Des ans
20 ans
On a beau dire, on a beau faire, mais s’la couler douce, ça a du bon.
J’étais là à bander encore, petit matin, dans mon lit. A travers les persiennes, le soleil, la petite musique et elle à nous préparer le café.
La gueule dans l’oreiller, l’odeur de nos sueurs, de notre nuit à se mélanger envahissait mon cerveau. Cette amertume, comme une essence. Une huile essentielle à mon bonheur. Je la connaissais quoi, depuis douze heures. J’ai vite su que j’étais amoureux. Je me méfiais un peu, que j’avais encore un peu de notre saoulerie d’hier dans le cornet, mais , mais oui je croyais bien, je l’aime .
Putain, nous étions saouls, nous étions beaux, dans la rue, la nuit, titubant à la Lune rousse. La soirée d’anniversaire de sa cousine avait fini tout comme ça. Ensemble, ivres et heureux, imbéciles à chanter dans les rues, à danser sur les passages piétons.
Pour tout finir à ce matin où le réveil avait eu la saveur du bonheur.
Je l’entendais vomir dans les toilettes, je me voyais sourire, je m’entendais penser : « C’est elle ! » Le robinet s’était mis à couler, la chasse à s’enclencher. La cabine de douche avait grincé, l’eau claquetait. Je fermais les yeux. Elle m’agaçait déjà. Je l’aime . Une fois que la douche n’a plus bruissonné plus, il s’est passé cinq, dix minutes comme ça, en suspension. Elle est arrivée, ensuite, plateau à la main, en sous-vêtements, sentant la grenade. Je la détestais. Il n’y avait plus de doute.
« Voilà tout comment cela s’est passé » que je lui ai dit à Marc, mon marron, mon poteau. D’abord il m’a charrié, ensuite il a paniqué. Il m’a dit « fais gaffe ».
Putain, mais j’étais heureux, moi, je les emmerdais tous avec leur prudence. Vivre d’amour et de bière fraîche ça me suffisait entièrement.
Elle non plus m’a pas cru au début. Je veux dire que je n’allais pas la laisser filer comme ça, comme une de passage. Elle les connaissait les comme moi qu’elle disait.
Moi, si tôt notre première nuit, j’étais déjà passé au coup d’après. A la fusion. Je voulais qu’on vive ensemble, qu’on dorme ensemble, qu’on se réveille ensemble, qu’on mange ensemble, qu’on chie ensemble, qu’on s’lave ensemble, qu’on rêve ensemble. Je voulais cette fusion. Je voulais et j’en avais besoin, tout comme une obligation sur le marché. J’avais des envies anthropophages. Bref, ça était tout comme le grand Amour.
Elle avec, je crois. On se volait tout ça pour de bon. Les grandeurs des premiers moments.
Nous nous étonnions chaque instant, tout naïfs, tout candides. Nous n’arrêtions pas de baiser, de rire, de faire des petites fantaisies. Les premiers moments ont toujours cette ivresse de l’inhibition. Parfois dangereuse, tant qu’assez souvent, nous roulions bourrés le long de la nuit pour voir le soleil se lever sur la mer, pour aller sur le haut d’une colline et baiser à la Lune. Parfois dangereuse, tant qu’assez souvent, ivre, me venait l’idée de nous crasher dans un ravin histoire de figer la beauté de notre Amour.
En somme, tout cela nous scellait infiniment, l’un dans l’autre. Nous dégoulinions tout à fait de cette euphorie de cette ivresse. C’était grand, c’était immense. Il y avait l’infini des possibles devant. J’en étais même rendu à me croire capable à envisager le bonheur.
« Toutes les histoires commencent pareil » me disait il Marc. Je crois qu’il y avait de la jalousie là-dedans. Pas de la gonzesse que j’avais au bras, de l’Amour. Marc était plutôt du genre à se faire larguer souvent. Mais, à sa défense, avait des conquêtes régulières. Je crachais à la tronche de son pessimisme. Plus rien ne pouvait m’atteindre, me sensibiliser. J’étais sauvé, j’étais Jésus et cette histoire était mon miracle.
