Malaise

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Tandis que Jordan vient de quitter le bureau de Logan, celui-ci termine de clôturer son dossier pour son prochain procès qui aura lieu d'ici peu. Bien qu'il soit confiant, il sait pertinemment que s'il ne reste pas prudent, une simple erreur, ou ne serait-ce qu'un mauvais mot, pourrait ruiner tout son travail en quelques secondes. C'est une chose qu'il ne peut pas se permettre et qu'il refuse de voir arriver. Pas après avoir passé des semaines à travailler durement sur ce dossier pour s'assurer une condamnation quant à l'accusé.


Il quitte son bureau peu de temps après Jordan. Devant l'ascenseur, il appelle celui-ci, jetant ensuite un coup d'œil à sa montre. Quelques secondes plus tard, les portes s'ouvrent et lorsqu'il s'apprête à rentrer dedans, il reste figé devant l'ouverture de celles-ci. En effet, devant lui se trouve une femme inconsciente, allongée sur le sol. Instinctivement, il laisse tomber sa sacoche avant de se précipiter vers elle. Ce n'est qu'une fois tournée face à lui qu'il reconnaît Hanna Fields.


Il se rappelle alors les paroles de Jordan un peu plus tôt : elle paraissait confuse et désorientée. Il pose une main sur son front et s'aperçoit qu'elle a de la fièvre. Sans réfléchir, il attrape son téléphone et compose le numéro des urgences. Après deux sonneries, un interlocuteur décroche.


« Centre de secours, je vous écoute.

— Bonsoir. Je viens de trouver une femme inconsciente dans l'ascenseur de nos locaux. Son front est brûlant. »


Tandis que Logan explique la situation à l'agent du centre des secours, Hanna, progressivement, ouvre les yeux. Sa vision est floue et sa tête tourne. Il lui faut plusieurs secondes avant de s'apercevoir où elle se trouve et de la situation dans laquelle elle est. Réalisant ce qu'il se passe, elle tente de se redresser, mais n'y parvient pas.


C'est alors qu'elle aperçoit le procureur, à genoux à ses côtés, le téléphone à la main, en pleine conversation. Difficilement, elle arrive à poser sa main sur son bras, lui faisant comprendre de raccrocher. Celui-ci, surpris, ne peut pas quitter son regard d'elle, ne comprenant pas sa réaction.


« Pas... Pas d'hôpital, arrive-t-elle à articuler alors que sa voix est quasi inaudible à cause de sa fragilité actuelle.

— Qu'avez-vous dit ? Demande Logan qui ne comprend pas ses mots. »


Hanna le fixe, le suppliant du regard tandis que sa main est toujours posée sur son bras. Celui-ci, confus, approche lentement son visage près du sien, son oreille près de ses lèvres, lorsqu'elle répète.


« Pas d'hôpital, lance-t-elle avant de reperdre connaissance. »


Sa main retombe lentement sur le sol, tandis que Logan, anxieux, doit prendre une décision. C'est alors qu'il met fin à son appel avant de ranger son téléphone dans la poche intérieure de sa veste.


Il attrape ensuite la jeune femme contre lui, une main posée sous ses genoux, l'autre derrière son dos. Il la transporte jusqu'à son bureau, où il la dépose avec précaution sur le canapé, situé au fond, à droite de la pièce. Il se saisit une nouvelle fois de son smartphone et appelle son médecin traitant, lui expliquant la situation.


Le praticien arrive après vingt bonnes minutes et prend immédiatement en charge la jeune femme. Il passe un bon quart d'heure à l'examiner avant de parvenir à un premier pronostic.


« Pourquoi est-elle ainsi ? Demande Logan tandis que le médecin l'a rejoint. Que lui arrive-t-il ?

— À première vue, elle souffre d'hypoglycémie. Savez-vous comment s'est-elle blessée ?


En entendant ça, le procureur se redresse, surpris d'entendre une nouvelle fois que la jeune femme soit blessée, ignorant d'où proviennent ces blessures.


« Vous ignorez son état. Étonnant, sachant qu'elle est sous votre responsabilité, lance le médecin sur un ton amer.

— Docteur Price ! Hausse Logan, agacé par le comportement de son aîné. Pouvez-vous me dire quel genre de blessures est-ce ?

