Chapitre 5

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Nous avons passé les semaines suivantes avec les moines dans leur monastère. Malgré tous les doutes que nous avions quant à leurs intentions, leurs histoires invraisemblables et leurs propos un tantinet sectaires, quelque chose en eux m'inspirait confiance. Nous avions de toute façon besoin de repos et de sécurité étant donné l'état de santé de Angela et la présence dans les rues de la ville d’un tueur sanguinaire à notre recherche, et je voyais mal qui à part eux aurait pu nous les procurer.

Nos hôtes ignoraient qui avait bien pu voler ce vase dont la disparition avait causé tant de malheur. Ils pensaient qu’il devait probablement s’agir d’un autre bourgeois en quête de vie éternelle mais ils n’avaient aucunes certitudes. Ils avaient appris que les De Saint-Amour possédaient la pierre après qu’une de leurs “camarades” ait piraté un échange de mail entre Arthaud De Saint-Amour et un de ses amis. N’importe qui ayant eut accès à cet échange était donc un suspect potentiel. Une chose était sûre en revanche : tout le monde était persuadé que c’était Angela qui avait fait le coup, et il nous fallait rester cachés.

Je n'avais jamais vu mon amie aussi brisée. Elle était la personne la plus forte que je connaisse et pourtant elle semblait épuisée psychiquement. Elle refusait de parler de ce qui s’était passé dans ce hangar où elle avait été séquestrée et où Anton avait été abattu. Elle mangeait peu, fumait énormément, buvait plus que de raison. Étant donné son nouvel handicap, elle n’était même plus capable de se détruire toute seule : elle avait besoin d’aide pour allumer ses cigarettes, pour ouvrir ses canettes, pour rouler ses joints. Ça lui était insupportable. Elle qui avait toujours rechigné à demander de l’aide enrageait de devoir faire appel à moi en permanence. Elle était très impatiente, m’a souvent reproché de ne pas être assez rapide au trop maladroit, je ne lui en ai jamais voulu.

Elle ne pleurait pas, jamais. C’était comme si on l’avait éteinte. Comme si son esprit, exposé trop brutalement à une quantité inhumaine de souffrances, s’était réfugié tout au fond de son corps brisé. Plus de joie, plus de tristesse, plus de peur. La seule émotion qu’elle semblait encore capable d’exprimer, c’était la haine. Cette haine que je pouvais percevoir dans les tremblement de sa main, dans les grincements de ses dents, dans sa respiration profonde et brutale, dans l’étincelle meurtrière qui s’allumait au fond de ses yeux lorsque quelque chose ou quelqu’un commettait l’erreur de mentionner l’existence de cet homme qui avait été la cause de tout ces malheurs : Gald la Hyène.

Frère François nous promit qu’il allait s’arranger pour nous faire avoir de nouvelles identités afin que nous puissions nous faire passer pour des migrants demandeurs d’asile et nous installer dans une autre ville de France. Pour Angela, il avait fait produire par un fonctionnaire Haitien un faux acte de naissance et comptait la faire passer pour une lesbienne persécutée dans son pays de naissance en raison de son orientation sexuelle et ayant même déjà été torturée et mutilée en raison de celle-ci. Pour ma part, il attendait de recevoir les papiers d’un certain “Khalid” né la même année que moi et mort au Yémen il y a quelques semaines. La photo d’identité datant de plusieurs années, il pensait que je pourrais sans peine me faire passer pour lui. Il affirmait également qu’un camarade à lui pourrait s’arranger pour que nos empreintes digitales et ADN disparaissent des fichiers de la police. Il nous fallait juste attendre cachés quelques mois le temps que tout soit prêt.

Ce fut pour nous l’occasion d’apprendre à connaître nos étranges hôtes et à suivre leurs emplois du temps peu orthodoxes.

