"Une chasse à l'homme."

Pourquoi pas ?

La chasse était lancée !

Et les cris de rage, les hurlements de détresse, les gémissements de douleur allaient changer de camp.

" QUI A DONNE LES ORDRES ?"

On en était si loin, maintenant.

Cette guerre contre une armée de l'ombre devenait une chasse à l'homme. Sans fin, sans règle, sans objectif.

Juste chasser et piéger.

Briser et interroger.

Une nouvelle piste ?

Et les chiens repartaient en avant.

" Dans le village, un homme est venu un jour. Accompagné d'un enfant et d'une femme. Son nom était Adrien XXXX, sa femme s'appelait Gabrielle et ils avaient un petit garçon. Mais je ne me souviens pas de son prénom.

- Bien, approuva l'officier. De quoi vous souvenez-vous encore ?

- La femme était gentille, elle a aidé la mienne à se soigner. L'hiver est dur. C'est la misère ici et...

- Votre femme ?

- Dieu... Oui..."

On reprenait. Même lieu, même façon.

Même question.

Les chiens suivaient toujours la piste.

" Oui, un homme est venu. Il s'appelait... Heu... Mais sa femme était très belle et très gentille. Gabrielle ! Une jolie femme, encore jeune. Elle avait un petit garçon, Pierre. On n'avait pas vu de gens comme ça ici depuis longtemps."

La femme sourit, puis elle le regretta.

" La femme vous a-t-elle parlé ?, demanda l'officier en souriant à son tour.

- Oui, non. Je..."

Juste...la quantité de douleur qu'il fallait et la peur fit parler.

" Elle a parlé d'une soeur qu'elle avait dans les montagnes de XXXX.

- Rien d'autre ? Que savez-vous de l'enfant ?

- L'enfant ? Je ne sais rien de l'enfant."

Une main posée sur son épaule et il passait le relais.

Sa collègue s'asseyait à son côté et lui décochait un magnifique sourire.

Il préférait se lever et aller fumer une cigarette.

Il attendait les cris.

Les supplications.

Le silence.

De toute façon, il avait ce qu'il voulait.

Une piste !

Les montagnes ?

Pourquoi pas ?

Il avait fouillé chaque puits de chaque village incendié et il n'avait pas retrouvé l'enfant.

L'assassin lui avait menti.

La main revint, douce mais mouchetée de sang. Lentement, la femme en uniforme lui saisit sa cigarette afin de la placer entre ses propres lèvres.

Il se dit qu'il devrait la baiser un jour.

Mais il était trop fatigué pour ce jour.

" Alors ?

- Les montagnes !"

Elle eut son admirable sourire. Celui que ses cauchemars lui montraient parfois, en compagnie de deux yeux bleus...

" Décidemment, vous me faites voir du pays.

- N'est-ce-pas ?, rétorqua-t-il en souriant.

- Je ne me plains pas. Mais où cela nous mène-t-il ?

- Il faut savoir s'adapter."

Elle se mit à rire.

Ce rire ne lui déplut pas, il aurait voulu la faire rire plus souvent.

" Je vous adore, officier, souffla-t-elle. Nous les trouverons et nous les détruirons ! Tous !"

Il fuma en silence.

Les étoiles brillaient, si froides et si lointaines.

Il les regarda un instant.

Oui, ils les trouveront.

Mais pour les détruire...

Il faudra de la patience.

Et savoir poser les bonnes questions.