Clicheur Texas Ranger

4 minutes de lecture

L’enquête traînait des pieds, et moi les pieds, j'les mets où j’veux, et c’est souvent dans le plat. Ah oui, d’ailleurs, je m’présente, pour les chanceux qui m’connaîtraient pas : Clicheur, Texas ranger, en mission. Bref, j’vous fais l’topo. Le refroidi s’appelait Clement. Bien un nom d’victime ça. Travail d’amateur, le tueur a mis qu’un g à faggot, foutu pays d'illettrés. Tout ce qu’on sait, c’est qu’l’arme du crime s’rait de type couscoussier. Autant dire qu’on pédale dans la semoule.

– Clicheur, arrête de clicher !

– Et mon pied dans ta gueule !?

Où en étais-je ? Ouais, on piétinait un peu, c’est vrai. Mais de là à c’qu’on me colle un nouveau partenaire ? Une fille, une latino, par d’ssus le marché. J’leur ai dit, hein, que je bossais en solo, rien à faire. J'dois me taper cette bleu-bite d’immigrée.

– Hello, i’m Dora. Il faut absolument que nous retrouvions l’arme du crime, peux-tu m’aider ? Fantastic !

Non mais r’gardez-là parler toute seule… Fuckin’ junkie…

– Hé, cervelle de guacamole, j’sais pas c’qu’on t’a appris à l’école de police du tiers-monde, mais maintenant t’arrête tes conneries.

– Je dois retrouver le couscoussier qui a tué Clement. Dis, couscoussier. Fantastic !

Misère, que l’on construise ce fuckin’ mur… La petite spick, elle commence à m’courir sur le chili con carne.

– Clicheur, arrête de clicher !

– Ta gueule ! Et si tu crois que tu vas m’apprendre mon métier, la bleusaille, tu t’mets l’doigt dans la fajitas.

– Où peut bien être ce couscoussier ? Est-ce qu’il est chez monsieur Ibrahim, le voisin de palier, ou bien chez madame Zimmermann, la voisine du dessus, ou…

– Quoi ? Attends, attends, t’peux répéter ?

– Aide-moi à trouver le couscoussier. Est-ce qu’il est chez monsieur Ibrahim, le voisin…

Oh mais oui, comment n’ai je pas pensé plus tôt à relever la liste des voisins. Mon flair de ranger s’allume, il y a là un cliché compromettant. Ce raghead est louche, c’est sûr, ou je ne m’appelle plus Clicheur.

– Ramène-toi, bleu-bite, on va aller causer au voisin.

J’enfonce la porte d’un coup de pied en hurlant “Police !”. Je plonge dans le couloir et au terme d’une d’mes meilleures roulades, m’relève dans l’salon, mon .500 magnum braqué sur Mouloud en djellabah qui en renverse son thé à la menthe, effrayé. L’a bien raison.

– Pose cette théière sans geste brusque, fuckin’ muslim, sinon j’t’envoie rejoindre les 70 vierges sans ta bite. C’est ça. Maintenant tu recules, les mains sur la tête.

– Mais, que…

– Ta gueule, t’as le droit de fermer ta gueule !!!

La situation est sous contrôle, le terroriste est désarmé, enfin j’veux dire, le tueur.

– Alors, fils de pute homophobe, t’as cru qu’dans c'pays, tu pouvais cogner sur les gays à la place des flics ? Pas d’chance pour toi, t’es tombé sur Clicheur. Les tueurs à la p’tite semoule, comme toi, j’en fais mon quatre-heures. Tu f’rais mieux de tout avouer tout de suite.

– Mais, mais, je n’ai rien fait moi, vous devez faire…

– M’raconte pas d’salade, tomate, oignon, Marmoud…

– Clicheur, arrête de clicher !

– Mais ferme ta pute de gueule, toi !!! Va chercher ton fuckin’ couscoussier !

– Yeah, fantastic ! Let’s go, allons-y !

– Reprenons, Marmoud, pourquoi t’as tué Clement alors ? T’aimes pas les gays à ce point ?

– Mais je n’ai pas…

– Ah oui ? T’as un ami bi pour le prouver, peut-être ?

– Vous voulez dire un alibi ?

– Non, motherfuckin’ dickhead d’homophobe, je te demande si t’as un motherfuckin’ ami bi.

– Heu, non.

– T’as pas d’ami bi ? Ecoute, face de tajine, si t’as pas d’ami bi, j’t’envoie au trou. C’est clair ?

– Mais, je ne vois pas le rapport.

– Oh, ti vois pas li rapport ? Ha ! T’entends ça, bleu-bite ? Bon, alors, mettons les choses au clair, Marmoud, moi, mon rapport, j’vais l’finir, et toi, c’est en vacances à Guantanamo beach qu’tu vas finir. T’inquiete que des rapports, t’en auras, mon mignon.

– Yeah ! Fantastic ! Tu m’as aidé à retrouver l’arme du crime. Grâce à toi, l’enquête avance. Nous devons maintenant trouver le mobile.

Putain, la petite spick a vraiment trouvé le couscoussier ? Elle est peut-être pas si nulle, après tout.

– T’as gardé l’arme du crime, Mouloud ? T’es vraiment qu’un amateur de merde. Ramène-le, Dora !

La v’là qu’arrive, l’engin de mort ent’ les mains tandis qu’le terroriste, j’veux dire, l’tueur - m’faites pas chier avec ça - persiste dans l’déni. Les preuves sont accablantes, pourtant. J’désigne une trace rouge sur l’socle de l’ignoble ustensile pas d’chez nous.

– Et ça, c’est quoi ? D’la harissa p’tet ?

Il s’confond en bafouilles tandis que d’un doigt sûr, j'goûte le sang d'la victime. C’est étonnant, pas à ça qu’j’m’attendais, foi de Clicheur.

– Hmmm ! Je vois, je vois. Bon, la bleusaille, attache-moi Marmoud au radiateur et appelle une équipe pour v’nir le ramasser. L’enquête n’est pas finie pour nous. Ce raghead n’a pas agi seul, crois-en mon expérience.

– L’enquête continue. Fantastic ! Où allons nous maintenant ?

– À l’étage, chez madame Fritzmann…

– Fantastic, nous allons passer par l’escalier, peux-tu dire escalier ? Wonderful ! Mais pourquoi ?

– Le flair, ma p’tite Dora, le flair. Le sang, c’tait pas du sang, ni d’la harissa…

– Fantastic ?

– C’était du fuckin’ rouge à lèvres.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Lucivar ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0