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Galannys grattait nerveusement une pierre tout en écoutant les garçons refaire le monde. Quelle bande de con ! pensa-t-il. Comme si tout ce qu’ils racontaient pouvait changer ce qu’il avait déjà tous vécu. Rien ne rachèterait les douleurs, la peur. Les souvenirs resteraient. Certains ne faisaient que se voiler la face quand la fratrie des Onron y croyait fermement. Ces triplets ne savaient pas grand-chose de se qu’avait vécu les autres. Ils avaient été cacher sous la protection de leur mère, leur tante et leur grand-mère dans un campement reculé près du gouffre : celui qui séparer la terre lianienne libre et leur enfer. Là-bas pas de cheveux ni d’oiseau noirs. Selon ce qu’il se disait dans son village, il y faisait bon vivre, dans le respect de chacun. Dans les terres libres on pouvait aimer. Pas de viol collective, pas de frère a protéger, pas de sœur à endosser le rôle de mère et chef de famille.
C’était là-bas que Galannys avait cherché à aller. Il avait pris ses frères et leurs sœurs avaient suivi. Parce qu’elles ne supportaient plus les sévissent. Ils étaient descendus chez les humains, mais ont du vite remonter les plus jeune ne supportaient pas l’atmosphère. Les deux plus jeunes avaient péri. Après tout il était le seul avec ses deux sœurs aînées à avoir du sang d’en-bas. Les autres de leurs frères étaient lianissiens. C’est dans leur remonté qu’ils se sont fait faucher par les femmes d’un campement de la zone. Les sœurs se sont battues, Galannys aussi, mais elles sont mortes et le reste de la fratrie a été emporté. Ils n’étaient plus que trois. Maron, le plus sensible n’avait que treize ans quand on la conduit pour remplir son nouveau travaille. Il ne l’avait encore jamais fait. Ces cris avaient rendu fou Galannys. Attaché comme du bétail, il n’avait rien pu faire. Son frère cadet, Doran, ne parlait plus depuis sa première semence. Il était resté indifférent comme à chaque fois. En sortant la cabane, Maron n’était qu’une ombre. On venait de le tuer. Ils restèrent un mois, avec leur geôlière, jusqu’à la frappe des oiseaux noirs. Galannys savait ce qu’ils les attendaient s’ils se faisaient attraper. La mort. Personne ne revenait du palais. Et l’odeur du sang s’y propageait. Dans un geste désespéré de se sauver lui et ses frères, il attrapa une pierre et tua Moran et Doran. Aucun d’eux n’avait chercher à se libérer. Ils étaient déjà morts, de toute façon.
Malheureuse, Galannys fut emporté au palais. Là-bas dans le noir des geôles, il trouva une place contre un mur et s’y adossa. Un gamin restait collé à lui, Elvonne. Il ne comprenait pas trop, mais ne refusait pas la chaleur qui lui offrait. Très vite, il comprit pourquoi le gamin était toujours figé à côté de lui. Dans la prison, il y avait deux choses à éviter : le passage des soldates et les hommes en manque de chair. La nourriture était balancée. C’était à ce moment là qu’il était nécessaire d’être à deux. L’un pour ramasser la bouffe, l’autre pour protéger le ramasseur. Certains se déplaçaient à trois où quatre.
Quand Elvonne lui avait tout expliqué, ça lui paraissait logique, alors, il avait acquiescé pour lui servir de bouclier. Les repas étaient ignobles mais au moins, ils mangeaient, reculé dans le confort de leur recoin.
Dans les cris de certains ou dans le calme, ils ont commencé à parler, à se soutenir, à se protéger, à s’endormir serrées l’un contre l’autre.
— Je ne devrais pas être là. Je me suis enfuie de chez moi, avait dit Elvonne, une fois où l’ennuie rongeait tout.
— Ah ! Et pourquoi tu penses ça ?
— Parce que je n’suis pas Lanissiens, mais Grydiens. Je devrais être dans ma cité souterraine, bien a l’abrie de tout. La curiosité m’a donné une bonne leçon. Mais je suis sûr qu’on me cherche. On s’ait om je suis. J’ai laissé un mot. Un Cristaliens doit être à ma recherche. Il nous trouvera et si tu veux, tu viendras avec moi.