— Si je me fie à ce que je vois, arcade ouverte, poignet meurtri, sans parler de l'ecchymose dans le creux de ses reins, il ne fait aucun doute qu'elle a été battue. Tout du moins que l'on a essayé.

— Essayé ? Répète-t-il, soucieux.

— Étant donné l'angle des blessures et de leur emplacement, Je pense que cette femme s'est défendue, même si je ne peux pas le confirmer avec exactitude. 

— Vous êtes en train de me dire que quelqu'un s'en est pris physiquement à elle ? C'est bien ça, poursuit-il, les mains posées sur son bassin, réfléchissant aux événements passés. »


Réfléchissant aux faits, subitement, Logan comprend. Il sait que Hanna est partie rendre visite au préfet et que celui-ci lui aurait, à demi-mots, avoué sa culpabilité quant aux sévices commis sur sa fille. Sa rencontre avec Henri Parker ne s'est probablement pas passée comme elle le souhaitait. Il confirme alors que sa stagiaire n'est vraiment pas ordinaire. En plus d'être futée, elle semble également être têtue. Tout du moins, assez pour faire s'emporter monsieur Parker, qui, d'habitude, ne perd jamais son sang-froid. Sachant pertinemment de quoi cet homme est capable, Logan commence sérieusement à cogiter.


« Je vous remercie docteur d'avoir répondu à mon appel et de vous être déplacé à une heure aussi tardive.

— Bien que nos opinions divergent sur beaucoup de points, je reste avant tout médecin. J'ai une dette envers votre père. C'est aussi pour cette raison que je serai toujours là pour vous.

— Je sais, répond-il, un brin de culpabilité pouvant se lire dans son regard pour lui avoir hurlé dessus. Je le sais, répète-t-il tandis qu'il baisse son regard face au plus âgé. »


Le médecin reporte son regard sur la jeune femme avant de se retourner vers Logan.


« Ses blessures ne sont pas graves, elle s'en remettra, le rassure-t-il. Je lui ai donné un sédatif afin qu'elle puisse se reposer, car elle manque visiblement de sommeil. Veillez à ne pas faire comme avec toutes les autres. Même si je comprends les raisons qui vous incitent à agir de la sorte, poursuit-il alors qu'il s'est avancé vers lui, sa main posée sur son épaule. Cela ne veut pas dire que je cautionne votre attitude. Vous devez apprendre à lâcher prise et à savoir faire confiance, conclut-il pendant qu'il plonge son regard dans le sien. »


En entendant ça, Logan redresse son visage pour croiser le regard du vieil homme. Il prend ensuite une grande inspiration, puis expire péniblement avant de remercier une nouvelle fois le médecin. Les deux hommes se saluent poliment, lorsque l'aîné quitte la pièce.


Le procureur rejoint alors Hanna et s'assoit sur le fauteuil, près du canapé. Les coudes posés sur ses genoux alors que ses mains croisées reposent sur son front, il soupire bruyamment. Perdu dans ses pensées, il ne peut pas s'empêcher de penser à cette femme dont il ne sait rien et dont la présence à ses côtés n'est probablement pas une coïncidence. Il tourne son visage vers elle et l'observe un moment. Ses yeux se posent alors sur son arcade blessée, puis descendent progressivement vers son bras, dans lequel est posée une perfusion. Son regard se fige ensuite sur son poignet. Il constate effectivement les traces rouges sur celui-ci. Il secoue légèrement sa tête, contrarié par la tournure dont tournent les choses.


« Qui êtes-vous Hanna Fields ? Commence-t-il à dire. Que cachez-vous ? Pourquoi m'avoir choisi ? »


Autant de questions qui le tourmentent et pour lesquelles, il n'a cependant aucune réponse. Bizarrement, la nervosité commence à le gagner, pensant à ce qu'elle pourrait faire, ne connaissant pas les motivations de sa stagiaire. Est-elle là pour le soutenir, ou au contraire, pour le détruire ?


Ses pensées ne cessent de s'entrechoquer, quand la fatigue, progressivement, finit par le gagner et par l'emporter. Il s'endort dans son fauteuil, près de Hanna, qui elle, ignore à quoi s'attendre lorsqu'elle reprendra conscience.

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