VI
Centre de formation de la police nationale
.En sortant de l’amphithéâtre, Marie Carelle reçut un message sur son portable, elle prit le temps de sortir du bâtiment et une fois installée dans sa voiture, consulta l’appareil :
Bonjour commandante
suite votre demande d’info
blocage niveau ministère
tente approche discrète
par un ami
vous tiens au courant
cordialement
FT
De rage, elle jeta violemment son téléphone sur le siège passager et tapa des deux poings sur le volant…
— Et merde ! Je me doutais que cette histoire puait… maintenant c’est sûr…
Elle démarra en trombe pour rentrer à l’hôtel, sous le regard étonné de ses collègues. Une fois douchée, changée et calmée elle descendit au bar, picora quelques cacahuètes disposées dans des soucoupes sur le comptoir, en parcourant d'un œil distrait la liste des boissons et cocktails proposés. Elle allait commander un mojito quand son regard accrocha la dernière ligne :
Saké - Daiginjō-shu
Koshu
Elle se souvint alors du commissaire Lechat, toujours prompt à glorifier les bienfaits du saké, et décida d’y goûter. Sur les conseils du barman, elle opta pour un Koshu.
.Pas mauvais se dit-elle, mais je préfère le mojito !
Relevant la tête, elle s’aperçut que le barman la regardait au travers du miroir placé sur la desserte, derrière le comptoir. Un peu jeune, pour elle... mais pas mal... elle se dit qu’elle reviendrait volontiers boire un verre après avoir dîné. Elle sortit son mobile et composa un numéro.
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Au commissariat
À dix-neuf heures, le lieutenant Janeau s’apprêtait à quitter son bureau après avoir transmis son rapport concernant le meurtre de la journaliste. Il précisait que selon lui, elle avait été assassinée car elle allait lui fournir des informations sur le meurtrier de l’écrivain. Ou du moins c’est ce qu’a dû croire le meurtrier. Il n’avait pas fait mention de ses propos sibyllins concernant Adache, mais cela trottait dans sa tête, que voulait-elle insinuer par « connaissez-vous bien celle qui dirige l’enquête »? En y repensant, il se dit que sa cheffe avait eu une légère hésitation avant de répondre par une boutade ironique lorsqu’il lui en avait fait part.
Au moment de monter dans sa voiture, il s’aperçut qu’il avait laissé son téléphone sur son bureau, il repartit le chercher, en montant quatre à quatre l’escalier principal. Il avait eu un appel de Carelle, il la rappellerait plus tard, il redescendit, il voulait voir la légiste, si elle était toujours sur place.
— Bonsoir Docteur Singh, vous aussi, vous faites des heures sup. ?
— Oui lieutenant, et comme vous, non rémunérées, je serai, bien sûr, payée en congés supplémentaires... que je ne pourrai jamais prendre !
— C’est notre lot à tous. Passons ! Qu’avez-vous relevé sur le corps de cette malheureuse journaliste ?
— Elle a été abattue de deux balles de neuf millimètres en pleine poitrine, et est tombée en arrière à environ deux mètres du tireur. Puis il l’a achevée d’une troisième balle en pleine tête qui a causé sa mort. Les étuis ont été récupérés par vos collègues et les projectiles que j’ai extraits sont en cours d’évaluation par les services techniques. Sinon, son estomac ne contenait que du thé, vous deviez déjeuner avec elle, m’avez-vous dit ?
— C’est exact, nous devions parler du meurtre de Jacques Addit qu’elle connaissait… et …
— Et ?
— Non rien d’important en fait, merci, docteure, à demain.
En quittant le commissariat, son téléphone vibra dans sa poche. Tiens, encore Carelle, qu’est-ce qu’il lui arrive, se dit-il en le consultant. Il alla s’installer dans sa voiture avant de la rappeler.
JI 04/09/23
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