Frère François était passionné par trois choses : Dieu, le Marxisme, et les armes à feu. Dans cet ordre. La nuit, il distribuait de la nourriture, des bibles et des vêtements aux sans-abris, cambriolait des maisons ou sciait les dispositifs anti-sdf installés sur les bancs publics. De temps à autre il se faisait parfois plaisir en brûlant une voiture de luxe, en arrachant des affiches xénophobe ou en tirant sur des fascistes en ratonnades. Le jour, il distribuait le fruit de ses larcins à diverses associations caritatives et vendait les gemmes et les métaux des bijoux volés à des joailliers avant de donner l'argent à des œuvres bienfaisantes. Il pensait qu'avec ses cambriolages, il pourrait peut-être venir en aide à la forêt amazonienne ravagée par les orpailleurs et aux populations de pays oppressés de pays victimes de trafiquants de pierres précieuses en faisant chuter les cours de l'or et du diamant.

Il avait une étrange obsession pour les armes à feu de toute sortes, et en particulier pour les arquebuse, mousquets, pistolets et autres tromblons de l’époque moderne qu’il collectionnait, bricolait et modifiait pour les utiliser afin de tirer toute sorte de projectile avec une poudre noire de sa confection.

Fascinant et mystérieux, frère Caïn était la définition du mot “calme”. Chaque matin, il se rendait dans la serre qu’il avait aménagée dans les combles abandonnées du bâtiment pour s’occuper des nombreuses plantes aromatiques, fleurs, légumes et arbres fruitiers qu’il y faisait pousser. En début d’après-midi, il s’équipait d’un pied de biche et d’une pince pour aller faire le tour des poubelles des grandes surfaces et restaurants de la ville (souvent fermés avec des cadenas, voire placés sous la surveillance de caméras). Il y trouvait généralement une multitude de produits tout à fait propres à la consommations que les entreprises préféraient jeter plutôt que les donner où les brader. Il rapportait ensuite son butin jusque dans la cuisine, où il préparait en gigantesque quantités les repas que François allait distribuer aux plus démunis le soir même.

La nuit, il disparaissait sans que personne ne sache où il allait ni ce qu'il faisait. Il revenait au monastère à l'aube, parfois couvert de sang, et allait prier dans la chapelle. J'ignore ce qu'un homme muet et qui croit ses péchés impardonnables peut bien dire à Dieu, mais au vu des longues heures qu'il passait agenouillé devant l'autel, il est certain que Frère Caïn avait de nombreuses pensées à adresser au tout-puissant.

En dépit de tout le mystère qui l'entourait, Caïn était loin d'être le plus étrange des trois moines. Ce titre revenait haut la main à Frère Pierre : le plus discret, le plus casanier, le plus impertinent des trois confrères.

Pâle, gras, souvent sale, Pierre était un homme de peu de mots et de beaucoup de grognements. Le seul sujet sur lequel il était intarissable était la théologie. Il disait à qui veut l'entendre que toutes les clefs étaient l'œuvre de Dieu et que toutes les serrures étaient des serviteurs de Satan. Chaque fois qu'il deverouillait une porte, ouvrait un coffre ou craquait un code, il avait l'impression de combattre les forces du mal. "Un homme véritablement pieu ne devrait rien avoir à cacher derrière un verrou" répétait-il souvent. Il m'a même raconté une fois que les serrures des portes de la cathédrale Notre-Dame de Paris elles-mêmes avaient été conçue par le Malin et que c'est d'ailleurs pour cela qu'elles ne s'étaient misent à fonctionner qu'après avoir été aspergées d'eau bénite.

Son obsession pour la sécurité était carrément maladive et je le soupçonnais de souffrir de troubles du spectre autistique. Au vu de ce que je viens de vous raconter, vous ne serez pas surpris d'apprendre qu'il tenait en bien plus haute estime les hommes et leur sublime et pieuse clef sexuelle que les femmes et leur malfaisant vagin serrurier. François m'a expliqué un jour que Pierre était originaire de Pologne où il avait grandi élevé par sa tante et entouré de ses soeurs et cousines. Lorsqu'elles lui avait découvert des penchants homosexuels, sa famille l'a battue et séquestrée pour essayer de le guérir de cette immonde maladie. Pierre avait construit ses étranges convictions alors qu'il était coincé dans un placard fermé à clef par des femmes et qu'un prêtre lui lisait des extraits de la bible pour le pousser à changer sa nature. C'est uniquement en devenant moine que le pauvre avait pu échapper aux femmes de sa famille et à celle qu'on comptait lui faire épouser.

