Montée en grade
" Nous sommes vindicatifs."
Oui.
Il ne fallait pas l'oublier.
Ce fut peut-être son principal tort.
Son erreur la plus marquante.
Oublier ce que signifiait la vengeance.
Une main sur son épaule.
Un nouvel uniforme.
Des mots agréables à entendre, des félicitations et des congratulations.
Une main sur son épaule.
Puis des doigts serrant les siens.
Une bouche près de son oreille.
Parlant de confiance et de gratitude.
L'orgueil d'être remarqué et choisi.
" Parlez-moi de votre ancien poste, sourit l'homme le plus puissant de ce monde.
- Je vous suis tout dévoué."
Un sourire agréable et approbateur.
Le bourreau avait bien fait d'éluder la question. Qui s'intéressait réellement à son ancien poste ?
Il avait été choisi !
" Merveilleux ! Nous manquons d'officiers tels que vous. J'ai demandé votre mutation dans mes quartiers. Vous serez à ma droite."
Approbateur et souriant.
La main revint sur son épaule.
L'officier était fier, fier, fier.
" Votre action dans la lutte contre le terrorisme est admirable. Surtout face à cet abominable attentat contre ma personne."
Le bourreau sentait la colère le prendre, au même titre que celle de son chef.
Harmonie ?
Alchimie ?
Communion ?
" Je n'ai fait que mon devoir, monsieur.
- Admirable ! Je souhaitais vous récompenser."
La main glissa sur le bras et atteignit le bas de son dos pour le faire avancer.
Au plus près du chef et de son état-major.
" Voici l'officier XXXX, annonça le chef. Notre nouveau collègue."
Puis le chef le regarda, souriant et bienveillant.
" Gageons qu'il se montrera à la hauteur de nos attentes.
- Oui, monsieur."
La main quitta son corps.
Et ce fut comme s'il sortait d'une transe hypnotique.
L'officier chargé des interrogatoires vit tous ces hommes en uniforme, supérieurs à lui, décorés et reconnus.
La vieille garde.
Ils avaient tous le même regard.
Un regard de haine.
" Nous sommes vindicatifs."
Le chef déambula lentement dans le bureau si luxueux de son quartier général. Il dispensait les caresses et les douceurs.
Puis, il avisa un de ses plus anciens amis et officiers.
" XXXX, mon cher. Voici votre nouvelle recrue."
L'officier s'inclina, solennel et reconnaissant.
" Gageons que vous allez en faire un élément indispensable de notre état-major."
Silencieux, l'officier acquiesça.
" Ecoute-moi, connard ! Tu as réussi à quitter ta prison de XXXX. Tu fermes ta gueule, maintenant, et tu fais profil bas. Ou je te jure que je te casse les dents. Compris ?
- Oui, monsieur."
Nous sommes vindicatifs.
Certes.
Mais nous sommes ambitieux !
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