Comédie
Lucien déambule.
La lune éclaire des pas légers, rapides, pressés.
Ses rayons viennent frapper les lignes hasardeuses d’un front trop soucieux pour en masquer les vagues. On croirait presque pouvoir y plonger tant la chaleur estivale et la hâte reflètent les décors qui l’entourent, revêtant l’apparence d’un bord de lac réfléchissant pontons, barques, pédalos.
Lucien déambule.
La direction importe peu, seul le sens compte.
Seuls comptent ses pas. Seule compte la nuit. Seule compte la brise légère apaisant ses maux, calmant ses tourments.
Il s’arrête un instant fixant l’astre, luisant tout autant que son front.
Elle est ronde. Elle est pleine. Entière. Rien ne semble lui manquer. Rien ne semble pouvoir l’ébranler.
Lucien déambule.
Il la fixe désormais. Cette sphère prétentieuse, sûre de ses forces, se montrant sans pudeur, indiquant à la nuit qu’aucun effort ne saurait emporter sa clarté.
L’obscurité pourrait bien se démener pour tout prendre, tout recouvrir, tout dévorer, ses crocs ne seraient jamais assez aiguisés, sa mâchoire suffisamment robuste pour entamer les morceaux baignée de sa lumière.
Lucien s’arrête.
Il n’est nulle part.
Bientôt, il ne sera tout simplement plus.
Bientôt, un éclair blanc viendra frapper sa tempe, ultime étincelle d’une vie teintée de gris.
Lucien tombe au sol.
Le rideau se referme.
La lune seule a assisté au spectacle. Les étoiles l’ont regardé d’un œil distrait. Les nuages n’ont fait que passer, sans considération pour ce qui se jouait devant eux.
Personne n’acclame, aucun n’applaudit, nul n’en demande encore.
Il n’y a pas de rappel à la comédie de la vie.
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