Chapitre 3
Le trajet en voiture l’avait tellement épuisé. Mais Ehlys dormait encore si profondément. Il fallait dire que la regarder dormir était apaisant. James songea à son futur quand elle connaitrait vérité. Cette jeune fille deviendra alors une femme avec une carapace qui la protègera de tous les dangers.
Puis Kathleen attira son attention. Elle était passée à côté de lui en lui caressant l’épaule. Cette femme connaissait son charme et savait y faire. Même s’il donnerait sa vie pour protéger Ehlys, un petit flirt avec cette hôtesse ne changerait rien à ses plans.
James se dirigea alors près des fournitures de nuits. Il savait pertinemment qu’elle se trouvait ici, commençant à manger.
- Bonsoir.
- Oh, bonsoir James. Avez-vous besoin de quelque chose ?
Kathleen paraissait surprise qu’il soit venu jusqu’ici.
- Seulement de parler. Ma journée a été longue, j’ai besoin de me changer les idées.
- Alors asseyez-vous en face de moi, nous pouvons discuter le temps de ma pause, si vous le souhaitez.
- Avec plaisir, James s’assit et la regarda rougir. Tu peux me tutoyer, je préférerai.
- Aucun souci alors. Alors, que se passe-t-il ?
- C’est assez compliqué, mais… enfaite, il me reste deux semaines pour profiter de ma vie, je savais que ce jour arriverait, mais j’aurai préféré bien plus tard finalement…
Kathleen paraissait inquiète.
- Quelque chose de grave ?
- Pas réellement, je pars en mission pour laquelle j’ai été formé toute ma vie.
- Oh, tu es militaire ?
- En quelques sortes, oui.
James ne pouvait décemment pas lui dire la vérité. Peut-être l’apprendrait-elle un jour ?
- Je comprends mieux pourquoi je te trouvais si charmant, dit-elle en gloussant. Il faut avouer que tu es sûrement le passager de première classe le plus mignon…
- Et même pas de l’avion ? Oh, je suis déçu.
- Oh si, euh non mais…
Tous deux rirent de bon cœur. James pouvait lire en elle, et son cœur était bon.
- Tu fais ce métier depuis longtemps ? reprit James.
- Hm… je ne dirai pas longtemps, mais voyager a toujours été un rêve pour moi. Et ce travail, dès que tu n’es plus jolie ou au goût de ton employeur, peut devenir éphémère. Alors j’en profite autant que je le peux encore.
Il voyait aussi beaucoup de douleur et de violence dans son passé. Kathleen soignait ses blessures comme elle le pouvait, en s’évadant de son histoire.
Puis, le clignotement d’appel des passagers s’alluma. Il était temps pour elle de couper court à cette pause.
- Merci pour ce moment, j’en avais aussi besoin.
Comme s’il l’avait prédit, ils se tendirent mutuellement un bout de papier, ce qui les firent rire de bon cœur. James le garda alors dans sa main.
- Oh, ton tatouage au poignet est très original, il représente quoi ?
En apparence, seule une infime partie se voyait. Il ornait jusqu’au milieu du dessus de sa main gauche et ne représentait seulement qu’une tâche sans forme exacte.
- Rien en particulier, c’était une esquisse que je dessinais assez souvent, alors j’ai voulu l’avoir tout le temps avec moi.
- Tu dessines aussi bien que tu charmes ?
- On peut dire ça comme ça.
Kathleen continua de glousser et tout en continuant leur discussion, ils se dirigèrent vers les passagers de l’avion. Il était temps pour James de retourner s’asseoir près d’Ehlys qui ne tarderait pas à se réveiller. Quant à Kathleen, sa pause étant fini, elle devait retourner travailler.
Ehlys se réveilla seulement quelques instants avant le retour de James. Elle remarqua que quelque chose avait changé dans son regard, il avait eu ce qu’il voulait, le numéro de l’hôtesse.
- Tu as vraiment fait ça ?
James semblait enjoué du réveil d’Ehlys. Mais son retour n’était pas vraiment aussi accueillant qu’il s’espérait.
- Ehlys ! Tu es réveillée ! Tu t’es bien reposée ?
- Tu reviens d’un mini rendez-vous avec elle, n’est-ce pas ? C’est quoi ce papier ?
- Non mais...
Avant même qu’il puisse terminer sa phrase, James et Ehlys sentirent des vibrations sous leurs pieds.
- Dis-moi la vérité. Pendant que je dormais, étais-tu parti flirter avec cette hôtesse de l’air ?