Chaque matin, je la voyais partir ; par la fenêtre, sa silhouette. Chaque matin, j’avais envie de courir pour l’attraper, l’enlacer, l’embrasser. Puis je me rappelais que j’étais tout à poil. Alors, je me retournais et souriais connement. L’État de grâce allait être éternel.
Plus je m’approchais d’elle, plus je m’éloignais de Marc. On ne se comprenait plus tout à fait à vrai dire. Lui, toujours à me dire à faire gaffe, moi, toujours à me pavaner de cette amour folle. Ça n’avait plus grand intérêt de toute façon. Les coups dans les troquets s’écartaient petit petit avec. On n’avait presque plus rien à se dire en somme.
Des mois que ça a duré cette histoire là. Tout au centre de nos folies, de nos escapades, de nos liaisons, de nos corps et nos cœurs liés. Je priais, secrètement, pour que tout cela dure.
Il y a dans le sentiment amoureux, cette flamme, ce volcan qu’on ne doit jamais prendre pour éternel. J’avais lu ça dans un bouquin. Avec l’histoire de Marc. Je lui en avais parlé à ma gonzesse. Je lui avais dit. « Ma belle, même si je crois que c’est de conneries tout ça, même si je crois que c’est juste écrit par des aigris, faut qu’on en bouffe tant qu’on nous en donne ». On en prendra toujours qu’elle m’avait répondu. Ça m’avait tout à fait rassuré, par là.
Peu à peu, indéniablement, nous étions entrain de construire un truc bien plus grand que nous. Peut-être plus moi qu’elle d’ailleurs, à y penser avec un peu de recul. Mais peu importe. J’étais moteur, je balançais tout mon énergie à essayer de la séduire chaque jour, chaque instant. J’envisageais, je projetais de grands avenirs pour nous. Les immensités devant, à venir ! Oui j’étais tout comme ambitieux. Je nous voyais tout à fait bohème à vivre à poil tout le temps. Je nous voyais calmes et paisibles. Je nous voyais petits bourgeois dans une belle maison de ville. Je nous voyais tout à fait nature à la campagne. Je nous voyais heureux et indestructibles. Je nous voyais multiples et immenses. Vieux et paisibles. Jeunes et fous.
Je nous voyais éternels et beaux.
Peu importait le scenario, au fond, il y avait le grand Amour.
Un matin, un soir peut-être, je ne sais plus très bien, l’image devient flou chaque fois que j’y pense. L’atmosphère comme suspendue entre le jour et la nuit, entre la clarté et le brouillard. L’extérieur n’est pas resté dans ma mémoire, le focus gardé sur nos deux corps. Assis dans le canapé, elle avait couché sa tête contre mon épaule. J’avais passé mon bras autour de son cou.
« Si annonciations qu’il y avait un marmot, là. » elle frottait ses mains sur son ventre en formant des petits cercles. « Ça deviendrait quoi notre vie ? Aujourd’hui, demain, après-demain ? À 40 ans, à 60 ans ? »
Je n’ai rien répondu, j’ai fermé les yeux et je l’ai serré plus fort encore. C'était l'envol quoi...
40 ans
Les miracles n’existent pas, mais ce n’est pas si pire.
Ma vie n’est pas formidable, mais ce n’est pas si pire.
Je suis vivant ; c’est ce que je me disais. Ici. Seul. Loin. Parti.
Barcelone.
J’errais en ses seins, dans ses veines. La foule à contre-sens. Quand arrivèrent Las Ramblas, j’eus envie de vomir, la gerbe haute et fière. Tout me semblait dès lors compromis. La ville, la vie, les possibles.Plus que des boutiques de luxe, de bouffe, de pacotilles en parrure. Plus rien de bien réel au fond, dans l'un, dans l'autre.
