ! cria Trysol.

Elle pointa le ciel, les yeux révulsés. Elle souffrait, et le sang qu’elle perdait était suffisant pour qu’elle craque.

Mais rien. Elle se contenait…

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