Chapitre 36 : L'évidence du désir
L’appartement est plongé dans une lumière tamisée, une seule lampe diffuse une clarté douce sur les murs, projetant des ombres mouvantes au rythme des flammes de quelques bougies éparpillées. L’odeur sucrée du vin flotte dans l’air, mêlée aux rires étouffés, aux mots qui s’emmêlent, aux confessions qui s’effilochent dans la chaleur de cette nuit sans fin.
Depuis des heures, Gabi et moi sommes installées dans le salon, un plaid étalé sous nous, des coussins éparpillés, nos jambes croisées et nos corps abandonnés à la douceur de ce moment suspendu. Le temps s’est évaporé entre les anecdotes, les souvenirs, les confidences échappées sous l’effet de l’alcool.
Gabi rit encore à sa propre bêtise, sa tête renversée en arrière, la nuisette glissant légèrement sur sa cuisse dévoilant la courbe parfaite de sa peau. Elle est belle, sans le moindre effort, sans la moindre prétention. Une beauté qui ne se travaille pas, qui ne se maîtrise pas, juste là, brute, évidente.
Je l’observe un instant, l’esprit embué, une chaleur diffuse dans mon ventre. Je me sens bien. Légère. Comme si rien d’extérieur ne pouvait venir troubler cette bulle fragile que nous avons tissée autour de nous.
— Ça fait du bien, putain, souffle-t-elle en tendant les bras avant de s’effondrer sur le tapis, les yeux mi-clos.
Je souris, vidant les dernières gouttes de mon verre avant de me laisser tomber à côté d’elle.
— Ouais…
— T’es bien, hein ?
Je tourne la tête vers elle. Ses yeux verts pétillent dans la pénombre, perçants, scrutant quelque chose que je n’arrive pas à nommer.
— Ouais.
Elle hoche la tête, satisfaite, et attrape un coussin qu’elle cale sous sa nuque avant de soupirer d’aise.
— Bon, on devrait dormir, sinon demain, on va être mortes.
Je ris doucement, me redressant avec un grognement pour rassembler les verres, repoussant la bouteille vide d’un geste paresseux avant de me lever. Mon short large me tombe légèrement sur les hanches, mon débardeur glisse un peu trop sur mon épaule, et je me rends compte à quel point je suis à l’aise ainsi, presque nue dans cet espace qui ne m’appartient pas encore totalement, mais où je me sens chez moi.
Quand j’entre dans la chambre, Gabi est déjà allongée, ses longs cheveux blonds éparpillés sur l’oreiller, sa nuisette relevée sur le haut de ses cuisses, dévoilant la ligne douce de sa hanche, la finesse de sa silhouette allongée sous la lumière tamisée qui filtre à travers les rideaux. Elle a une jambe légèrement pliée, son bras jeté négligemment au-dessus de sa tête, et son souffle est lent, paisible, comme si elle était déjà à mi-chemin entre la conscience et le sommeil.
Je referme la porte derrière moi, me glisse dans la pénombre de la pièce, et un frisson me traverse au contact des draps frais contre ma peau encore tiède de l’alcool et de la chaleur du salon. Gabi ne bouge pas tout de suite, son corps semble abandonné à la douceur du matelas, mais à peine ai-je tiré la couverture sur moi qu’elle se tourne légèrement, son bras effleurant ma taille dans un geste aussi naturel qu’instinctif, et son corps vient trouver le mien, comme s’il en avait toujours eu l’habitude.
Je sens la chaleur diffuse de sa peau rayonner contre mon dos, son souffle chaud caresser ma nuque, et la pression légère de sa cuisse contre la mienne. Un simple contact. Un geste sans arrière-pensée, presque enfantin, un besoin de proximité plus qu’autre chose, et pourtant, la sensation me fait quelque chose, un frisson imperceptible qui court sur ma peau, une tension infime que je n’arrive pas à chasser.
Je ferme les yeux, tente de me concentrer sur ma respiration, de laisser mon corps s’abandonner au confort du lit, mais tout est trop lent, trop calme, et cette présence contre moi devient de plus en plus tangible, comme un murmure silencieux qui s’installe sous ma peau, une attente que je ne comprends pas tout à fait mais qui m’empêche de sombrer complètement dans le sommeil.
Je ne sais pas combien de temps nous restons ainsi, étroitement enlacées, le souffle lent, le corps alourdi par la chaleur douce du vin et l’intimité naissante de cette nuit. La chambre est plongée dans une semi-obscurité, juste troublée par la lumière pâle qui filtre à travers les rideaux. Tout est calme, suspendu, comme si le monde extérieur n’existait plus.
Gabi est collée contre mon dos, sa respiration régulière effleurant ma nuque, et je sens la pression légère de son bras sur ma taille, son corps fin et chaud épousant parfaitement le mien. Ce n’est qu’un câlin innocent, une façon de s’endormir dans le confort simple d’une proximité amicale… ou du moins, c’est ce que je me répète.
Jusqu’à ce que ses doigts glissent sur mon ventre.