J’ai 38 balais maintenant au cul. Je me suis dit vas-y file, mon vieux. Abandonne et tente. Laisse et essaie.Autre chose, ailleurs. Je me suis dit, c’est la crise de la quarantaine, rien d’autre. Reste et résiste. Patiente et tiens.
Je suis parti. Je n’ai pas fui, au contraire de ce qu’on pourrait croire en me voyant ici. Fuir, c’est quitter quelque chose, quelqu’un, une situation. Moi, je n’ai rien quitté ; quelques détails peut-être. Ma femme, mes gosses, ma jeunesse.
C’est dans cet état d’esprit que je suis arrivé ici, persuadé à fond que tout allait devenir possible envisageable.
Je ne lui avais pas dit grand-chose, avant que de partir. Besoin de temps, de me retrouver, blablabla...Elle n’avait pas répondu grand-chose avant que de me laisser partir. Je ne comprends pas, d’accord, d’accord, blablabla.
J’avais donc rempli un petit sac, acheté un petit billet et étais parti petit petit. Pour Barcelone, donc. Je ne sais trop pourquoi j’avais choisi cette ville. Tête de liste sur expedia.fr. Souvenir d’un week-end jeune.
Au moment de, je ne lui ai pas dit au revoir, elle ne m’a pas dit adieu. Tout deux comme étonnés de la situation, de cette rupture. Sans heurts, sans violence. Et la distance.
Arrivé ici, je vibrais tout entier, corps et cerveau. Tout pouvait venir, les kilomètres dans les bouchons, la chaleur étouffante n’y faisaient rien, j’avais le sourire grand ouvert.
Le taxi s’était arrêté à une centaine de mètre de l’hôtel. Le secteur piéton m’obligeait de finir le chemin à pied. Sorti de la voiture, le soleil, les venelles de vents, les ruelles traversantes agissaient sur moi comme catalyseur à un souffle nouveau. Une vie où les possibles n’étaient plus illusoires. Un truc du style, du moins.
Une fois arrivé dans la chambre d’hôtel, la fatigue évaporée sous la douche, devant moi, s’ouvrait cette ville, cette vie. J’allai donc m’y engouffrer aussitôt. Tout à fait.
Je n’ai jamais réussi ni à singer, ni à signer, ni à négocier et encore à marcher droit. Je m’étais pris tout cela en pleine gueule, même pas quelques pas plus loin. La putaterie de la ville, de la vie, de mon état.
Ça puait. La masse, le botox et les pepettes. La fausse effervescence et la fausse jeunesse. La fausse séduction.
Ou bien était-ce moi et mon aigreur qui suait soudainement. Je ne savais plus trop où j’en étais, j’étais perdu au milieu de la foule, vacillant. Les images se superposaient, les couleurs avec. J’oscillais, je me troublais. Au vite, alors, je rentrais dans le premier bar, demandais une bière. J’en ai bu six, goutte à goutte, goulée à goulée.
Je suis sorti de là, les branleurs à casquette, les bimbos quinquas et les clochards ne me faisaient plus rien. Je pouvais reprendre ma marche.
La place royale grouillait de belles familles attablées, des couples légitimes et interdits. Tout ça se mélangeait aux jeunes embierrés. Moi, je faisais du 360° en sens arrière. Autour parlaient-ils espagnols, catalans, français, russe, je n’écoutais plus personne. Je filais, marchais, plus à l’Est encore. Vers la mer. Vers Barceloneta. Soleil tapant désormais tout à fait, j’allais faire quelques haltes dans de vieux troquets encore avant d’arriver.
Bondée, bien sûr, la plage m’avait vite fait débandé. Il y avait des jeunes, beaucoup de jeunes, de la musique puis un nouveau vieux con. Quoi de mieux pour trouver cela mou du genou. Le fait était là, j’avais fini par vieillir, par commencer à pourrir de l’intérieur, du cerveau et du reste. Tout m’usait, tout me fatiguait, me rognait. Et encore plus, les jeunes puceaux et leurs energies.
