IX.3 - 22h17
"Xiǎo Tào m’a dit que vous aviez des réponses, par rapport à la mort de Shēng Mìng. C’est pour ça que je suis venue.
— Bien entendu… (il repose sa tasse sur la table et place ses mains sur son genou gauche) Avant toute chose, puis-je vous demander ce que vous saviez sur votre mari ? Afin d'éviter de vous assommer avec des informations que vous connaissez déjà.
— Eh bien, Shēng Mìng est, enfin, était issu d’une lignée de Grands Seigneurs, qui a, entre autres, fait fortune dans la vente de mariages. J’ai déposé ma candidature il y a quatre ou cinq ans maintenant, et, après un entretien assez court avec sa secrétaire, on a pu m’arranger une rencontre avec lui. Comme un grand nombre de mes voisines, j’ai souhaité immigrer à Tiankong pour subvenir aux besoins de mon village. C’est ce que Shēng Mìng m’a permis de faire, en proposant une rente à un prix imbattable. De plus, je dois dire qu’il n’a jamais fait usage de la force avec moi, si vous voyez ce que je veux dire.
— Je vois, à mon grand désarroi, parfaitement de quoi vous parlez, soupire Dào Zhàn.
— Les lois de la ville étant ce qu’elles sont, j’ai dû commencer à vendre mon corps afin de payer ma nourriture, mais surtout d’envoyer de l’argent au village. J’aurais préféré travailler en tant que vendeuse – même s’il n’est pas reconnu ici, j’ai reçu un diplôme en psychologie de la vente à l’Université de Changsha –, mais aucun patron ne voulait prendre le risque de me recruter au noir. J’ai questionné Shēng Mìng à ce sujet, qui m’a dit que la Mairie subissait des pressions de plusieurs factions pour s’assurer qu’aucun étranger ne soit recruté sans justification particulière.
— Quelles factions ?
— Les Shouddhs et la Milice, principalement. Ne restait plus que la vente de drogue, que j’ai préféré éviter par peur du danger, ou… le métier que j’ai choisi.
— Vous êtes brave.”
Ce qui sonne comme une remarque ironique a l’air parfaitement sincère. Les yeux de Dào Zhàn, légèrement mouillés, ne flanchent pas lorsque je le dévisage.
“À vrai dire, je ne sais pas si j’aurais eu le courage de me résoudre à faire la même chose. Tout ça pour garantir une vie honorable aux vôtres, c’est tout à fait respectable. Qu’en penses-tu, Yīng Huā ?
— Je pense, répond cette dernière, que vous avez fait preuve d’une patience assez exceptionnelle. Quatre ou cinq ans ainsi, ce n’est pas donné au premier venu.
— Le village s’est modernisé à grande vitesse, on m’a dit que je ne le reconnaîtrai pas, quand j’y retournerai.
— Je veux bien le croire ! Cinq ans à vivre un faste tiankongais, ça vous transforme à jamais. Avez-vous remarqué un changement chez votre mari, cette année ?
— C’est-à-dire que… il me semble que son train de vie s'est amélioré.
— Entre 568 et 569, il est passé d’une nuit à peine éclairée au jour le plus éclatant, en effet.
— Le dernier matin, il m’a annoncé baisser la rente de 10 000 satvas.
— Ce qui vous faisait, finalement ?
— 35 000 satvas par an.
— Je le savais, grommelle Yīng Huā.
— De quoi est-ce que vous parlez ?
— À un tel taux, explique Dào Zhàn, il vous le vend à perte ; d’après les informations que nous avons recueillies, et les Sages savent à quel point l’industrie du mariage est un milieu opaque, une rente devrait coûter au moins le double, si ce n’est le triple de ce montant. La moyenne, chez la plupart des syndiqués, tourne aux alentours de 130 000 satvas par an.
— Pourquoi est-ce qu’il y a besoin de demander de tels montants ?
— Les autorités aiment les bons parfums, les vêtements convenables, qu’on paie de quoi soulager leur conscience le soir, dans leur lit… Tout ça a un coût. Votre mari ne vous a pas expliqué la cause de cette baisse… ?
