Chapitre 49 : 3 jours suspendus

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Je suis allongée sur le côté, encore nue, ma peau tiède pressée contre celle de Gabi, son bras enroulé autour de ma taille, son souffle léger frôlant ma nuque. Ces trois derniers jours de son congé s’ouvrent devant nous comme une parenthèse hors du temps, une bulle où rien d’autre n’existe qu’elle et moi, nos rires, nos caresses, ce bonheur simple qui efface tout le reste.

Elle bouge légèrement, ses lèvres effleurant mon épaule, et je me tourne pour la regarder, ses yeux verts encore ensommeillés brillant d’une tendresse qui me fait sourire. Sans un mot, elle m’attire contre elle, nos corps s’emboîtant sous les draps, et je l’embrasse, un baiser lent, doux, qui s’échauffe quand ses mains glissent sur mes hanches. On s’aime ainsi, dans ce lit, une danse silencieuse de doigts et de lèvres, une chaleur tendre qui me fait frissonner alors qu’elle murmure mon nom contre ma peau.

Le premier jour s’écoule dans cette douceur. On cuisine plus tard – une tentative de pizza maison, la pâte trop collante, la sauce renversée sur le comptoir, et nos rires qui résonnent dans la cuisine alors qu’on finit par se battre à coups de farine. Elle me vole un baiser, ses lèvres goûtant le sel et la tomate, et je la tire contre moi, mes mains sous son pull, caressant sa peau tiède. On danse ensuite dans le salon, une playlist pop absurde sur son enceinte, ses bras autour de ma taille alors qu’elle me fait tourner, maladroite mais rieuse, jusqu’à ce qu’on s’effondre sur le canapé, essoufflées, nos corps emmêlés dans un câlin qui dure des heures.

Mon téléphone vibre sur la table basse, un bourdonnement incessant – vingt SMS de Marc dans la journée, peut-être plus : "Réponds", "T’es où ?", "Je te trouverai". Je les vois du coin de l’œil, notifications qui s’accumulent, mais je les ignore, les laissant glisser hors de ma réalité, refusant de laisser ses mots percer cette bulle où Gabi est ma seule lumière.

Le lendemain, elle me masse – ses mains fermes mais douces glissant sur mes épaules, mon dos, un sourire taquin aux lèvres alors qu’elle me fait gémir sous ses doigts. On regarde une série après, blotties sous une couverture, ses bras autour de moi, mes jambes enroulées autour des siennes, et je ris à ses blagues idiotes sur les personnages jusqu’à ce qu’on s’endorme là, nos souffles synchronisés dans le silence.

Le troisième jour, on commande des sushis – une envie subite, un caprice qu’on partage avec un éclat de rire. Quand la sonnette retentit, je me lève, un débardeur lâche sur moi, et me dirige vers la porte. J’ouvre, récupère le sac en papier des mains du livreur, un jeune type aux joues rouges, mais en reculant, mon pied trébuche sur le tapis, et mon débardeur se prend dans la poignée de la porte. Le tissu se déchire d’un coup, et je me retrouve seins nus devant lui, le sac tombant presque de mes mains. Mes joues s’enflamment, une honte brûlante me submergeant alors que je tente de me couvrir, bredouillant un "Merde" maladroit. Gabi, derrière moi, éclate d’un rire franc, sonore, pliant presque en deux sur le canapé.

— T’es trop maladroite, j’adore ça ! lance-t-elle entre deux éclats, ses yeux pétillants de larmes.

Le livreur rougit encore plus, marmonne un "Désolé" gêné et s’éclipse vite, la porte claquant derrière lui. Je me retourne, rouge de honte, me sentant bête, mais son rire est contagieux, et je finis par craquer, un sourire idiot aux lèvres alors qu’elle me tend une couverture pour me couvrir, encore secouée d’hilarité.

On mange les sushis directement dans les boîtes, assises en tailleur sur le tapis, et la journée s’étire dans cette légèreté, nos doigts se frôlant, nos regards s’accrochant entre deux bouchées. Mais alors qu’on finit, vautrées sur le canapé, Gabi pose une main sur ma cuisse, son regard sérieux croisant le mien.

— Bon, demain je reprends…, dit-elle, sa voix douce mais teintée d’une pointe d’inquiétude, tu vas faire comment ici sans moi ? T’as encore trois jours d’arrêt.

Je la regarde, ses yeux verts pleins de cette tendresse qui me fait fondre, et je souris doucement, posant ma main sur la sienne.

— Ouais, ça ira, t’inquiète. Tu vas me manquer, mais je vais pas craquer en trois jours ! dis-je, une pointe d’humour dans la voix, mêlée d’une chaleur sincère.

Elle fronce les sourcils, un sourire taquin naissant sur ses lèvres, et me donne un léger coup dans l’épaule.

— Mouais, je te connais, toi. Si ça tourne mal, tu m’appelles direct, OK ? Je veux pas apprendre que t’as flippé toute seule, ajoute-t-elle, son ton mêlant sérieux et malice.

Je ris légèrement, émue, et serre sa main un peu plus fort.

— C’est bon, je te jure, je t’appellerai. T’es pire qu’une mère, parfois, dis-je, une petite pique affectueuse dans la voix.

Elle m’attire contre elle, ses bras m’enveloppant dans une étreinte chaude, et on reste là, blotties sous la couverture, le silence doux entre nous. Mais alors que je somnole contre son épaule, mon téléphone vibre une fois de plus sur la table basse. Je tends la main, l’écran s’allumant sur un message de Marc, le vingtième de la journée :

Tu m’appartiens.

Je le fixe un instant, une ombre passant dans ma tête, puis repose le téléphone sans un mot, laissant sa menace planer dans l’air comme un murmure qu’on ne peut plus ignorer.

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