Il passait la majorité de son temps dans l'atelier, à pianoter sur le clavier de l'unique ordinateur du monastère (une monstruosité de câbles de ventilateurs et d'écrans tournant sur Linux) ou penché sur un des nombreux dispositifs à rouage qu'il gardait dans d'innombrables cartons. "Aucun ordinateur ne peut contrôler un ressort !" me disait-t-il parfois en tournant avec minuscule tournevis une vis plus petite encore.

Une autre des passions de Pierre était l'horlogerie, ou plus exactement la mesure du temps. Il chronomètrait tout ce qu'il faisait, avait une montre à chaque poignet et une autre dans sa poche. Toutes les trois indiquaient l'heure officielle de Paris à la milliseconde près. Il savait combien de temps je passais en moyenne aux toilettes, en combien de temps je me brossais les dents, à quels horaires j'étais le plus susceptible de me coucher le soir et malgré cela il trouvait tout de même parfois le moyen de manquer l'heure de la prière tant il pouvait être abordé par son travail. Il ne quittait l'atelier que pour de rares raison, par ordre décroissant de fréquence : pour aller prier à la chapelle, pour aller aux toilettes, pour se rendre sur une des couchettes de la pièce d'à côté, pour accompagner François dans un cambriolage et enfin, quelques fois, pour aller se laver.

Lorsque ses confrères volaient des bijoux, il les décortiquait et les faisait fondre sans le moindre état d'âmes mais lorsqu'ils lui apportaient des montres de luxe c'était une toute autre affaire : il s'empressait alors de débarrasser les précieux mécanismes de l'or et des joailleries qui les encombraient puis démontait soigneusement uns à uns chacun des rouages et ressorts qui la composaient avant de les ranger soigneusement dans de petites boîtes. Quelques jours après notre arrivée, il fit cadeau à Angela d'un chalumeau mécanique qu'elle pouvait attacher a son moignon et allumer d'une simple pression des muscles de son avant-bras, un petit bijou de mécanique qui lui permit de reprendre un peu d'autonomie pour allumer ses joints et ses clopes.

Ainsi vivaient les trois moines du monastère de la traboule. Frère Caïn, Frère Pierre et Frère François. Athos Porthos et Aramis selon leurs noms de codes. A la fois situés en plein cœur de la ville et coupé du monde, aucun d'eux n'avait de téléphone, de compte en banque, de papiers ou même d'argent. Ils roulaient sans permis, volaient l'électricité du réseau public, siphonnaient les réservoirs de grosses cylindrées pour alimenter leur épave en essence et jardinaient, fouillaient dans les poubelles ou volaient dans les magasins pour se nourrir. Cette déconnexion devint rapidement problématique pour Angela qui ne pouvait pas se procurer de tabac de cannabis ou d'alcool sans liquide. Frère François dû consentir à ne pas redistribuer une partie de ses larcins pour acheter avec de l'argent volé les trois drogues de mon amie. Il faut dire qu'en dehors de ses poisons, la pauvre n'avait pas beaucoup d'occupations : notre refuge ne comportait ni télévisions ni ordinateur, seulement des quantités de vieux livres qu'il lui était bien difficile de lire sans ses lunettes que nous avions perdu lors de notre fuite de l'hôpital au même titre que nos téléphones. Elle passait beaucoup de temps en compagnie de Frère Caïn qu'elle aidait parfois à faire la cuisine lorsqu'elle se réveillait en début d'après-midi et qui s'installait souvent auprès d'elle lorsqu'elle buvait et fumait, sa présence silencieuse semblait l'apaiser bien plus que n'importe quel drogue. Elle ne se couchait pas particulièrement tard, mais dormait énormément d'un sommeil très profond. Elle n'était plus que l'ombre d'elle-même et baignait dans une odeur de tabac, de cannabis, d'alcool et de transpiration qui imprégnait ses vêtements qu'elle ne changeait que lorsqu'elle se lavait, c'est à dire très rarement. Elle m'inquiétait beaucoup, et j'étais bien incapable de lui apporter le moindre réconfort. Je faisais toutefois confiance au géant stoïque pour l'aider à remonter la pente.

