Le lézard du désert

9 minutes de lecture

Cet ultime trajet n’était pas le plus long

Ils parvinrent promptement à destination

Une mer de gravier rouge comme le feu

Qui s’étendait jusqu’au contact des cieux.

La chaleur y était palpable,

Elle émanait de chaque grain de sable

Cette fois-ci, son épreuve serait double,

Car, je vous le rappelle, la chaleur le trouble.

Il n’était pas à l’aise dès qu’il faisait chaud

Les flashs de l’incendie lui revenaient soudain

Les flammes ardentes qui prirent sa femme trop tôt,

Un brasier violent qui à une vie mit fin.

Mais cette fois-ci, il n’avait pas le choix.

Il voulait, non, devait revoir Phylia.

À cet espoir, il s’accrochait sans cesse

Pour, dans cette quête, ne pas sombrer dans la paresse.

Lorsqu’il posa ses pieds dans le désert,

C’est le moment où tous ses doutes s’éveillèrent.

Était-il de taille pour trouver un être

Que même les immortels ne pouvaient reconnaître ?

Ses peurs étaient trop fortes et s’emparèrent de lui

Lorsque le temps salvateur lui accorda de la pluie.

La fraîcheur apportée par cette intempérie

Lui firent reprendre confiance et cesser sa folie.

Il devait vite trouver l’objet de sa quête

Car dans le désert en journée, sa malice s’arrête

La chaleur du sable chaud l’accablait

Et, de correctement penser, l’en empêchait.

Il profita de ces gouttes de pluie

Pour réfléchir posément à une stratégie.

Il ne pouvait pas, sur le lézard, se concentrer

Uniquement à la fin de la journée.

Il utilisa la toile de Bianca

Pour, au-dessus de sa tête, fabriquer un toit.

Le tissage, vraiment résistant,

Emprisonnait tout, la pluie et le vent.

Une fois la météo plus clémente

Il replia la toile qui lui servait de tente.

Il pouvait reprendre sa traque de l’animal,

Dernière étape de sa chasse infernale.

Il profita des accalmies pour couvrir du terrain

Le désert Egart lui paraissait sans fin.

Mais il marchait sans dévier

Le moindre grain de sable, il devait scruter.

La journée, il se mettait à l’abri

Sa toile improvisée lui accordait du répit.

Ça l’embêtait de ralentir ainsi,

Mais cette chaleur étouffante figeait son esprit.

Un énième soir, lassé de ce rythme saccadé,

Il demanda conseil à Bianca l’araignée.

Un peu ronchonne de s’être faite capturer,

Elle était, dans un premier temps, mécontente de lui parler.

« Je suis désolé Bianca, mais tu dois me comprendre

Pour la potion des deux autres, il me faut ta toile.

Les apparences sont contre moi, c’est à s’y méprendre

Mais tout cela fini, tu pourras mettre les voiles.

Si ça peut te convaincre, envers toi je m’engage.

À la fin de l’aventure, je te ramène sur ton île

Et je construirais un immense barrage

Pour qu’aucun autre aventurier ne te mette en péril.

Tu ferais vraiment ça, tu me le promets ?

Mais oui Bianca, je ne tiens pas à te peiner.

Alors dans ce cas, je veux bien t’aider

Et les capacités de mes fils, t’enseigner les secrets.

Tu le sais déjà, mes toiles sont peu ordinaires,

Elles emprisonnent tout ce qu’elles touchent, n’importe quelle matière.

Mais une fois l’élément prisonnier,

Elles en font ce qu’elles veulent, peuvent même le libérer.

N’importe quand, n’importe où,

Elles peuvent relâcher ce qui était sous leur joug.

Pour ça, il suffit de demander,

L’élément que tu veux délivrer.

Alors ça c’est pratique, répliqua Gyron.

J’ai déjà une idée de leur utilisation.

Lorsqu’il pleuvait, j’avais fait un abri grande taille

Des belles gouttes d’eau doivent être prises dans leurs mailles.

Je te remercie Bianca, c’est une info utile

Même la journée, je pourrais traquer le reptile

Quant à toi, tu retrouveras ton abri

Et il sera protégé, je te l’ai promis. »

Il reprit sa marche jusqu’à l’arrêt du vent,

Jusqu’à ce que l’air se fasse trop étouffant.

À ce moment, il appliqua la technique apprise

Pour, de ce mercure élevé, se libérer de l’emprise.

Pensant n’avoir capturer que les gouttes de pluie,

Il fut enchanté de voir jaillir l’ombre de la nuit.

Mieux, un superbe vent de fraîcheur,

Vint alléger la poursuite de son labeur.

Néanmoins, sa tâche n’était toujours pas aisée,

Il sillonna le désert pendant une éternité

Passant, repassant par des coins déjà visités

Sans pour autant apercevoir l’animal convoité.

