Ange et démon
Il était une fois, à l’époque d’avant le temps,
Alors que le soleil et la lune n’habitaient pas le firmament,
Sur une île tout au bout du monde,
Un petit homme habitait une maison ronde.
D’ailleurs, ce n’était pas un homme, mais un petit elfe teigneux.
Très malin, certes, mais tout aussi grincheux.
Sa chevelure était rousse comme le feu,
Des émeraudes très claires comme couleur d’yeux.
Sur ses terres, très peu connaissaient son nom,
Car personne ne venait visiter sa maison
Mais ceux qui l’ont connu s’en souviendront,
À l’époque, ils l’appelaient Gyron.
De nul être, il n’aimait la compagnie,
Et vivait donc seul dans son petit nid.
Jadis, il avait une charmante femme,
Mais par malheur, elle périt dans les flammes.
Un incendie qui survint dans leur petit cocon,
Lors d’une matinée tranquille, en fin de saison.
Depuis ce jour, il n’avait qu’une grande frayeur :
Tout source de feu, ou ce qui produit de la chaleur.
Puis un soir, une ange et un démon
Vinrent le voir devant son habitation.
Lui Solanoïstos, elle Louna,
Pour se présenter, c’est les noms qu’elle donna.
Elle n’était pas anodine, cette apparition
Car les deux avaient une sérieuse proposition.
De l’aide de l’elfe, ils avaient besoin,
Pour enfin vivre leur vie main dans la main.
« Une malédiction nous accable, expliqua le démon.
Les êtres célestes ne veulent nous accorder le pardon.
Car une flamme brûle entre nos cœurs,
Ce qui est mal vu, d’après ses sœurs.
Aux oreilles du père, elles sont allées rapporter
Qu’elles nous vîmes ensemble, le temps passer.
Leurs langues, fourchues comme des serpents,
Ont débité toutes sortes de boniments.
Aussitôt su, le père a agi,
Et d’un mal terrible nous a serti.
Si par malheur, trop près de l’autre nous restons,
Dans l’espace à jamais, nous errerons.
Voilà où tu interviens, continua l’ange.
Il y a un moyen d’ôter ce qui nous dérange.
Une potion qui nous libérerait,
Mais sur Terre, on ne peut rester.
Si tu acceptes cette mission,
Généreusement, nous te remercierons.
Car comme tu le sais, anges comme démons,
Certaines capacités, nous possédons. »
Mais l’elfe trouvait ça suspect,
Et refusa d’écouter leur souhait.
« Pourquoi d’entre tous, c’est moi que vous venez trouver,
Alors qu’avec vos pouvoirs, vous pouvez tout régler ?
Car j’ai ouïe dire que tu étais fin stratège,
Redoutable pisteur et poseur de pièges.
Pour cette aventure, ce sera nécessaire,
Car il te faut t’emparer d’animaux peu ordinaires.
Tout d’abord, Bianca, la belle araignée
Dans une grotte au bout du monde, elle est située
Sur une terre nommée l’île bannie
Car c’est bien tout le contraire du paradis.
Un extrait de sa toile sera utile pour la potion
On dit qu’elle emprisonne tout, même les malédictions.
Grâce à ça, nous serons délivrés
Mais des ingrédients, il reste à trouver.
L’abeille Meluka, pour ne citer qu’elle
Un vrai défi pour tes bras tout frêles.
Constamment protégée par ses mille enfants,
Tu ne pourras pas t’approcher facilement.
De son venin tu devras t’emparer,
Il guérit n’importe quoi, s’il est bien dosé.
Au sommet de l’arbre Lag’aor elle est nichée
Tout au Sud, tu pourras le trouver.
Pour finir, il nous faut un lézard.
Par n’importe lequel, il n’y a pas de hasard.
Celui là est pro à cache-cache,
Le trouver sera la plus difficile de tes tâches.
