Eva reprit son souffle et ses esprits. Elle sentait des gouttes de sueur perler sur son front tandis que des larmes coulaient de ses yeux. La pauvre jeune femme se mit à pleurer comme elle ne l'avait pas fait depuis plus d'un an. Ses souvenirs, le visage de sa jeune sœur, le moment de sa mort, toutes ces images se bousculèrent dans son esprit torturé. Elle avait la sensation de perdre la tête. Elle enfouit son visage au creux de ses genoux portés jusqu'à sa poitrine et continua de laisser couler toutes les larmes de son corps. Malheureusement, Eva dût revenir à elle plus rapidement qu'elle ne l'aurait voulu. À présent que le jour s'était levé, elle constata être toujours elle-même malgré son état et le mauvais rêve qu'elle venait de faire. Elle sécha ses larmes et inspira un grand coup. En relevant la tête, elle remarqua qu'elle pouvait maintenant facilement être aperçue par quiconque passait à travers les fenêtres du véhicule. Elle souffla, rassurée.

Elle remballa sa couverture et but quelques gorgées d'eau. Elle fouilla son sac à la recherche de quelque chose à manger dans son butin de la veille. Elle mit la main sur une conserve de salade de fruits, l'ouvrit tant bien que mal et en mangea le contenu en sortant de la voiture. La route était déserte, pas un chat à l'horizon. La brune resta sur ses gardes et commença à marcher. Sa cheville semblait aller mieux, même si elle ressentait une gêne à chaque pas. Il lui fallut à peine trois minutes pour finir la conserve qu'elle jeta au sol une fois vidée avant de prendre sa machette en main. Elle se sentait plus tranquille lorsqu'elle savait qu'elle pouvait se défendre à la moindre surprise.

Les heures défilèrent sans qu'Eva ne s'en soucie, elle continua sa route sans but. Lorsqu'elle aperçu au loin un homme qui riait à gorge déployée sans raison apparente, elle le contourna en passant par la lisière de la forêt qui longeait la route. Bien qu'elle s'était déjà perdue plus de trois jours en forêt, elle savait pertinemment qu'elle avait moins de risque d'y croiser l'une de ses créatures. Elle s'enfonça un peu plus à travers elle. Après une trentaine de minutes, Eva s'arrêta net. Elle avait cru entendre le bruit d'une branche craquer. Elle balaya les environs du regard comme pour s'assurer de ne pas être suivie. Elle reprit sa marche après quelques longues secondes. L'après-midi devait largement bien être entamée lorsque Eva, à force d'avancer à l'aveugle, entendit un cours d'eau non loin d'elle, l'occasion parfaite pour se rafraîchir.

La jeune brune poussa les quelques branches qui la séparaient du cours d'eau. Devant elle s'étendait une rivière, le bruit de l'eau pouvait aisément couvrir les bruits alentours mais les Fous avaient pour habitude de se déplacer en hurlant ou riant, si l'un d'eux venait à l'attaquer, elle aura sans doute le temps de l'entendre venir. Aussi, après avoir rapidement vérifié les environs, Eva se dirigea vers l'eau. Elle planta la lame de son arme vivement dans le sol et s'accroupit. Elle porta de l'eau à son visage et se le nettoya vigoureusement. Malgré la froideur de celle-ci, cela lui faisait beaucoup de bien. Elle finit par retirer son pull, découvrant ainsi ses bras tailladés pour y passer un peu d'eau. Elle avait envie de se jeter nue dans cette rivière froide pour prendre le temps de se laver comme il le fallait, mais pas question de prendre le risque de se retrouver devêtue et désarmée face à de potentiels ennemis. Elle retira ses bottines pour tremper ses pieds, l'eau soulagea la gêne qu'elle ressentait à la cheville.

Seulement dix minutes s'étaient écoulées, mais Eva décida de ne pas profiter du moment plus longtemps. Elle renfila ses bottines après avoir séché ses pieds avec un morceau de couverture. Elle récupéra son pull et l'enfila quand soudain elle sentit une lame se poser dans son cou, elle se figea.

-Salut toi.

Un homme se tenait accroupi derrière elle et avait chuchoté ces mots à son oreille. Un frisson parcourut l’entièreté du corps de la brune qui n'osait plus bouger. Deux autres hommes se postèrent debout devant Eva qui avait le cœur qui commençait à s'affoler. Elle baissa les yeux et constata qu'elle était menacée avec sa propre arme. Le trio riait gentiment, heureux d'être tombé sur elle.

-T'es pas une Folle, c'est rare de nos jours une fille comme toi, tu le sais ?

Eva ne dit pas un mot, elle appréhendait ce qu'ils allaient faire d'elle.

-On te suit depuis qu'on t'as vu sur la route, tu es toute seule, dis-moi ?

Aucun son ne sortait de sa bouche.

-Elle est pas très causante on dirait bien.

-Aucune importance, on a une nouvelle candidate !

Eva sentit un coup s'abattre sur son crâne, sans en comprendre ni la source ni la raison, elle s'effondra au sol et perdit connaissance.