Je vagabondais sur la promenade longeant les plages encore quelques temps. J’étais pas loin d’être saoul, d’être crevé de toute cette énergie qui débordait du sable contre mon enlisement.
Un peu plus loin, assis à cette terrasse, je prenais conscience. Allait falloir se coltiner tout ça, la réalité en pleine tronche maintenant. Il n’y avait bien entendu nul part où aller, nulle fuite possible. J’avais 40 ans. Presqeue. On ne change plus beaucoup à 40 ans.
Alors puisqu’il n’y avait plus que ça à faire, j’allais pour de bon me saouler la gueule, rien qu’une dernière fois, pour mon propre enterrement. J’avais maintenant accepté. Oui, j’allais me mettre de travers et retrouver ma femme demain, lui dire je t’aime, des trucs comme ça, du genre.
Petit matin, crâne fragile, il n’y avait plus rien, plus personne autour de moi. De cette plage, on y voyait plus que le bleu horizon. Quelques minutes plus loin, j’y avais plongé tout entier à poil comme un asticot. Le soleil s’élevait, et moi, je bandais encore.
Au même moment, plus au Nord, fermait-on la porte pour une dernière fois.
Cette ville est une pute. Agicheuse, langoureuse, sexy parfois et, sans retenue, donnée à tous et à toutes.
60 ans
Je me suis rasé la barbe. Je me suis coiffé. Je me suis lavé sous les bras ; lavé les dents. Je ne sais pas ce qui m’a pris, loin de mes habitudes tout ça. Ouais, j’étais un vieux dégueulasse, jusque là. Je ne sais pas, j’avais envie de paraître. Dans le miroir, ça commençait à changer pas mal. Bien sûr, la bibine, le tabac et les ans donnaient à ma gueule toujours cette ombre mortelle à venir, mais il y avait du mieux. A poil, devant le miroir, je me mirais, me regardais, me décortiquais. Ce n’était certes pas exceptionnel au niveau du corps, mais je dois avouer que je m’en sortais pas trop mal étant données les circonstances. Bref, pour résumer et pour être clair, j’avais quinze années de moins au niveau du corps, quinze années de plus au niveau de la gueule, et tout juste quinze ans au niveau de la cervelle.
J’avais dans les quarante quand elle m’a quitté, quand ils m’ont quittés. Ma femme, mes gosses, mon boulot.
Je ne sais pas trop ce que j’avais fait pour. En fait si. Tout simplement n’importe quoi. J’avais un peu vieilli, j’avais pris peur, et au lieu de lutter contre, j’avais agi en beau lâche. J’avais fui, simplement. Barcelone. Arrivé là-bas, bien entendu, je m’étais vite rendu compte de la connerie de mon geste, du genre de stupidité. Il n’y a, bien vu, aucune fuite possible en ce monde, aucun ailleurs possible. Avec un léger décalage, donc, je m’en étais aperçu. Trop tard, donc, ça avait fait mouche déjà. J’étais revenu rapido pour leurs dire que je les aimais, que je l’aimais. Elle s’était barrée rapido pour me dire que j’étais un gros con, un égoïste et un lâche. N’avait-elle pas tort à l’époque.
Bref, depuis ce soir de retour, puant la mort et la vinasse, je m’étais laissé aller petit, petit.
Alors,
Alors, savoir pourquoi, ce jour, je voulais relancer la bécane. Je n’en savais fichtrement rien. Rien n’avait changé pourtant, aucun signe. Je m’étais juste réveillé un jour comme ça avec l’envie de. Inexplicable et gratuit.
Maintenant que j’étais beau, fier et mince, il allait bien falloir que je me décide pourquoi, pour qui.
Le flot de la rue m’emportant, je pensais bien aller voir du côté de ma femme, de mes gosses, mais le résidu de raison qui me restait m’en dissuada aussi sec. Affronter sa condition dix ans trop tard, ça ne faisait pas d’autres sens que de remuer le limon et les larmes sans autre dessein.
