Partie 7 - 1
Le long voyage qui nous avait menés de Belgi à Ition-g, avant la mutinerie, avait laissé place à de nombreuses activités. J’avais excellé dans l’une d’entre elles, la course à pied. L’humaniformation et les changements qu’elle opérait sur nos corps pour les préparer à la vie sur notre nouveau monde ne les avaient pas altérés. Pourtant, je n’avais jamais eu de prétentions à des compétitions sportives. Je ne m’en étais jamais senti proche. Malgré tout, la nature en avait décidé autrement et l’avènement de cette capacité allait prendre toute son ampleur ce jour-là. Tapi dans la haute végétation, j’attendais le signal. Ma tête bourdonnait, mon cœur battait la chamade. Il fallait que ce soit fait. Tout le monde comptait sur moi et un membre de la décurie Arcourt.
La veille, j’aurais aimé ne pas avoir tant brillé sur le Markind 55 Cancri pour me terrer dans l’ombre de l’anonymat. Cependant, j’avais désormais une partie des clés de mon destin. J’étais le premier « appât ». Ma tâche n’avait rien de compliqué. Une dizaine de PIMs m’avait été remise. Je devais les mettre en ligne au signal donné, puis, sur chacun, établir une communication avec le camp embryonnaire Alpha. La suite était simple : courir.
Le cri retentit dans la vallée. J’allumais les PIMs dont certains faillirent me glisser des mains. Nous étions tellement habitués à le porter au poignet. L’initialisation de la communication me parut durer des heures. Une fois le message envoyé et la confirmation reçue sur le dernier, je le lâchais au sol comme s’il était devenu du métal en fusion. Mon corps fit le reste tandis que mon esprit s’était mis dans un état de pause, comme s’il attendait la mort. La distance à parcourir n’était pas importante, mais la végétation compliquait la progression, m’imposant de petits sauts réguliers. Enfin la cachette apparut. Je sautai les deux pieds en avant dans le trou créé la veille et me recouvrit aussitôt de la carcasse encore tiède d’un animal-roche m’offrant refuge malgré lui.
Quelques secondes plus tard, les tuyères de l’engin mortel rendirent inaudibles les bruits de la nature itionnaise. Je restais prostré fermant les yeux en espérant de ne pas avoir creusé ma tombe la veille. Le premier des dieux était arrivé.
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