Une fois dans son bureau, elle relit pour la dernière fois les documents liés à l'affaire Parker. Effectivement, elle ne peut commettre aucune erreur pour attraper cette ordure. Maintenant qu'elle possède la main, étant en possession d'une pièce maîtresse, elle doit prendre toutes les précautions nécessaires. C'est pour cette raison qu'elle décide de faire une copie de la clé USB avant de la transférer sur un serveur externe sécurisé, dont elle est la seule à avoir la clé de cryptage, étant celle qui en a créé le codage.

Elle clique ensuite dessus et commence à parcourir les données. Après plus de deux heures à tout regarder et vérifier, notamment la fiabilité des documents, il n'y a plus aucun doute possible. Henri Parker est le coupable. En prenant compte des nouvelles preuves à son encontre, elle décide de monter un dossier afin de pouvoir en référer au juge, qui, elle espère, portera l'affaire devant la cour.

Épuisée, mais également satisfaite, elle prend les nouveaux documents avec elle afin de prouver à son mentor que personne n'est intouchable, pas même le préfet.

Pleine d'assurance, elle s'apprête à frapper lorsqu'elle entend plusieurs voix dans le bureau. Curieuse, elle appuie son oreille contre celle-ci pour écouter ce qu'il se passe. Elle reconnaît pour sûr la voix de son mentor, quant à la seconde, elle a un doute. Elle se concentre jusqu'à ce que le nom du préfet soit mentionné. Surprise, elle se redresse davantage, faisant les cents pas.

« Je comprends votre inquiétude, monsieur le préfet, mais faites-moi confiance d'accord. Vous ai-je déjà déçu jusqu'à aujourd'hui ?

— Non, effectivement, répond l'intéressé. Assurez-vous de vous débarrasser de cette fouineuse. Hanna Fields. Faites-le proprement, sinon je devrais m'en charger moi-même.

— Je ferai ce qu'il faut. En attendant, ne faites rien d'inconsidéré. Restez tranquille. Vous pouvez faire ça. »

En entendant ça, le cœur de la jeune femme bat si vite que l'on pourrait croire qu'il peut surgir à tout moment hors de sa poitrine.

Choquée par la vérité qui se trouve sous son nez, son souffle se fait plus court. Plus dur. Sa respiration devient de plus en plus difficile.

« J'avais raison. Logan McMillan est un pourri. »

Alors que son cœur continue de tambouriner dans sa poitrine, des pas s'approchent de la porte. Instinctivement, elle se cache derrière un pylône lorsque du coin de l'œil, elle aperçoit les deux hommes se serrant la main tout en se souriant. Comme une promesse silencieuse faites l'un envers l'autre. Sa tête commence à tourner alors que ses mains tremblent sous le coup de la rage qu'elle ne peut réfréner.

Une fois la préfet parti, elle sort de sa cachette, ne prêtant même pas attention à son mentor qui vient de l'apercevoir.

« Mademoiselle Fields, l'interrompt-il alors qu'elle continue son chemin. »

Imperméable à ce qui l'entoure, elle continue d'avancer, lorsque soudainement, elle perd l'équilibre. Elle se rattrape de justesse contre le mur près d'elle, ce qui interpelle Logan. Partagé entre l'inquiétude et le fait de ne pas se laisser attendrir, il décide de ne pas bouger. Cependant, il observe toujours la jeune femme, lorsqu'il voit qu'elle tient un dossier entre ses mains.

Hanna, qui, progressivement, reprend le contrôle sur ses émotions, se redresse avant de prendre une grande inspiration puis d'expirer lourdement. Elle sait que pour l'affaire Parker l'avantage est dans ses mains. Il est hors de question pour elle de se laisser abattre par un corrompu tel que Logan McMillan. Qu'il soit procureur, ou bien son mentor, peu importe. Pour elle, à ce jour, il n'est rien d'autre qu'une crapule de plus qu'elle traduira devant les tribunaux lorsque son moment sera venu.

Elle se tourne alors vers lui, l'observe un moment tandis qu'il ne bouge pas d'un millimètre. D'un pas assuré, elle le rejoint et se place face à lui. Elle le dévisage, tentant de déchiffrer son expression. Ses pensées, même les plus intimes, afin de s'assurer de ne pas regretter les futurs choix qu'elle fera et les décisions qu'elle devra prendre dans un avenir proche.