Ayant donc mis une croix définitive sur cette option, il m’en restait une infinité d’autres. C’est au fond cela le plus angoissant quand on décide d’essayer de nouveau. Ne pas savoir où aller. Devant l’infini des options, ne pas réussir à se décider sur ce qu’on pourrait devenir, tout ancré dans la mélasse, dans le passé et la paresse que nous avons été.
Tout honnête, si je voulais repartir, me remettre à marcher, il fallait d’une que je raye du menu l’ensemble de mes fréquentations ; de deux que je me trouve un objectif, un point de mire.
Pour les premières, c’était, je le savais et ce n’était pas simple du tout, renoncer à ce genre de fausse fraternité, d’union secrète biaisée qu’ont tous les alcoolos ; ce support mutuel et fort, insensible à la galère, à la douleur. Pour ainsi dire, et pour être tout à fait honnête, il y avait toujours eu plus à prendre qu’à donner dans ces histoires là. Le déclin des autres, c’était chacun sa gueule. Pour mon RSA, mes radiations et mes boulots à la con, c’était du « Vous entendez bien ma colère que je gueule, mes emmerdes et tout ! » . Pour les autres, je faisais semblant de compatir, mais je m’en branlais pas mal.
Au fond, vouloir réessayer, faut autant de courage que pour le suicide. C’est ce que je me suis dit au bout de quelques minutes. En premier jet, comme ça, devant mes doutes. Et puis, à tout bien y réfléchir, le suicide, en fait, on l’avait déjà l’objectif. Que c’était un peu plus simple, moins prise de tête. Que, par là, par ce que j’avais voulu faire, je m’étais mis dans de beaux draps. La belle affaire et tout. Je n’arrivais pas trop à savoir comment j’allais m’en dépatouiller.
Ça faisait maintenant des heures, je crois, que j’errais, que je gambergeais comme ça dans les rues, comme dans ma vie. Il n’y avait pas eu d’éclairci encore.
Je n’avais toujours pas trouvé le truc, l’horizon qui me sortirait de ce flou, de cette buée. Tout cela commençait en fait déjà à me lasser, m’ennuyer, à me donner l’envie de me saouler la gueule une fois bien. Je serrai donc les poings, regardai devant et détournai de mon chemin des troquets alléchants aux infimes odeurs de houblons.
Ça a duré encore comme ça des heures, jusqu’au moment où la nuit s’en est venue, où je n’en ai plus pu de tourner dans la ville comme ça. Sans rien à faire. Je me suis mis à presser le pas définitif et suis rentré chez moi où je me suis endormi comme ça le cerveau bouillonnant et le corps usé.
Le soleil filait à travers la pièce, j’écartais les yeux, je grinçais des dents. J’allais me reprendre les pieds dans le tapis sûr. j’avais déjà envie d’une bière, de me foutre en l’air. Tout ça allait reprendre sans cesse, désormais, infiniment. Tout comme condamné. J’avais le vesou quoi.
En voyant ma gueule dans le miroir, j’eus envie de gerber.
En voyant ma gueule dans le miroir, j’eus envie de pleurer.
C’est alors que j’ai fermé les yeux, serré les dents, les poings.
L’errance d’hier m’avait presque convaincu. Sans m’en apercevoir, j’avais plus marché dans ma tête que dans les rues. Si je voulais repartir, retenter, il le fallait. Je veux dire retourner au fondamental, trifouiller dans les fondations. Et pour se faire, oui, sans doute, il n’y avait que ça. C’était peut-être un coup de tête, mais ça restait quelque chose à essayer.
Ma fuite n’avait pas eu de sens vingt ans auparavant parce qu’elle n’avait aucun autre objectif si ce n’est que de fuir. Aujourd’hui, était-il l’heure de me chercher, de me savoir.
Quelques heures, quelques jours, quelques semaines plus loin, le verra-t-on marchant, imperméable noir et capuche sur les flancs de la montagne, au milieu des plaines, ailleurs, le regard libéré et la tête presque droite.
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