Chloé

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J'ai mal partout à cause de ces liens qui me maintiennent dans la même position. A bout de forces d'avoir essayé de me libérer de mes liens, je m'endors.

Je suis réveillée par cette même main si douce. Maman, c'est toi ? Hélas non, ni papa ni maman ne sont là. J'entends la voix de Charlotte et, même temps, je réalise que j'ai changé de position : je suis allongée sur une sorte de lit en plastique. Je réessaie de bouger pour la énième fois, sans succès, mais je peux sentir que c'est du tissu et non de la corde qui me retient prisonnière. Charlotte m'informe qu'aujourd'hui c'est jour de douche et me demande de lui faire signe de la tête si la température est bonne. J'acquiesce tout en me demandant si c'est là un des privilèges dont m'a parlé Corinne ou si Charlotte prend encore un risque pour moi.

La douche, qui s'avère plus être une toilette au gant, se passe silencieusement jusqu'à ce que Charlotte, sur un ton bienveillant, me dise qu'elle sait ce que je ressens. Je tourne la tête vers le son de sa voix. Comment pourrait-elle en avoir la moindre idée ? Elle est libre, elle ! C'est alors qu'elle me fait une affreuse confidence. Elle a été à ma place, il y a de ça six mois, peut-être moins où peut-être plus. Elle n'en sait rien ; tout comme moi elle a perdu le compte des jours. Elle me confie également le fait que Charlotte n'est pas son vrai nom mais qu'ils l'ont appelé ainsi dès le premier jour, lui interdisant de faire mention de son ancien nom.

Je reste muette d'effroi. Six mois ! Elle a tenu six mois dans cette cave !

Elle continue de me laver en me chuchotant qu'elle a évidemment pensé à s'enfuir, mais qu'en voyant le sort qu'ils réservaient à celles qui tentaient de leur échapper, elle s'était résignée.

Qu'est-ce qu'ils peuvent bien faire pour nous dissuader de reprendre notre liberté ? Cette question tourne en boucle dans ma tête, même bien après la douche, jusqu'au moment où je reconnais le parfum de la veille. Corinne.

Je la sens me passer un peigne fin dans les cheveux. Elle me fait mal. C'est alors qu'elle me susurre quelque chose à l'oreille, quelque chose que mon cerveau ne comprend qu'une fois la douleur passée.

Je m'appelle désormais Chloé.

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