I.4. - 21h00.

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 Le robot-cuiseur lance ses trois Fa-La-Si : le repas est prêt. La hotte avale une épaisse volute de vapeur, alors que le four redescend en intensité.

“Plat prêt à être consommé !” déclare la machine.

 Le drone cuisinier attrape un plateau, un bol, des baguettes et un peu de sauce soja. Ses petites mains écaillent délicatement les œufs et les déposent dans le bol. Puis il agrippe le tout à ses crochets et me dépose le repas sur la table basse. Je retire la télécommande de la gelée et lance un vieux film.

 Au programme : une énième histoire européenne avec des explorateurs perdus dans une contrée au milieu de la jungle. Quelque chose dans l’atmosphère de ces films me ramène en enfance : la vision de ces maisons parfaitement intégrées à la végétation environnante a quelque chose de charmant.

 J’engloutis le contenu du bol en quelques minutes et sens les effets du piment sur le pourtour de mes lèvres. J’appuie sur pause et vais prendre une douche.

 L’odeur du dernier client, la sensation de ses mains bouillantes et de la sueur disparaissent dans la bonde avec les coulées de savon à l’orange. Après m’être rincée de la tête au pied, des bourrasques d’air chaud prennent le relais et me ramènent au sec en quelques instants. J’enfile une culotte et un vieux t-shirt avant de retourner sur le canapé.

Les yeux de l’acteur sont restés rivés sur leur cible ; une sorte de caricature de vieux chaman armé d’un gourdin. Je relance le film. Une détonation éclate et, en hors-champ, on comprend que le vieil indigène a rendu l’âme.

La banalité du scénario me laisse franchement perplexe. J’ai l’impression d’avoir vu et revu la même histoire des dizaines de fois.

“Combien de temps avant le réveil ?

— Il vous reste… 8 heures et 56 minutes, répond Fó.

— Bon… il est l’heure d’y aller, dans ce cas.”

Le Bouddha holographique fait passer un jet d’air parfumé sous et sur la couette avant de me souhaiter une agréable nuit. L’appartement se met à trembler. Je m’empresse de remettre la télécommande dans la gelée et déploie la cage d’insonorisation autour du lit avant de m’y engouffrer.

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