Premier Baiser
J'ai du mal à réfléchir. J'ai mal au crâne et au cœur. J'ai peur.
Je me souviens … je me souviens que je rentrais du collège. D'habitude je rentre toujours chez moi avec Manon, ma voisine, mais elle était malade. Je me souviens avoir fait la bise à Audrey, ma meilleure amie puis être partie pour prendre le chemin de la maison.
Je ne vis qu'à un quart d'heure du collège. Quinze minutes … quinze toutes petites minutes.
Je me souviens être passée par le parc, quand il fait beau je passe toujours par là. Je me souviens avoir sourit à la vue du SMS de Cyril puis c'est le trou noir.
Quand je me suis réveillée j'ai paniqué, je panique toujours. Je suis en culotte. Attachée sur ce que je devine être un fauteuil, au niveau des chevilles et mes poignets sont également liés aux accoudoirs, j'ai les jambes écartées. Je suis aveuglée par un tissu et rendue muette par un morceau de scotch.
Comment tout cela a-t-il pû m'arriver ? Je ne portais pourtant rien de provocant et n'étais pas maquillée, ma mère me l'interdit. Alors d'où venait le problème ?
C'est alors que j'entends une porte s'ouvrir puis claquer, suivi de pas. Je tremble de peur et me surprends à supplier un dieu auquel je ne crois pas. Je pleure silencieusement. Je donnerai tout pour revoir mes parents.
Je sursaute quand je sens un contact contre ma cuisse nue. Je l'entends me dire que si je pousse un cri je suis morte et je sens instantanément quelque chose de froid sur mon autre jambe : une lame.
II me retire d'un coup sec le bâillon. Je le supplie de me relâcher, lui promet que je ne dirai rien à personne entre deux sanglots retenus.
Je le sens balader son couteau sur mes petits seins qui n'ont pas encore atteint leur taille adulte. Je n'ose plus respirer lorsqu'il la passe, sans appuyer, contre mon cou.
Je pense à mes parents. Combien de temps s'est-il écoulé entre ma sortie du parc et l'instant présent ?
Je sens son souffle sur mon intimité. Pitié Seigneur ! Puis, ne percevant plus rien, ni son souffle, ni sa respiration, je demande s'il est là. Il faut que j'aille aux toilettes. Je le lui dit de ma petite voix, faible et apeurée. C'est alors que je le sens me prendre le visage d'une main et me rouler la première pelle de ma vie. Le goût de l'alcool envahit mon palais et m'oblige à rendre mon repas de midi.
Je l'entends jurée violemment. Je m'excuse en larmes de nouveau. Ce n'était pas l'image que j'avais de mon premier baiser.
Recouverte de mon propre vomi, j'entends le bruit caractéristique du scotch qu'on déchire. Non ! Non, pitié ! Je m'étonne de m'entendre lui dire que je ferai mieux. Non ! Mais trop tard, j'ai déjà la bouche recouverte de cette surface collante. J'entends ses pas s'éloigner, la porte s'ouvrir et claquer.
Je m'appelle Coralie, j'ai treize ans et j'ai besoin d'aide !
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