Pour ma part, c'est avec Frère François que j'ai passé le plus de temps. Le vieil homme adorait discuter histoire, politique, philosophie et théologie et j'étais de bien meilleure conversation que ses deux confrères. Il acceptait avec plaisir de m'accorder un peu de son précieux temps pour parler avec moi tandis qu'il entretenait ses armes ou préparait son étrange poudre noire.

"Il est très naïf de croire qu'on peut séparer l'idéologie politique de la religion." M'expliqua-t-il un jour tandis qu'il polissait le canon d'un authentique mousquet de la guerre de succession d'Espagne. "On reproche parfois à des croyants de faire passer les lois divines au dessus des lois de la république : qui serait assez stupide pour oser risquer le courroux de Dieu et les flammes éternelles pour échapper à quelques brèves années de prison ? Croire en une religion, c'est croire en la morale que celle-ci prône et il est évident qu'en ma qualité de citoyen je veux que les règles de mon pays soient les plus morales possible. Une croyance, qu'elle soit philosophique, théologique ou politique reste une croyance. Ma foi définit ma pensée qui définit mes convictions, je suis un activiste parce que je suis marxiste parce que c'est l'idéologie politique qui se rapproche le plus de ce que je considère être l'idéal moral de ma religion chrétienne."

Il m’a également beaucoup parlé d’“UTOPIA”, cette organisation internationale dont ils faisaient partie réunissant des individus de divers origines et convictions qui, partout dans le monde, participaient comme eux à des actions visant à - pour faire simple - voler aux riches pour donner aux pauvres. Un genre de groupe de super héros communistes dont certains des membres seraient même doté de super-pouvoirs (j’avoue douter de cette partie là). Il parlait surtout d’un certain “@i” (prononcé “At-Aie”), un génial pirate informatique dont les incroyables compétences lui permettaient d’aider et renseigner les membres de l’organisation partout dans le monde. C’est lui qui avait piraté la messagerie d’Arthaud De Saint-Amour, c’est aussi lui qui a effacé nos empreintes digitales et ADN des fichiers de la police. Tous les “camarades” de l’union avaient par ailleurs accès à un forum de sa conception situé sur le darknet et sur lequel il leur était possible de discuter et d’échanger des informations.

Après deux semaines, Frère François me proposa de l'accompagner lors de ses maraudes pour prodiguer des soins à ses bénéficiaires avec des problèmes de santé. Je me suis ainsi retrouvé à prendre des tensions, refaire des pansements, réaliser des injections dans des squats lugubres le tout avec du matériel périmé. J'ai fini par demander à Frère Pierre l'autorisation d'utiliser son ordinateur pour chercher sur internet des conseils sur certaines des situations que je rencontrais, il a fermement refusé. Il ne voulait pas prendre le risque de laisser un néophyte en informatique tel que moi contracter des malwares. Frère François l'y a finalement obligé et il a consenti à me laisser l'utiliser pendant une heure une matinée.

Je n'ai même pas eu besoin de chercher pour savoir ce qui se disait de nous sur les réseaux : nous étions partout. Ce qui aurait dû rester un sordide fait divers était devenu une affaire de société. Les médias fantasmaient sur notre spectaculaire et pourtant mystérieuse évasion de l'hôpital Édouard Herriot, certains nous pensaient morts, d'autres nous imaginaient cachés en Iran ou en Amérique latine. L'extrême droite s'était servie de nous pour dénoncer les "frontières passoires" et la politique migratoire du pays, le ministre de l'intérieur s'était engagé à prendre des mesures fortes pour décourager les exilés de choisir la France comme pays d'asile, certains polémistes me soupçonnais d'être un "islamiste radical" après qu'un de mes anciens professeurs ait confié à la presse que j'avais un jour tenu en classe des propos critiques vis-à-vis de la politique coloniale de la France…