— Pourquoi pas. Mais à une condition.
— Laquelle ?
— Il faudra m’aider à aller de l’autre côté du gouffre. Les rumeurs ont toujours dit que vos tunnels allaient loin sous la terre.
— C’est un fait. Mais de quel gouffre parles-tu ?
— Celui qui sépare le monde libre du notre. Quelques mois après l’apparition des cheveux, la terre à gronder et un gouffre a tranché le royaume en deux. Très peu le savent.
— D’accord. On fera ça.
Galannys tritura sa pierre avant de la lancer rageusement contre le mur. Elle rebondit. Shealn l’évita de justesse. Il arqua un sourcil, sans rien dire. Ce gars ne disait rien, il écoutait. Il attendait. Le blond avait un peu de mal à se dire que le gaillard était plus jeune que lui. Il était plus épais que Trysol et Analoum réuni. D’ailleurs en parlant de Trysol, il lui jeta un coup d’œil. Elle parlait à voix basse à Nalet. La créature hochait la tête plusieurs fois. Des consignes étaient données pour la suite.
Des rires s’échappèrent sur le côté, les garçons s’amusaient à écouter les aventures d’Adaman quand il était petit. Le frère d’Analoum ne tenait pas en place lui non plus. Ça se voyait qu’il n’avait encore rien vécu de mal physiquement. Pourtant il avait seize ans. À moins que leur clan, étaient de ceux qui faisaient s’accoupler homme et femme à leur majorité. Peut-être que les Onron étaient dans l’un d’eux, aussi. Les quatre autres devaient venir de clan plus barbare… Notamment l’un d’eux : Tyaon. Un petit gringalet de quatorze ans, avec des cheveux noirs qui caressaient le sol. Ses yeux rouge lave étaient bien abîmé. Il riait, mais pas comme les autres. Il avait déjà trop vécu. Et sa façon de se tenir en boule, les bras autour des jambes, la tête rentrée dans ses épaules n’appelaient à rien de bon. Dans certaines « tribu », les filles étaient opérationnelles à dix ans. Les garçons s’étaient douze-treize ans pas avant, pourtant les chefs les faisaient pratiquer avant l’âge de sept ans. Ça devait devenir une habitude. Tyaon devait venir d’une d’elles. Pas seulement parce qu’il semblait avoir déjà mi des filles enceintes, mais parce qu’une fleur était tatouée sur son front. C’était une marque de ces tribus. Quand a Falm, le grand salsifis à la bouche ronde, Palin, le timide à la frange épaisse, et Grisald, le bavard aux poignet zébrés de ligne trop blanches, ils devaient eux aussi être père de rejetons.
Galanys se demanda si lui aussi il avait réussi à féconder des femmes. Il n’avait jamais réussi à avoir la tige très dure. Pas au contacte de femme en tout cas. Il leva ses yeux sur Elvonne. L’adolescent n’avait pas cessé de le contempler. Après tout, il n’avait jamais pu se voir dans les geôles. Mais même sans se voir, Galannys avait bien senti l’enflement au niveau de l’entrejambe du garçon quand ils dormaient serrés l’un contre l’autre. Elvonne ne devait pas savoir. Quoi qu’à dix-sept ans, Grydiens ou non, on connaissait le désir… ? Comment se passer ces choses-là, dans le royaume sous terre ?
Le blond fixa intensément les yeux bleu orageux d’Elvonne. Ils étaient beaux, comme les ondulations dans ses cheveux blanc tiré en arrière. Avec lui, ils étaient deux à avoir les cheveux courts.
Le grydiens entrouvrit ses lèvres comme s’il voulait dire quelque chose, mais les referma aussitôt qu’il s’aperçue du froncement qu’exerçait Galannys sur ses sourcils.
Un esclave ? C’est ce que je lui inspirais en parlant de moi ? gronda-t-il intérieurement.
Ça lui fit mal dans la poitrine, plus qu’en temps normal. Il rabroua la douleur, crispa ses poings et de détourna du regard suppliant d’Elvonne. Il s’en voulait. Mais Galannys ne pardonnerait pas. Un esclave ?
— Il y a une négociation, intervint la voix de Trysol.
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