Sa traque dura longtemps, peut être plusieurs jours,

Plusieurs semaines ou plusieurs mois, elle dura toujours.

Si bien qu’à force, ce désert sans fin,

Il le connaissait aussi bien que le dos de sa main.

Nul part il ne vit l’ombre d’un terrier,

D’une grotte, d’une caverne, d’un endroit où s’abriter.

Rien qui attestait l’existence de sa cible

N’était-elle qu’une chimère ? C’était de plus en plus possible.

L’ange et le démon se jouaient-ils de lui ?

Et pour s’en débarrasser, l’auraient envoyé ici ?

Mais pour quoi faire, dans quel but,

Seraient-ils venus jusqu’à sa hutte ?

Il voulut appeler Pyro et rentrer chez lui,

Dire à ses commanditaires qu’il n’avait pas réussi

Lorsque, malheur, il réalisa

Que son ami le dragon ne viendrait pas.

À trois reprises, il était déjà venu,

Pour Bianca, Meluka, et ces terres perdues.

Même le lézard en main, il serait coincé

Et la montagne noire, il ne pourrait gagner.

De désespoir, il s’écroula sans tendresse

Se laissant inonder par une incroyable tristesse

Il ne savait pas quoi faire, ni quoi penser

Pour se tirer de là, il n’avait aucune idée.

Il resta allonger pendant des heures,

À fixer le ciel, son tombeau.

Il ne ressentait rien, n’avait même pas peur,

Finalement, il reverrait sa femme bientôt.

Il ne réfléchissait pas, était résigné,

Tant qu’il ne voyait pas, à côté de lui, le sable bouger.

Une petite créature pointa le bout de son nez

Et se mit proche de lui pour lui parler.

« Et bien alors petit elfe, tu as arrêté de me chasser ?

C’est dommage pourtant, on rigolait bien.

Ça m’amuse de voir des gens tourner et tourner,

Pour espérer me trouver, en vain.

C’est donc toi l’animal des légendes ?

Celui qui échappe à tous, même aux célestes ?

Peux-tu me laisser seul, je te le demande,

Tu le vois bien, j’ai échoué au test.

Tu ne tournes même pas la tête pour voir mon visage ?

Alors ça, ça ne m’était jamais arrivé.

On est en plein désert, tu dois être un mirage

Quelqu’un qui a cette chance, pourquoi s’en priver ?

À quoi bon te voir, ma mission est impossible.

Te capturer toi, qui est constamment pris pour cible.

J’aurais pu faire le tour du monde sans finir mon labeur

Ta technique de camouflage résiste à tous tes chasseurs.

Il n’y a rien de plus satisfaisant que de les voir partir

La queue entre les jambes, se demandant si j’existe

Alors que je ne suis jamais loin, je les observe pour rire

Tous ces marchands, braconniers, arrivistes.

Mais toi tu n’es pas pareil, tu es différent.

Tu attises ma curiosité, tu es intéressant.

Dis-moi donc petit elfe, pourquoi es-tu là ?

Qu’es-tu venu faire aussi loin de chez toi ?

Ce n’est pas ma volonté de te mettre la main dessus

Mais celle de deux êtres maudits, presque déchus.

Une histoire entre une ange et un démon

Malheureusement frappés par une malédiction.

Ils veulent te rencontrer, parler avec toi

Pour apprendre tes secrets, échapper aux divines lois.

Tu résistes depuis tellement longtemps à tous les yeux

Qu’user de la même technique serait utile pour eux.

Quel est ton intérêt à toi, dans cette histoire ?

Quelle serait ton prix en cas de victoire ?

Je ne peux pas croire que tu viennes pour rien,

Ou simplement pour aider des êtres divins.

Tu as raison, j’ai effectivement un intérêt,

Ils m’ont promis, en échange, une incroyable récompense.

Je pourrais, pour quelques instants, voir ma bien-aimée

Avec les yeux de l’amour et de l’insouciance.

C’est donc ça ta motivation, l’espoir d’un regard ?

Tu n’es pas comme les autres, avide d’argent ou de pouvoir ?

Tu ne fais ça que pour une occasion ?

Sachant que ce temps ne sera pas long ?

L’argent ne m’intéresse pas, j’en ai suffisamment.

Le pouvoir est nuisible, je vis simplement.

Depuis presque 520 ans,

Je vis privé de celle que j’aimais tant.

Pour toi, c’est sans doute du gâchis,

De faire tant d’effort pour un si petit prix

Mais cette promesse est ce qui fait battre mon cœur

Et qui m’empêche de sombrer dans la torpeur.

Son regard parfait, ses cheveux d’or

Son sourire hypnotique, son superbe corps.

Nos cœurs en osmose, nos deux âmes liées

Tu ne peux pas comprendre ces sensations enflammées.