— Avant de partir, si, je me souviens… Il m’a informé du fait qu’il avait “diversifié” ses activités.
— Et il n’a rien dit de plus ?
— Rien de plus, non.”
Yīng Huā et Dào Zhàn se lancent un regard entendu. Ce dernier reprend une tasse de thé et l’avale en trois gorgées à peine, fait claquer sa langue sur son palais, recoiffe nerveusement ses mèches, et déclare :
“Jiēshòu, ce que je m’apprête à vous révéler n’a rien d’officiel, je me base sur des rapports rédigés par mes hommes, que j’ai envoyés infiltrer le Syndicat et Menxiang Shiyé. Xiǎo Tào vous a mise au courant, pour l’implication du conglomérat, n’est-ce pas ?
— Le jour de l’entretien avec le Maître des Shouddhs.
— Bien… Dans ce cas, je ne reviendrai pas dessus. En ce qui concerne le Syndicat, j’imagine que votre mari a soigneusement évité de le mentionner, mais il y existe un certain nombre de factions. Il serait impossible de toutes les mentionner, au vu de l’absence complète de transparence qui y règne. Néanmoins, mes hommes ont pu en identifier trois majeures : les Apôtres de la Renaissance, les Gardiens, et les Smissoniens.
— Qui correspondent à ?
— Les Apôtres de la Renaissance, pour le dire simplement, entretiennent des liens étroits, tant idéologiques que politiques, avec les Shouddhs. Soit dit en passant, des rumeurs courent sur le fait que le PDG de Menxiang Shiyé est proche de cette tendance. Les Gardiens forment la faction conservatrice, favorable au statu quo. La lignée de Shēng Mìng en est historiquement proche. Ils entretiennent une collaboration étroite avec le groupe qui contrôle le Siège Bouddhiste depuis une quarantaine d’années, le Néo-Vajrayana. Une partie importante des employés et cadres inférieurs de Menxiang Shiyé y est également rattachée. Enfin, et après, j’arrête de vous noyer d’informations, les Smissoniens, faction libérale, sont proches d’un groupe marginal au Siège Bouddhiste, et des cadres intermédiaires de Menxiang Shiyé, lesquels souhaitent accéder au sommet de la pyramide.”
Il me faut un instant pour digérer toutes les informations, puis pour mettre en lumière une incohérence frappante :
“Vous voulez donc dire que les liens entre MS et le Syndicat sont étroits à tous les échelons ?
— C’est ce que décrivent les rapports.
— Alors, dans ce cas, comment le Syndicat peut-il laisser le conglomérat participer à l’assassinat de ses membres ?
— Nous mettons le doigt sur le nœud de cette affaire, Jiēshòu”, répond Dào Zhàn, sinistre.
De la commode aux hérons, il sort quatre narcohols en acier gravé et un petit sac de sucre en poudre.
“Tenez, Xiǎo Tào, fait-il en tendant l’une des pailles. Jiēshòu, vous inhalez ?
— Non, merci.
— Bien. Aspiration”, ordonne Dào Zhàn.
Les murs se creusent sous nos yeux, puis finissent par laisser passer une légère brise fraîche. Dào Zhàn tend une autre paille à sa femme avant se rasseoire sur un divan.
“Dites-moi si la fumée vous gêne ; c’est un narco de bonne qualité, vous ne devriez rien sentir.”
Il tire une longue bouffée, ravale une tasse de thé, puis me lance un sourire à demi-chagriné.
“Maintenant que vous avez répondu à mes questions, c’est à moi de répondre aux vôtres. Je suis navré d’avance de ce que je vais devoir vous dire, Jiēshòu, et, croyez-moi, j’aurais aimé qu’il en soit autrement. (Il tire une nouvelle bouffée, comme si tout son calme en dépendait) Reprenons depuis le début. Je vous ai parlé des trois factions majeures du Syndicat, vous ai dit que la lignée Juān Xiàn Zhě faisait partie de celle des Gardiens. Ceci dit, et c’est un détail tout à fait surprenant, il faut savoir que votre mari avait rompu avec le reste de sa famille un peu plus d’un an auparavant, en rejoignant les Smissoniens. Vous avez déjà entendu ce terme, avant ce soir ?