D’abord une caresse distraite, un mouvement presque absent, comme si elle se serrait un peu plus contre moi dans un réflexe inconscient. Mais bientôt, je perçois une intention, quelque chose de plus précis, de plus assumé. Sa main remonte, explore, effleure la peau nue sous mon débardeur.
Et puis, doucement, elle attrape mon sein.
Je me fige.
Son geste est naturel, désinvolte, et pourtant, il met le feu à chaque nerf de mon corps. Mon souffle se coupe net.
— Je te dois un tripotage de sein, souffle-t-elle d’un ton faussement innocent, sa voix légèrement voilée par la fatigue et l’alcool.
Mon cœur rate un battement.
Je comprends immédiatement.
Elle sait.
Elle savait déjà.
Je ne dis rien, incapable de formuler la moindre phrase. Je sens ses doigts qui pressent légèrement ma chair, la peau tendre de mon sein prisonnière d’une paume douce mais assurée. Son pouce effleure distraitement mon téton, un frisson incontrôlable remonte le long de ma colonne vertébrale.
— Je ne dormais pas, tu sais… poursuit-elle d’un ton léger, presque amusé.
Je déglutis avec peine.
— Je t’ai sentie, cette nuit.
Je ferme les yeux, mon visage s’embrase.
Elle le dit sans reproche, sans gêne, juste comme une évidence. Comme si tout cela était déjà écrit, comme si nous étions en train de suivre un scénario que nous avions toutes les deux inconsciemment attendu.
Ses doigts se referment un peu plus sur mon sein, le malaxent doucement, et malgré moi, je cambre légèrement les reins sous la sensation.
Je ne réfléchis plus.
Je me retourne lentement, mes yeux ancrés aux siens, et dans cette proximité étouffante, je peux voir l’éclat trouble de son regard, cette lueur de curiosité et d’envie mêlées, ce mélange de provocation et de désir qu’elle ne cherche même pas à masquer.
— T’es sûre de toi ? murmure-t-elle, son souffle caressant ma bouche.
— Non, je réponds dans un murmure.
Et j’écrase mes lèvres contre les siennes.
La réponse est immédiate.
Un frisson électrique traverse mon corps lorsque je sens sa bouche s’ouvrir sous la mienne, son baiser d’abord hésitant, puis de plus en plus intense. Nos souffles se mélangent, nos lèvres se cherchent, se mordent, se goûtent avec une impatience brûlante.
Gabi m’attire contre elle, sa main glissant sur ma hanche pour m’ancrer plus fermement contre son corps. Mon ventre se serre sous l’intensité du moment, sous cette chaleur diffuse qui pulse entre mes cuisses.
Ses doigts glissent sous mon débardeur, effleurent ma peau nue, traçant un chemin brûlant sur mes côtes avant de retrouver mon sein qu’elle pétrit avec plus d’assurance cette fois. Un soupir m’échappe contre sa bouche, et je sens son sourire se dessiner dans notre baiser.
Je me perds totalement.
Je ne réfléchis plus.
Je bascule au-dessus d’elle, inversant nos positions, mes jambes venant encadrer ses hanches alors que je l’embrasse encore, mes doigts enfouis dans sa chevelure blonde. Je sens son corps frémir sous le mien, ses mains qui glissent sur mes cuisses, remontent lentement jusqu’à la courbe de mes fesses qu’elle agrippe sans retenue.
Nos respirations sont erratiques, nos gestes maladroits et pressés, comme si nous avions attendu ce moment sans jamais oser l’admettre.
Et puis, tout devient plus fluide.
Ses mains glissent sous mon short, ses doigts caressent la peau sensible de mes cuisses avant de le faire lentement descendre, me dépouillant de ce dernier rempart sans que je n’aie la moindre hésitation.
Je l’aide à retirer sa nuisette, et lorsque son corps nu se dévoile sous la lueur tamisée, mon souffle se bloque.
Elle est magnifique.
Mon regard glisse sur sa silhouette élancée, sur la courbe parfaite de sa poitrine, sur sa peau laiteuse et frémissante sous mes caresses.
— Putain… t’es magnifique.
Elle rit doucement, sa main venant effleurer ma joue avant de m’attirer une nouvelle fois contre elle.
Et cette fois, il n’y a plus de retour en arrière.
Nos corps s’épousent parfaitement, nos mains explorent, nos bouches redessinent chaque parcelle de peau.
Je veux tout découvrir d’elle.
Chaque soupir, chaque frisson, chaque sursaut de plaisir.
Et lorsqu’elle m’ouvre enfin ses cuisses, lorsqu’elle ondule contre moi dans un souffle tremblant, je comprends.
Je comprends que je suis en train de vivre quelque chose de plus fort que tout ce que j’ai connu jusqu’ici.
Je me perds totalement dans cette étreinte, dans la chaleur de sa peau contre la mienne, dans l’intensité brute de ce baiser qui ne ressemble à aucun autre. Son souffle se mêle au mien, chaud, saccadé, et je ressens chaque vibration de son corps sous mes doigts, chaque tressaillement lorsque mes mains s’égarent sur ses hanches, sur son ventre, sur la courbe douce de sa poitrine.