Dans le désert Egart, au Nord, il se terre
Son talent sera utile pour échapper au père.
S’il nous enseigne toutes ses malices,
Alors nous pourrons échapper aux célestes vices.
Tout cela est très bien, répondit l’elfe Gyron.
Mais ça me soulève tout de même une question
Je n’ai toujours pas, sauf omission,
Compris mon intérêt pour cette mission.
Petit elfe, je comprend ta méfiance,
Mais la fin est grande, fais-moi confiance.
Si tu y parviens, comme grande récompense,
Tu pourras parler à la personne de tes romances.
En effet, on peut te faire rencontrer Phylia.
C’est le nom de feue ton épouse, n’est-ce pas ?
Nos pouvoirs divins briseront le temps et l’espace
Pour qu’elle soit près de toi, là où est sa place.
Tu la verras comme au premier jour, et ce sera réciproque.
Sur vos yeux un sort vous projettera à la belle époque.
Celles où vos cœurs battaient en harmonie,
Bien avant ce terrible incendie.
Si ce que vous dites ne sont pas des mensonges,
Alors votre mission j’accepte, sans doute je m’y plonge !
Revoir ma Phylia fait battre mon cœur
Et m’aidera dans mes tâches, pas le droit à l’erreur !
Attends petit elfe, ne t’emballe pas tout de suite.
J’aime ton impatience, mais ne va pas trop vite.
Tu ne peux entreprendre cette mission en solo,
C’est pourquoi je te confie mon amie Pyro. »
Elle sortit une flasque de sa tunique
Et prononça une formule, sans doute magique.
Gyron, sous ses yeux devenus ronds,
Vit apparaître devant lui un petit dragon.
Il n’était pas très grand, pouvait tenir dans la main
Mais tout comme l’elfe, il avait l’air malin.
Un petit hydre rouge, l’air renfrogné
Mais cette épaisse couche cachait un cœur épais.
« Il t’aidera dans ton aventure
Car il est très utile, sois-en sûr
Sa taille dissimule d’énormes capacités
Dont tu sauras trouver l’utilité.
Vous voulez que je sois accompagné d’un dragon ?
Désolé mais non, c’est hors de question.
Depuis que ma Phylia est morte dans ma maison
Toutes les flammes me donnent des frissons.
Alors on panique ? se moqua Pyro.
Sois tranquille, aucune flamme ne touchera ton dos.
Ce n’est pas pour le feu que je viens avec toi
Mais pour te transporter d’endroit en endroit.
Libre à toi de vouloir marcher,
Mais avant la fin du siècle, tu n’auras pas terminé.
Je suis peut être petit, mais il ne faut pas s’y fier,
Sans problème aucun, je pourrai te faire voler.
Il est très pratique, mais fait attention,
Repris soudainement le puissant démon.
Tu ne pourras pas l’appeler tout le temps,
Seulement 3 fois, il répondra présent.
Chaque apparition puise dans l’énergie vitale
Pour Louna ou moi, ça ne procure aucun mal
Mais pour toi, petit être mortel,
Si tu en abuses, tu monteras vite au ciel.
Soit donc prudent dans ton usage,
Fais en sorte qu’il n’y ait nul gaspillage.
Pour accomplir pleinement ta mission
Il te faudra faire preuve de modération.
Il est temps d’y aller, conclut Louna
Notre malédiction nous rattrape à grands pas.
Je me sens faible et ratatinée.
Signes évidents que nous devons filer.
Je te souhaite du courage, petit elfe malin
Nous nous retrouverons sur la montagne noire
Lorsque tu auras accompli ton devoir
Et que tu auras tous les animaux en main. »
Après de dernières salutations,
Ils disparurent dans un grand éclat.
Un trou dans le sol pour le démon,
Une envolée céleste pour Louna.
Gyron se saisit d’un grand sac en toile
De plusieurs pièges et potions
Puis une fois près, il mit les voiles
Vers sa première destination.
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