— Jamais.
— Ce n’est pas étonnant, il est un peu passé de mode. C’est un dérivé du nom d’un vieil économiste, Smith.
— Smith ? Ça ne me dit rien du tout.
— Il a marqué la société d’avant la Guerre Finale, et, indirectement, a contribué à lui donner la direction désastreuse qu’elle a prise. Même si lui a été très loin d’en voir ne serait-ce que les balbutiements.
— Il a vécu il y a environ mille ans, explique Yīng Huā.
— Tout ça pour dire, reprend Dào Zhàn, que ce nom, à l’origine, a été remis au goût du jour du temps de ma vingtaine, et était utilisé comme une insulte. Les Smissoniens ont fini par le reprendre à leur compte et, si j’en crois les bribes d’informations auxquelles j’ai eu accès, ses membres eux-mêmes l’utilisent.”
La silhouette de Mílè apparaît dans l’embrasure de la porte. Sans que j’aie le temps de l’appeler, il se rue sur mon divan et s’étale de tout son long sur mes genoux. Une expression attendrie passe sur les visages de nos hôtes.
“Votre mari, donc, a choisi de rompre avec sa famille, tant politique que génétique, pour se rapprocher des Smissoniens. En dépit de ses revenus modestes, il en est devenu l’un des membres les plus importants. Sa verve et son charisme ont tout de suite braqué les projecteurs sur lui.
— Vous dites qu’il n’avait que des revenus modestes ? Pourquoi, dans ce cas, avoir vendu des mariages à un prix si bas ?
— Excellente question, Jiēshòu, répond Dào Zhàn, lèvres comprimées en une expression furieuse. Il faut savoir que votre mari faisait partie de cette race d’hommes pour laquelle l’argent n’est jamais qu’un commencement. Non, lui voyait plus loin, plus haut. Il voulait transformer la société en profondeur, faire s’effondrer tous les rouages qui l’ont soutenue jusqu’ici, pour bâtir mieux, plus librement. Vous surprendrai-je en vous disant que la destruction du mariage représentait le premier pas vers son projet ? Qu’aucun barrage moral n’aurait pu retenir les flots de son appétit ? Car c’est bien d’appétit et non plus de raison qu’on parle, lorsqu’un homme vend jusqu’aux dernières miettes de son âme pour le goût de la transformation. Les libertaires comme lui se promènent, filet de bave sous la bouche, à l’idée d’obtenir plus de droits ; toujours plus de droits. L’odeur de l’autorité les fait fuir comme les moustiques fuient la citronnelle ! Hier, ils ont réussi à décapiter les Dieux sur la place publique : premier obstacle à leur monde parfait, dégoulinant de vertu, qu’ils projettent d’instaurer depuis des siècles, et ce, que le petit peuple attaché à ses racines en ait cure ou non ! Aujourd’hui, ils ont réussi à corrompre la famille à tel point que cette notion n’a plus le moindre sens, tant amants et époux ont pris pour habitude de partager les mêmes maisons. Ne soyez pas surprise lorsque vous entendez, au loin, les universitaires faire passer le polyamour pour un modèle d’avenir. Ha ! Quel égoïsme, de ne vouloir ni partager sa femme, ni en laisser d’autres vous tâter le coin des muscles ! L’estomac des libertaires gargouille, lorsqu’il sent que la société dit “non” au plus minuscule de leurs caprices. Alors, il leur faut sortir les crocs et préparer leur grand renversement. D’abord, leurs discours marginaux sont entendus dans les amphithéâtres, devant des masses d’enfants abrutis par l’argent de leurs parents, lesquels, ensuite, font circuler l’épidémie dans les comités des entreprises, qui, à