XI.2 - 13h56
Nous avons continué à discuter de tout et de rien, de mes yeux d’enfants lors de la visite de la galerie des Nouveaux-Arts, de nos courses de karts aériens, tout près de la cime des immeubles, des raclées qu’il m’a mises au billard et de celles que je lui ai infligées dans la cage de gym martiale, de ces soirées arrosées, occupés à refaire le monde, de ces heures englouties dans les jardins modulables, sans jamais recroiser deux fois le même arbre, de la matinée où il avait récupéré cette petite boule de poils qui deviendrait Mílè… La sonnerie de ma micro-tablette retentit avant que la discussion ne s’approche irrémédiablement des événements les plus récents.
“Allô, Jiēshòu ? demande une voix brouillée.
— Qui est-ce ?
— Ce matin, des oiseaux sont venus se poser à ma fenêtre.
— Très bien, je viens voir ça.”
La voix raccroche. Zhī-Lì me dévisage.
“C’est… un code, tu comprends pourquoi on l’a mis en place. Je dois y aller. Ça m’a fait du bien, ce repas ; merci beaucoup.
— Y’a pas de quoi, je te raccompagne.”
Une voiture aux vitres teintées se tient éteinte devant la devanture du restau-café. Pas de plaque d’immatriculation, et pour seul accueil une porte qui s’ouvre automatiquement sur une banquette vide.
“Je… il fait flipper, ton taxi, rit Zhī-Lì, gêné.
— J’avoue qu’on a déjà fait mieux par le passé.
— Bon, tu me raconteras. Ça va aller ?
— Oui, je pense. Je suis rechargée. Je te contacte dès que possible.”
Je m’installe sur la banquette, la portière claque derrière moi. Je reconnais sur la nuque du conducteur l’une des cicatrices d’un des gardes de Dào Zhàn.
“Paix et Honneur, Madame”, déclare ce dernier d’une voix sans émotion avant d’enclencher le contact.
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