Chapitre 10. Le malin génie
Monsieur K remonta la rue. Arrivé au coin de la rue Louis Blanc, il s’arrêta devant un immeuble haussmannien , somme toute assez banal.
Sauf que, sauf que là était son quartier ! Un lyonnais n’habite pas Lyon, un marseillais n’habite pas Marseille et aucun parisien n’habite Paris ! Dans les grandes villes, on n’habite pas la ville, mais un quartier, juste quelques pâtés de maison.
Et ce pâté de maison a une importance particulière : c’est celui de votre immeuble, car à Paris, sauf si vous êtes évêque ou milliardaire vous habitez un immeuble.
Monsieur K l’avait dit dans son poème sur Paris :
Pourtant à Paris
Il y a des quartiers
Qui ont une vie
Une vie de quartier
Avec des bouchers
Des charcutiers
Des bouchers
Des marchés
Du mardi
J’ai écrit
Des poésies
Sur ce marché
Qui a rimé
Avec sexualité
Mais, ici, il était plus question de politique que de sexualité : car, il y a longtemps cet immeuble était le siège de la CGT. Sur le coté, il y avait la librairie des éditions sociales.
Pour Philippe, Marx c’était l’auteur fétiche du coin de la rue !
Et si toute sa vie, tout son engagement politique n’était que le résultat de cette coïncidence troublante, de cet immeuble au coin de la rue ? Et si tout cela n’était qu’un déterminisme secret, le fruit d’un malin génie caché ?
Monsieur K secoua les épaules : foutaises que tout cela ! Il improvisa un haïku :
Soleil printanier
fait tendrement dérailler
cerveau embrumé
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