leur tour, imposent aux petits employés de suivre les nouvelles normes, d’accepter d’être contaminés par cette peste progressiste, de se laisser labourer le visage par ces furoncles dont on leur dit qu’ils sont porteurs de liberté. En une génération ou deux, voici qu’un monde solidement ancré sur ses appuis menace de tomber dans le ravin. Pour peu que cette chute se fasse sous une pluie de délices babyloniens, qu’elle ait le goût du champagne, de la poudre de champignon et des corps entassés après une orgie, alors tout va bien ! La faim assouvie, on n’entend plus les grondements libertaires pendant quelque temps. Et puis, l’instinct étant ce qu’il est, les revendications puériles finissent par ressurgir ; alors ces zombies suspendus à leurs systèmes hormonaux reprennent la marche et entreprennent la phase finale de leur projet – phase dans laquelle nous nous situons – : renverser le pouvoir, décapiter, une bonne fois pour toutes, le Roi afin que la Déesse Liberté prenne sa place. Ses racines remplacent celles du vieux peuple, et, alors, peut commencer le déversement de son venin à l’allure de miel. Sa férocité – car il est bien connu que les plus grands apôtres de la Liberté sont les plus prompts à faire couler des rivières de sang – peut s’exprimer sans limites, jusqu’à ce que le pays tombe, comme à chaque fois, et que le peuple aux racines rongées par les drogues, le sexe à outrance, les fausses croyances et surtout les faux espoirs se laisse disparaître à son tour, pour finir dans les pages des manuels d’Histoire.”
Ses tempes se sont faites humides, son regard est devenu un véritable brasier. Il tire une nouvelle bouffée sur sa paille et reprend :
“Votre mari, et, à vrai dire, le reste de sa faction ont trempé dans tous les types de marchés, des plus légaux aux plus illégaux, afin de rembourser les pertes qu’il subissait sur la vente de mariages. Importation de matériel cybernétique, d’animaux de laboratoire, achat de parts dans les casinos souterrains, recel d’armes… L’argent n’a pas d’odeur, hm ?”
Shēng Mìng ? Vraiment ? Comment est-ce qu’il aurait pu faire quelque chose comme ça ? Je… Une sensation de nausée, à peine atténuée par la ventilation de la pièce, finit par envahir mon estomac.
“Dans quel but est-ce qu’il a…
— Ça, Jiēshòu, nous ne le savons pas encore, répond Yīng Huā. Si nous avons proposé à Xiǎo Tào de vous inviter ce soir, c’est en partie pour tenter d’élaborer un plan avec vous afin d’élucider ce mystère.
— Avec moi ? Vous ne pouvez pas faire appel à vos hommes ?
— Hélas, non, je crains que le Syndicat et MS ne surveillent leurs moindres faits et gestes. Nous avons retrouvé des mouchards sur deux d’entre eux, et il ne s'agit certainement que de la pointe de l'iceberg.
— En tout cas, je n’ai pas les compétences requises pour arriver à récupérer des informations aussi confidentielles.
— Au contraire, assure Dào Zhàn, vous avez l’habitude de fréquenter les milieux d’affaires, et, si ce n’est pour votre génétique, vous avez tout d’une haut-gradée. L’apparence, la compréhension de la psychologie des hommes…
— Où est-ce que vous voulez en venir ?
— Promettez-moi de ne pas vous emporter, s’il vous plaît, demande Yīng Huā.
— M’emporter ? Pourquoi ça ?
— Promettez-le, il est possible que notre offre vous offense, bien que ça n’en soit pas le but.
— Hm… D’accord.
— Dào Zhàn ? demande sa femme en regardant vers la porte.
— Je reviens.”