Ce sentiment, je ne l’avais jamais eu,

Celui qui, malgré toi, te fait te sentir nu

Lorsque des yeux azurs plongent dans les tiens,

Et qu’une personne au cœur pur te prend par la main.

Ce n’est même pas des montagnes que tu pourrais déplacer.

Lorsqu’elle te sourit encore, sans le poids des années.

Le temps n’avait aucune emprise sur notre passion

La flamme brûlait ardemment, sans interruption.

Je l’ai aimé, je l’aime et je l’aimerai.

Aucun force dans l’univers ne pourrait changer ce fait.

Si on m’offre de la revoir, même pour quelques secondes

Je te jure que, sans hésitation, je déplacerais le monde.

Tu es dans ce désert, vivant seul depuis toujours

As-tu seulement, dans ta vie, connu le grand amour ?

Celui pour qui tu vis, la raison de te lever ?

Celui pour qui, sans l’ombre d’un doute, tu pourrais crever ?

L’explication te paraît futile, si tu n’as aucun ami

Si tu te méfies de tous, que le monde est ton ennemi.

Mais ne juge jamais de la détermination

Lorsqu’elle est motivée par une telle raison.

C’est vrai que je suis seul depuis l’aube de ma mémoire.

Des amis, une famille, je n’en ai jamais eu l’espoir.

Je ne fais que fuir ce qui me pourchassent

Ne laissant personne, dans mon cœur, avoir sa place.

Je ne saisi pas ta motivation, mais ça a l’air magnifique

Et tu me vois navré que ta vie ait viré au tragique.

Comme je te l’ai dit, tu es différent, tu m’inspires confiance.

À toi et toi seul, je vais accorder une chance.

Je vais te suivre de loin, jusqu’à ta destination,

Tu ne me verras pas, je serais dans tes talons.

Car là est mon secret, je me cache juste sous votre nez

Là où personne ne pense jamais à regarder.

J’apprécie ton aide, mais ça ne sert à rien

Car je suis bloqué ici, dans ce désert sans fin.

Celui qui me transportait ne peut plus venir

Car s’il apparaît encore, je risque de mourir.

Donc tu es venu chez moi pour rien ?

Sans plan B, sans, pour partir, un autre moyen ?

Moi qui te prenait pour un elfe malin,

Je me rends compte que tu n’es qu’un crétin.

C’est l’effet de l’amour, j’étais trop enthousiaste

Trop excité, je n’ai pas pensé aux détails.

J’avais un objectif, je n’ai pas vu plus vaste

Que ma rétribution à la fin de ce travail.

Donc tu vas mourir ici, c’est ça la fin de l’histoire ?

Tu vas t’allonger dans le sable et attendre ta fin ?

Même pas un petit combat, une élan de désespoir ?

Une ultime idée pour que ça finisse bien ?

Dans tous les sens, j’y ai pensé

J’ai même songer d’y aller à pied.

Mais la destination est tellement lointaine,

Que ça me prendra bien plus que quelques semaines.

Je n’ai aucune idée, aucune solution

Rien qui pourrait m’aider dans cette situation.

À moins que tes tours te permettent de voler

Ou à la vitesse de l’éclair, de te déplacer.

Malheureusement non, je ne suis qu’un lézard

Qui use de ruse pour échapper aux regards.

Je n’ai aucun autre secret dissimulé,

En tout cas, rien pour, dans le ciel, m’envoler. »

Mais alors que tout espoir était perdu,

Se produisit un événement inattendu.

Un vrombissement sourd se fit entendre au loin

Qui s’approchait d’eux rapidement, ils en étaient certain.

Gyron scruta l’horizon et vit un être de merveille,

Une forme qui ressemblait grandement à une abeille

Il fut pris d’une joie immense et cria sa joie

Lorsque se dessinèrent les traits de Meluka.

La reine des abeilles était venu jusqu’à lui

Avait-elle, au loin, entendu son dépit ?

Peu importe le pourquoi, il était trop heureux

De cette aide inespérée pour quitter ce lieu.

« Je me suis inquiétée lorsque je ne vous ai pas vu

À l’endroit du rendez-vous, à l’heure convenue.

Vous m’aviez mentionné votre escale ici

C’est la raison de ma venu, voir s’il y avait un souci.

Ta présence est salvatrice, tu tombes à point nommée

Jamais, je ne pense, je pourrais te remercier.

Tu l’as déjà fait, espèce de gros bêta

Te rappelles-tu que tu as sauvé mon toit ?

C’était plutôt à moi de te venir en aide.

Rendre la pareille à mon ami bipède.

Allez, grimpez vous deux, allons-y promptement

J’ai encore à nourrir des milliers d’enfants.

Le reptile se cacha dans le sac de Gyron

Il l’aidait, certes, mais ne voulait attirer l’attention.

Le trio prit la route loin de ce territoire

Pour rejoindre ensemble la montagne noire.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Eddy Abalo ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0