Bianca l'araignée
Sur le dos de Pyro, il survola la mer
En direction de l’île bannie
Là-bas, de tout cœur il espère
Réussir son premier défi.
Ils arrivèrent un jour plus tard, tôt le matin
Aux abords d’un lac, sur une plage de sable fin
À peine posé, Pyro s’envola aussitôt
Dans un éclair orangé, sans dire un mot.
L’elfe entreprit son périple autour de l’île
Pour débusquer Bianca l’araignée
Il marcha à s’en rendre débile
Ces traces de pas, il les avait déjà croisé.
Il comprit rapidement qu’il tournait en rond
Car il aperçut plusieurs fois le même horizon.
De cette terre, il avait déjà fait le tour
Sans pour autant finir son parcours.
« Je vois, tout ça est une illusion
Conclut-il finalement, simple déduction.
Quelque part non loin, je sais qu’elle se terre
Mais il me faudra ruser pour trouver son repère.
Déjouer une chimère n’est pas chose aisée,
Je le sais bien, j’en ai moi-même inventé.
Dommage pour elle, la parade je la connais,
Il me faut dorénavant progresser les yeux fermés.
Il se coupa du monde pour ne plus se faire avoir
Et compta sur ses autres sens pour le guider dans le noir.
Cet elfe malin s’était bien entraîné
À faire confiance à ses oreilles, ses mains et son nez.
Il confia dès lors à son instinct
La tâche de lui montrer le chemin.
Il marcha, croirait-on, au hasard
Mais il suivait la bonne direction, comme muni d’un radar.
Il zigzaguait entre la végétation
Y allant doucement, tranquillement, à tâtons.
Lorsqu’il fut certain d’être arrivé à destination
Il ouvrit les yeux et retrouva sa vision.
Se tenait devant lui un octopode géant
Aux tentacules énormes, semblables à des serpents.
Son torse, ses yeux, même ses dents,
Tout chez cette araignée était imposant.
Elle était perchée à quelques mètres du sol
Et le toisa méchamment, comme s’il était venu pour un vol.
Sur lui, elle se prépara à bondir,
Et dans sa toile, l’enfermer pour le punir.
« Que viens-tu faire chez moi, me déranger ainsi ?
Es-tu venu prendre mon trésor ou mes œufs toi aussi ?
Qu’avez-vous tous à me chasser de la sorte ?
Je n’ai jamais demandé l’attention qu’on me porte.
Je ne suis pas un voleur, répondit Gyron
Je suis venu te demander ton aide
Car j’ai eu la visite d’une ange et d’un démon
Qui ont besoin de toi pour un remède.
Ta toile a de grands pouvoirs, m’a-t-on dit
D’où la raison de ma présence ici.
Je te demande de bien vouloir m’accompagner
Pour nous rendre à la montagne noire et les soigner.
Je ne quitte jamais mon île, la réponse est non.
Dehors, trop de gens me chassent, des voleurs et des sales cons
Ici, grâce à mes ruses, je suis en sécurité
Car rares sont ceux qui peuvent me trouver.
Je n’avais pas eu de visite depuis un certain temps.
Tu es la première créature que je vois en mille ans
Je n’en suis pas ravie, ça n’augure rien de bon.
Tu es venu jusqu’ici, ça veut dire que d’autres suivront.
Si quelqu’un découvre que je me cache là
Ma belle terre tranquille se transformera.
La plage, les forêts et mon terrier,
En terrain de chasse se verront modifiés.
Je comprend ta réticence, chère Bianca
Et je suis triste que tu ne viennes pas
Je vais prendre mes affaires et partir
Et sur ton île ne plus jamais revenir.
Tu as réussi à déjouer mes pièges et mes illusions
Je ne peux donc te laisser t’en aller.
Je ne crois pas que tu sois ici sans raison
Tu finiras donc ta vie dans mes filets. »
Mais l’elfe avait tout prévu
Et se doutait qu’il ne serait pas le bienvenue
Pendant son périple, il avait réfléchi
À un moyen de capturer l’ennemi.
L’araignée lui bondit dessus,
Mais, surprise, il avait disparu.
« Tu n’es pas seule maîtresse des illusions,
L’art de la tromperie, j’en possède aussi le don. »
Il apparaissait partout, dans un brouillard ou un reflet
Il semblait y en avoir des dizaines, des centaines, des milliers.
Bianca, complètement déboussolée,
Ne savait plus quel Gyron chasser.
Paniquée, mais pas découragée,
Elle lança sa toile dans toutes les directions.
Au moins, elle était sûre de le toucher,
Et dans sa toile, l’enfermer pour de bon.
« Tu pensais m’avoir d’une manière aussi grotesque ?
Je dois dire que c’était bien joué, tu y étais presque.
Mais tes petits tours de passe-passe ne fonctionneront pas
Sur une pro de la ruse telle que moi.
Gyron s’était-il fait avoir ?
Avait-il succombé à la toile du désespoir ?
Que nenni, vous vous en douterez bien,
Car comme elle, il était très malin.
Son illusion, il l’avait préparé
Avant même qu’ils se soient rencontrés.
Ce n’est jamais à lui qu’elle avait parlé,
Mais toujours à l’un de ses reflets.
Il transportait avec lui des centaines de miroirs,
Grands ou petits, certains fins comme des rasoirs.
Il les avait disposé tout autour de son nid
Sans qu’à aucun moment, il ne soit surpris.
Ce n’est qu’après qu’il était allé lui parler
Pensant converser avec l’elfe, elle s’était faite berner.
Lorsqu’elle attaqua, c’est là qu’elle se fit avoir,
Car ses lancers de toiles n’étaient pas au hasard.
Il avait malicieusement disposé toutes ses glaces
Pour que les toiles de Bianca finissent à la même place
Et lorsqu’il coupa le gros nœud qui les liait,
Son adversaire était pris dans ses propres filets.
« Voilà qui est fait, je suis désolé.
Je sais que ton île, tu ne voulais pas quitter.
Mais tu dois absolument venir avec moi
Pour que je puisse revoir ma douce Phylia.
Il utilisa une potion étrange,
Qui rapetissa Bianca à la taille d’une orange
Ainsi il put la mettre dans son sac
Et prit la route inverse pour retourner au lac.
Sur place, il appela Pyro,
Qui était surprit de le voir en un seul morceau.
« Alors, tu as réussi ta mission ?
Oui, elle est dedans, c’est notre nouveau compagnon.
Parfait, alors ne perdons pas de temps
Après l’araignée, place à l’abeille
Prenons la route rapidement
Et quittons ce pays des merveilles.
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