Ses seins sont petits mais fermes sous mes paumes, la peau soyeuse et frissonnante. Lorsque je les caresse, son dos se cambre légèrement, et un soupir glisse de ses lèvres entrouvertes, un son presque imperceptible, mais qui enflamme tout mon corps. J’ai l’impression d’explorer un territoire inconnu, d’apprendre un langage nouveau où chaque frémissement est une réponse, où chaque souffle est une invitation.
Elle me bascule sur le dos, son corps venant épouser le mien, et je me laisse faire, offerte, vulnérable, électrisée par l’excitation pure qui pulse en moi. Ses lèvres glissent sur ma mâchoire, effleurent la peau sensible de mon cou, et je ferme les yeux sous cette sensation brûlante qui me parcourt de la tête aux pieds.
Elle descend lentement, trop lentement, traçant une ligne de baisers le long de ma clavicule, puis plus bas, entre mes seins, avant d’encercler un téton de sa langue, le taquinant du bout des lèvres jusqu’à ce qu’il durcisse sous l’effet du plaisir. Je retiens un gémissement en mordant ma lèvre, mon corps tendu sous ce supplice délicieux.
Ses mains se fraient un chemin sur mes hanches, glissant sur ma peau avec une lenteur calculée, jusqu’à effleurer l’intérieur de mes cuisses, si près de là où je la veux. Je me cambre instinctivement vers elle, une supplique silencieuse qu’elle semble savourer.
— T’en as envie ?
Sa voix est un murmure contre ma peau, et je ne peux que hocher la tête, incapable de répondre autrement.
Et puis, enfin, elle descend plus bas, son souffle chaud effleurant mon bas-ventre, et je frissonne, mon ventre se contractant sous l’anticipation.
Ses doigts me caressent d’abord, explorent lentement, jouent avec l’humidité déjà présente, l’étalent du bout des doigts dans une torture exquise. Mon souffle se brise, ma poitrine se soulève plus vite, et lorsque je sens enfin sa langue effleurer mon intimité, un gémissement m’échappe, incontrôlable.
Elle ne se précipite pas.
Elle me goûte doucement, savourant chaque frisson qu’elle provoque, chaque spasme incontrôlé de mon corps sous ses caresses.
Je n’ai jamais ressenti ça.
Jamais.
Je m’accroche aux draps, la tête rejetée en arrière, les yeux mi-clos sous l’intensité qui me submerge. Elle alterne entre des mouvements lents et profonds et des caresses plus légères, plus taquines, me maintenant dans un état de tension insoutenable, un précipice vertigineux duquel je suis prête à basculer à tout instant.
Ses mains agrippent mes hanches, me maintenant en place alors que son rythme s’intensifie.
Je sens la vague monter, s’accumuler au creux de mon ventre, et je sais que je suis proche, si proche…
Et lorsqu’elle resserre ses lèvres autour de mon clitoris et qu’elle aspire doucement, la déflagration est instantanée.
Je me cambre sous elle, un cri étouffé contre ma main, mon corps entier secoué par une vague de plaisir qui m’emporte bien trop loin, bien trop fort.
Je jouis contre sa bouche, incapable de retenir cette tension qui éclate en moi avec une force inouïe, me laissant tremblante, vidée, totalement abandonnée.
Je mets un temps fou à redescendre, à retrouver mon souffle, et lorsqu’elle remonte vers moi, son corps chaud contre le mien, je l’attire immédiatement contre moi, incapable de supporter la distance, encore tremblante sous l’intensité de ce qu’elle vient de me faire vivre.
Mais elle ne s’arrête pas là.
Ses lèvres retrouvent les miennes, et cette fois, le baiser est différent. Plus urgent, plus profond. Elle m’embrasse à pleine bouche, sa langue venant immédiatement chercher la mienne, m’envahissant d’un goût mêlé de désir et d’une pointe de moi-même. Ce n’est pas un simple baiser, c’est une prise de possession, une affirmation silencieuse qui me fait frissonner jusqu’au bout des doigts.
Je réponds avec la même intensité, me laissant happer par cette sensation enivrante, mon corps encore fiévreux pressé contre le sien, comme si nous ne pouvions plus exister l’une sans l’autre.
Puis, lentement, nos souffles ralentissent, nos lèvres se détachent dans une douceur presque frustrante, et elle vient poser sa tête contre ma poitrine, son corps collé contre le mien, son souffle chaud effleurant ma peau nue.
Je glisse une main dans ses cheveux, les caressant du bout des doigts, savourant leur douceur soyeuse, traçant des lignes invisibles sur son dos d’un geste distrait.
Il n’y a pas de mots, pas de questions, pas de doutes.
Juste cette étreinte paisible, cette chaleur rassurante, et le silence doux qui nous enveloppe alors que le sommeil commence lentement à m’emporter.
Je ne sais pas ce que tout cela signifie.
Mais pour la première fois depuis longtemps, je me sens bien.
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