Chapitre 39 : Apaisement

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La nuit est encore lourde quand je quitte l’hôtel. L’air frais s’accroche à ma peau, contraste violent avec la moiteur qui s’attarde entre mes cuisses, avec la chaleur du sperme que j’ai avalé et dont le goût persiste sur ma langue, dans ma gorge, comme une marque invisible, une preuve silencieuse de ce que je viens d’accomplir.

Chaque pas résonne dans les rues presque désertes. Mes talons claquent sur le bitume, rythme sourd qui martèle en même temps que mon cœur. Mon esprit flotte entre deux états, incapable de se fixer : une part de moi est encore agenouillée devant lui, soumise, offerte, son sexe entre mes lèvres, ses règles gravées dans mon corps comme un sceau indélébile. L’autre tente de retrouver pied, de reprendre possession de mes propres sensations alors que la nuit me ramène doucement vers une réalité plus douce, plus tangible.

Je ravale ma salive, et ce simple geste suffit à raviver le goût. Il est là, ancré en moi. Je me surprends à passer ma langue sur mes lèvres, réflexe inconscient, comme pour vérifier qu’il ne reste rien, et pourtant, tout est encore présent.

Je serre les bras autour de moi, accélère le pas. Il est presque cinq heures du matin lorsque j’atteins enfin l’appartement.

J’ouvre la porte doucement, referme derrière moi dans un silence absolu. L’obscurité m’accueille, paisible, coupée seulement par les lumières de la ville qui filtrent à travers les rideaux. Tout est calme, loin du tumulte intérieur qui gronde encore en moi.

J’avance à pas feutrés jusqu’à la chambre. Gabi est déjà endormie, allongée sur le ventre, un bras replié sous l’oreiller, ses cheveux blonds éparpillés sur le drap. Elle respire lentement, profondément, enveloppée dans une tranquillité qui me frappe en plein ventre.

Je me déshabille avec précaution, laissant glisser ma jupe, puis mon chemisier, dévoilant peu à peu mon corps encore marqué par la nuit. Ma peau porte des frissons résiduels, des traces invisibles de son emprise. Mais au milieu de tout ça, une seule chose reste immuable : le collier.

Je l’effleure du bout des doigts, sent la pression légère du cuir contre ma gorge, et l’idée même de l’enlever me semble inconcevable.

Alors je le garde.

Je soulève doucement la couverture et me glisse dans le lit, tâchant de ne pas troubler le sommeil de Gabi. Le matelas s’affaisse légèrement sous mon poids, la chaleur du lit m’enveloppe immédiatement, différente, bien trop différente de celle que j’ai quittée il y a une heure à peine.

Et puis, à peine ai-je trouvé ma place que Gabi bouge dans son sommeil, un soupir à peine audible quittant ses lèvres. Son corps cherche le mien sans même s’en rendre compte.

En un instant, elle se colle à moi.

Son bras glisse naturellement autour de ma taille, sa poitrine effleure mon dos, et son souffle chaud vient mourir dans ma nuque. Une étreinte simple, instinctive, sans attente ni calcul.

Mon cœur rate un battement.

La douceur du contact me submerge, me fait l’effet d’un choc brutal. Rien à voir avec ce que j’ai vécu cette nuit. Rien à voir avec la domination, la soumission, la possession brute et exigeante de Marc. Ici, il n’y a rien d’imposé. Juste une présence qui s’offre sans rien réclamer en retour.

Ma gorge se serre légèrement.

— Ta soirée s’est bien passée ?

Sa voix est à peine un murmure, endormie, floue, un souffle chaud contre ma peau.

Je reste immobile une seconde de trop, prise au dépourvu, puis finis par murmurer à mon tour :

— Oui.

Un silence. Gabi ne bouge pas, ne cherche pas à en savoir plus. Peut-être qu’elle s’est déjà rendormie. Peut-être qu’elle sent, quelque part, que je n’ai pas envie d’en parler.

Puis, dans un souffle, à peine audible, elle murmure contre ma peau :

— Tant mieux, princesse… Je suis contente pour toi.

Sa voix est douce, presque protectrice.

Je ferme les yeux, laissant mon corps se détendre lentement, se fondre dans cette étreinte.

Mon esprit s’apaise enfin.

Le goût dans ma bouche s’estompe, remplacé par quelque chose de plus doux, de plus réconfortant.

Et alors que la fatigue m’emporte peu à peu, je me rends compte que je suis bien.

Enfin.

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