« Que faites-vous ici ? Avez-vous quelque chose à me dire ? Demande-t-il inconsciemment, un sourire malpoli étirant ses lèvres, ce qui agace fortement la jeune femme.

— Waouh, souffle-t-elle alors qu'un rire nerveux s'échappe d'entre ses lèvres. N'avez-vous donc aucune conscience ? Lance-t-elle tout ne le fixant amèrement.

— S'il s'agit de choses personnelles, sachez que je n'ai pas de temps à perdre, mademoiselle Fields.

— Non, bien évidemment, poursuit-elle sur un ton narcissique. Vous êtes bien trop occupé à vous remplir les poches. Ou bien à réfléchir à comment vous allez pouvoir vous débarrasser de moi sans vous salir les mains. N'ai-je pas raison ? Continue-t-elle alors que celui-ci se redresse soudainement, son sourire disparaissant aussi vite qu'il est apparu. Je ne vous ferai pas ce plaisir, affirme-t-elle tout en plaquant méchamment son dossier contre son torse. Que ce soit le préfet, ou vous, procureur McMillan, poursuit-elle avant de s'avancer dangereusement de lui, je ne vous laisserai pas tranquille. »

Elle approche ensuite son visage près du sien, lorsqu'elle s'avance davantage, collant ses lèvres à côté de son oreille.

« Aucune place dans ce monde n'est permise pour des pourritures telles que vous. Vous auriez dû me faire confiance, murmure-t-elle avant de reculer. »

Elle lui lance un dernier regard avant de lui tourner le dos puis de partir. Logan, pris au dépourvu, consulte le dossier qu'elle lui a remis. Surpris pas les récentes découvertes de la jeune femme, il pose son regard sur elle, avant de reprendre la parole.

« Pensez-vous réellement que ces nouvelles preuves suffiront à renverser le préfet ? Hurle-t-il tout en restant à sa place. »

Hanna se fige en entendant sa question. Ses poings se serrent, comme à chaque fois qu'elle ressent la colère l'envahir. Elle se retourne alors vers lui, se mettant subitement à rire, ce qui déstabilise Logan, qui ne comprend pas ce revirement soudain.

« Je ne serais probablement plus là pour le voir, pas vrai, lance-t-elle tandis que résonne le mépris dans sa voix. »

Le procureur, ne pouvant supporter davantage les paroles de la jeune femme la rejoint rapidement. Placé face à elle, il reste silencieux quelques secondes avant de reprendre la parole.

« Avez-vous déjà rencontré le mal, mademoiselle Fields ? »

En entendant la question, la jeune femme se raidit, son subconscient, subitement ramené trois ans auparavant. Incapable de répondre, Logan poursuit.

« Peut-être me suis-je mal exprimé ? Pensez-vous que nous sommes tous égaux ? Que nous sommes tous bons ?

— Non. Bien sûr que non. Je ne crois pas que nous naissions bons ou mauvais, procureur McMillan. Nous décidons de le devenir. Par les choix que nous faisons. Les décisions que nous prenons. Ce sont nos actes qui déterminent qui nous sommes vraiment. Tout est relatif. Il ne peut pas en être autrement. Pas vrai ? Conclut-elle alors qu'une larme coule le long de sa joue, prenant subitement conscience que son plan de vengeance a échoué avant même de commencer. »

Le jeune femme essuie ses larmes avec rage, faisant ainsi apparaître son arcade blessée, ce qui interpelle immédiatement Logan, qui fait un pas vers elle, lorsque celle-ci recule, plus par instinct que par peur.

« Repensez-y lorsque vous serez derrière les barreaux, lance-t-elle avant de lui tourner le dos puis de partir. »

À peine a-t-elle fait quelques pas que Logan la rattrape par le poignet, ce qui énerve la jeune femme qui réagit plutôt violemment lorsqu'elle se retourne vers lui avant de le gifler de toutes ses forces.

« N'abusez pas de ma patience, Logan McMillan, reprend-elle avant de partir sans jamais se retourner. »