Les rougeurs sur son visage se sont légèrement atténuées, tandis que les traces de sueur ont fini par s’assécher. Il pose son narcohol sur la table et sort du salon, avant de revenir une minute plus tard, accompagné des deux chiens, une micro-tablette d’un modèle inconnu dans les bras. Il la pose délicatement à côté de la théière, et d’une pression d’un bouton sur le côté, projette une interface holographique. Dessus, un dossier contenant cinq fichiers. Dào Zhàn presse l’icône du premier, une photo d’un homme relativement charmant, cheveux à la militaire, rasé de près, en vic-tuxedo noir avec de vagues reflets dorés. La photo semble avoir été prise lors d’une conférence de presse, si j’en crois l’élévation de la table derrière laquelle est assis l’homme, entouré de trois gardes du corps. Dào Zhàn effectue un zoom sur son visage. La résolution de la micro-tablette est si précise que j’aperçois quelques rares imperfections sur sa peau, épargnées par le maquillage.
“Bái Hú Li, il fait partie des 1 % de Menxiang Shiyé. Il est à quatre étages à peine en-dessous du PDG dans la pyramide. Je sais de source quasi sûre qu’il a trempé dans le complot visant les Smissonniens.
— Vous voulez que j’aille lui soutirer des informations ?!”
Yīng Huā place la paume de ses mains dans ma direction et me sourit discrètement, alors que son mari referme la photo pour ouvrir un autre fichier. Cette fois, une affiche représentant un penthouse dans un style à mi-chemin entre le post-neuropéen – visible notamment dans l’absence complète de courbes à l’extérieur de l’appartement – et le barococo – cette fois employé pour la représentation des jardins lévitants –, mélange qui suinte le mauvais goût à plein nez. Au-dessus, Célébration de la fête du Paon est écrit en grosses lettres-mandalas.
Encore un caprice graphique de grand bourgeois…
“Comme vous pouvez le voir, les gros bonnets du conglomérat ont prévu de se retrouver d'ici à deux semaines. Inutile de vous dire que Bái Hú Li ne manquera l’occasion pour rien au monde.
— Et vous voulez que je m’y rende… c’est ça ?
— Sur un autre fichier, nous avons préparé un modèle pré-rempli de carte d’identité, sur lequel il ne reste plus qu’à apposer un visage.
— D’accord, soit, supposons que je vous suive…
— Permettez-moi, avant de vous laisser continuer, de vous assurer que ce travail ne sera pas fait gratuitement, assure Yīng Huā. Une partie importante de l’avenir de Tiankong reposera sur vos épaules, ainsi, il sera plus que juste de vous rémunérer à hauteur de vos efforts. Rémunération qui peut être financière, ou administrative…
— Ou les deux, reprend Dào Zhàn.
— Je comprends. Et quel est votre plan ?
— Vous voyez, Jiēshòu, les deux derniers fichiers du dossier sont un topo, l’un sur Bái Hú Li, comprenant une biographie sommaire, d’un peu moins d’une dizaine de pages, ainsi qu’une liste d’éléments exploitables afin de parvenir au but.
— C’est-à-dire ?
— Ses goûts, les sujets qui l’intéressent, ses objectifs au sein du conglomérat… Tout ce qui pourrait être utile pour le pousser à baisser sa garde. L’idéal serait de le séduire et, une fois dans sa chambre, de passer à l’action.
— Le dernier fichier, quant à lui, explique Yīng Huā, l’air de rien, est un topo sur la personne fictive que vous allez incarner : Chén Yuè.
— Ne me dites pas que je vais voler l’identité de quelqu’un ?
— Absolument pas ! Cette femme n’a jamais existé, nous avons inséré manuellement son nom dans le Registre. Il s’agit officiellement de la fille illégitime d’un assureur expatrié dans le Dixieland. Vous trouverez une biographie d’une trentaine de pages à son sujet, qu’il vous faudra apprendre d'ici à deux semaines. Dedans, vous trouverez également les raisons qui la poussent à participer à cette soirée.”
Xiǎo Tào, Yīng Huā et Dào Zhàn reprennent place dans leurs divans et semblent pendus à mes lèvres. Je sens un certain plaisir à éprouver, pour une fois dans ma vie, le sentiment de la domination sur autrui. Je fais mine de me creuser les méninges afin de trouver une réponse, comme si j’avais le luxe du choix. Puis, l’air détaché, je finis par approcher mon visage de la micro-tablette et déclare :
“C’est d’accord. Allumez l'appareil photo.”
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