La colère d’Ehlys grandissait et l’avion commençait à être secoué plus violemment.
- Mesdames et messieurs, je vous demanderai de regagner votre siège et d’attacher votre ceinture, nous entrons dans une turbulence.
Ehlys entendit à peine la voix de Kathleen dans l’interphone. Mais il fallait que James la calme.
- Ehlys, je sais que tu as peur, et je sais pourquoi tu es fâchée mais s’il te plait, calme-toi…
- Me calmer ?! Je suis forcée de te suivre dans un nouveau pays où je ne connais absolument personne, mes parents ne veulent même plus de moi. Et toi tu ne penses qu’à te taper l’hôtesse parce qu’elle t’a fait du rentre dedans ? Excuse-moi mais je pense être en droit d’être en colère.
- Ehlys, écoute-moi, je ne vais pas t’abandonner tu m’entends ? Je ne partirai plus, je serai à tes côtés autant que tu le souhaiteras, d’accord ?
- Et tu crois que c’est avec de belles paroles que ma fureur va passer ? Vous les mecs vous êtes tous pareil. Toujours à penser que nous dépendons de vous.
Il fallait agir, sa colère ne retomberait pas avant que l’avion s’écrase au sol. Alors, James lui toucha le bras et une chaleur parcouru son corps. Ehlys se senti tout à coup calme, comme une paix intérieure quasi parfaite. Puis, peu à peu, les secousses de l’avion se calmèrent, et le vol reprit son cours sans encombre.
- Mesdames, messieurs, ici le Capitaine Thascan, merci d’avoir gardé votre calme, les turbulences sont passées, la fin du vol devrait se passer sans encombre. Je vous laisse patienter encore un peu pour pouvoir vous lever. Merci encore.
Tout l’avion se mis à applaudir le pilote, c’était leur façon de le remercier.
Pendant ce temps, Ehlys planait tellement qu’elle riait. James se ferait disputer en arrivant. Utiliser ses pouvoirs en public relevait d’une faute grave passible d’emprisonnement. Mais à choisir entre la mort ou la prison, le second choix paraissait plus intéressant.
En arrivant à MidNight High, tout le monde connaissait la raison de sa venue. Hizya, la directrice de l'école, l’avait prévenu que tout serait différent. En effet, chaque élève arrivait peu avant ses 17 ans. Ils avaient appris, dès leurs plus jeunes âges, que la magie existait sous différentes formes et que seul le détenteur du pouvoir la rendait bonne ou mauvaise. Cela signifiait que si la personne élue au poste de grande prêtresse était fondamentalement bonne, alors ses pouvoirs seraient bons. Alors, elle deviendrait une source de pouvoir pour tous les surnaturels présents sous son règne.
Il fallait tenir encore deux heures de vol quand Ehlys arrêta de rire. Son esprit paraissait embrumé quand elle remarqua que James s’était endormi. Ses souvenirs depuis l’embarquement était flou mais de l’image de l’aéroport était claire dans son esprit. Alors Ehlys entreprit de la dessiner en écoutant de la musique.
Elle prit seulement quelques instants pour faire une esquisse du plan large. Les détails lui prenaient beaucoup plus de temps. Il fallait réfléchir au nombre de couleur choisir. En relevant la tête, Kathleen se tenait à sa gauche en lui présentant un verre de jus d’orange.
- Merci Kathleen, c’est très gentil de votre part.
- Avec plaisir, au passage, vous avez un talent fou pour le dessin. C’est l’aéroport de Philadelphie c’est ça ?
- Oui, c’est la première fois que je prends l’avion alors… Dessiner me fait oublier mon angoisse.
- Je vois tout à fait. Puis-je vous demander une faveur ?
Kathleen paraissait gênée.
- Bien sûr, je vous écoute.
- J’aimerai prendre une photo de votre dessin à l’atterrissage, vous accepteriez ?
- Je peux même vous le donner si vous le souhaitez, ça me ferait vraiment plaisir.
Kathleen paru surprise, mais cette proposition l’enchantait vraiment.
- Vraiment, j’adorerai.
Ehlys esquissa un sourire, Betty adorait aussi ses dessins. Repenser à la vie qu’elle avait laissé lui fit plus de mal qu’elle ne l’avait imaginé. Même si ce n’était qu’une pause d’un mois, son anniversaire serait passé et toutes les filles auraient des cavaliers, sauf Ehlys.
Alors que Kathleen reparti voir un autre passager, James se réveilla avec les cheveux tout ébouriffés. Il bailla si fort que l’on aurait pu croire qu’il allait se décrocher la mâchoire.
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