Chapitre 33 : Première nuit

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Je m’étire en poussant un soupir de satisfaction, savourant la douceur du matelas sous mon dos, la chaleur des draps propres, le parfum léger de Gabi qui flotte dans l’air. Tout est apaisant, réconfortant. Après des semaines de tension, de doutes, de nuits passées à cogiter sur ma relation avec Vincent, sur Marc, sur ce que je veux vraiment, je me sens… bien. Pas complètement en paix, mais soulagée.

Gabi sort de la salle de bain, une brosse à cheveux à la main, et je lève les yeux vers elle. Un instant, je cligne des paupières, légèrement surprise.

Elle porte une nuisette en satin noir, courte, fine, délicatement fendue sur les côtés. Le tissu épouse son corps avec une fluidité presque indécente, dévoilant ses longues jambes et la naissance de sa poitrine. Elle s’installe devant le miroir, attrape son élastique pour défaire son chignon et secoue ses cheveux blonds qui retombent sur ses épaules en une cascade parfaite.

— Waw, tu me sors le grand jeu ou quoi ?

Gabi ricane en croisant mon regard à travers le miroir, un sourire moqueur sur les lèvres.

— T’excite pas trop, princesse. Je dors à poil d’habitude, mais j’me suis dit que j’allais attendre quelques jours avant de te traumatiser.

Je ris, secouant la tête.

— Tu devrais postuler chez Victoria’s Secret.

— Si seulement.

Elle termine de se brosser les cheveux, puis s’approche du lit avant de se glisser sous les draps avec un soupir satisfait.

— J’te préviens, j’ai un sommeil de plomb. Si y’a le feu, faut me secouer comme une malade sinon je crame.

— Bon à savoir.

Je tire un peu plus la couverture sur moi, m’installant sur le côté. Mon short en coton remonte légèrement sur mes cuisses alors que je cherche une position confortable.

— Bonne nuit, Princesse.

— Bonne nuit, Gabi.

Je ferme les yeux, bercée par la chaleur qui nous entoure.

Et je m’endors presque immédiatement.

Un frisson imperceptible court sur ma peau, une chaleur qui se diffuse lentement dans mon ventre, une pression délicieuse qui pulse entre mes cuisses et m’arrache doucement des profondeurs du sommeil, me ramène à la surface avec une langueur trouble, encore engourdie, encore à moitié prise dans les filets du rêve dont je peine à me détacher.

Je ne me souviens pas tout de suite des images, seulement des sensations, intenses, brûlantes, qui imprègnent encore mon corps, cette impression d’abandon total, de désir insatiable, de mains invisibles qui glissent sur ma peau, de lèvres qui effleurent mon cou, d’un souffle rauque contre mon oreille, d’un plaisir presque tangible qui continue de vibrer en moi alors que la réalité reprend lentement ses droits.

Mon cœur cogne sourdement contre ma poitrine, mon souffle est court, désordonné, et il me faut plusieurs secondes pour réaliser où je suis, pour retrouver mes repères dans l’obscurité paisible de la chambre, le poids léger de la couette sur mon corps, le murmure régulier de la respiration de Gabi à mes côtés, le silence rassurant de l’appartement endormi.

Et c’est à cet instant précis que je prends conscience de ma main.

Ma main qui n’est plus là où elle devrait être.

Ma main qui s’est glissée sous la couverture, qui a exploré, cherché, et qui repose maintenant sur un sein nu.

Un sein qui n’est pas le mien.

Je me fige.

Un vertige me saisit, un mélange de panique et d’incompréhension qui me coupe presque le souffle.

Sous mes doigts, la peau est douce, chaude, ferme. Le sein est petit, délicatement galbé, le téton à peine dressé sous l’air tiède de la chambre, et soudain, les images du rêve me reviennent en rafale – des caresses fiévreuses, des soupirs étouffés, une voix grave qui murmure mon prénom, et cette sensation obsédante de possession, de soumission totale qui me fait encore frissonner malgré moi.

Je retiens ma respiration, mes pensées s’entrechoquent, mon corps pulse d’une tension que je ne maîtrise plus, et pendant une fraction de seconde, je suis incapable de bouger, incapable de savoir quoi faire, partagée entre l’envie irrépressible de refermer mes doigts sur cette peau si tentante et celle de fuir immédiatement cette situation insensée.

Puis la réalité s’impose brutalement.

Gabi.

Gabi qui dort profondément à quelques centimètres de moi, inconsciente de ce que je suis en train de faire, inconsciente de cette main qui s’est aventurée sur elle sans qu’elle ne l’y ait invitée, inconsciente du tumulte qui s’empare de moi à cet instant précis.

La honte me percute de plein fouet.

D’un geste précipité, presque paniqué, je retire ma main, la ramène contre moi comme si elle était brûlée, et je me recroqueville sur le côté, le souffle court, le cœur battant à tout rompre, incapable de comprendre comment j’ai pu en arriver là, incapable d’ignorer la vague de chaleur qui continue de me traverser, incapable surtout d’affronter la vérité qui vient de se frayer un chemin dans mon esprit :

J’ai aimé ça.

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