Les services sociaux avaient retiré à ma tante la garde de ses enfants après avoir enquêté sur les conditions dans lesquelles j'avais été élevé, André le père de Angela avait été contraint de partir vivre auprés sa famille paternel en Martinique pour fuir le harcèlement et les remarques racistes dont il était la cible depuis que sa fille faisait la une des journaux. Nous étions les personnes les plus recherchées et haïes du pays et personne ne semblait imaginer que nous ayons pu avoir été nous aussi victimes des tragiques événements que nous avions traversé.

J'ai choisi de ne pas parler de tout ça à Angela, estimant qu'elle souffrait déjà assez comme ça.

Peut-être aurais-je dû.

Un soir de maraude, après que Frère François m'ait ramené au monastère avant de repartir commettre quelques délits nocturnes, j'ai trouvé Angela assise contre un mur dans un passage plus ou moins aéré de la traboule. Une cigarette à la bouche, une flasque de rhum à la main, elle fixait de ses yeux fatigués le petit fragments de nuit visible depuis son emplacement.

Je me suis installé près d'elle et, profitant du fait que j'avais mon matériel avec moi, j'ai entrepris de refaire le pansement de son moignon. La plaie cicatrisait mal. Elle ne saignait plus, mais se refermait très lentement et j'avais peur qu'elle s'infecte.

"Tu penses que rien de tout ça ne serait arrivé si je t'avais écouté et que j'avais rien volé à mes patrons ?" M’a-t-elle demandé sans quitter des yeux les quelques étoiles qu’elle pouvait discerner.

Je me suis énervé. L'idée que mon amie puisse se sentir coupable de tout ce que nous avions subi m'écoeurait. Je lui ai dit qu'elle n'avait pas le droit de s'en vouloir, que les seuls responsables de tous ces malheurs c'était ses patrons, cet odieux mercenaire, les inégalités socio-économiques qui avaient motivé son acte et le capitalisme (comme vous pouvez le constater, les grands discours de propagande de Frère François avaient déjà à l’époque commencés à me transformer en un gauchiste radical).

"Tu as raison…" Murmura-t-elle, un tremblement de colère dans la voix. "Tu as putain de raison. Je devrais pas être la seule à être punie pour toute cette merde."

Le lendemain au soir, en revenant de maraude, j'ai été heureux de ne pas la trouver en train de boire et de fumer, imaginant naïvement que cela voulait dire qu'elle était en train de se reposer. C'est lorsque je me suis mis à la chercher pour refaire son pansement que j'ai réalisé qu'elle n'était plus au monastère.

J'ai signalé sa disparition à Frère Pierre, l'unique moine encore présent dans le refuge, qui m'a fait comprendre qu'il s'en fichait royalement.

Je l'ai encore cherché pendant une dizaine de minutes dans la traboule et dans la serre de Frère Caïn, sans plus de résultats.

"Almir, tu devrais venir voir ça." M'interrompit Pierre tandis que je traversais l'atelier.

Il me montra l'écran de son ordinateur.

"Artaud De Saint-Amour vient de recevoir ça sur sa messagerie WhatsApp depuis un téléphone volé."

Il démarra la vidéo. On y voyait Angela en train de se filmer avec en arrière plan un décor familier : le toit de notre immeuble.

"Bonjour Monsieur, c'est votre femme de ménage, vous savez celle qui vous a volé votre putain de vase de merde. Moi et vos affaires on vous attend au bâtiment D du quartier Maupette, rue Salvador Allende à Veyzieu. Venez si vous avez des couilles ou bien envoyez l'autre petit enfoiré avec sa putain de coupe de merde, je vous attends. Oubliez pas de bien niquer votre mère, bisous !"

J'étais bouche bée devant une telle audace. J'ai demandé au moine si le destinataire de la vidéo avait appelé la police.

"Non, mais il a immédiatement contacté une dizaine chasseurs de primes et d’hommes de main. On dirait que la petite va avoir des ennuis."

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