« Ne me tuez pas ! Je vous en prie ! »

Sourde aux supplications du vieil homme rampant devant lui, la créature, cachée par d’épaisse fumée nauséabonde, enfça sa lance rouillée dans le cœur de sa victime. La douleur intense le coupa du monde. Il n’entendit plus les cris des autres vieillards, qui, comme lui, se faisaient massacrer par des créatures apparues soudainement ! Il n’entendait plus les cris des jeunes qu’on entassait dans des cages comme du bétail ! L’odeur cuivrée du sang et des maisonnettes brulées avait totalement disparu !

Sa vue se troublait ! Le monstre qui lui avait pris sa vie s’éloignait. Ça y est ! Il avait disparu. D’ailleurs, tout avait disparu ! Ses sens et ses sensations. Ses espoirs et ses regrets.

« Des regrets ! »

Alors qu’une poignée de secondes le séparait de la mort, sa dernière pensée était pour son fils. Son plus grand regret, à lui et à sa femme, mort peu avant devant ses yeux, sans qu’il ne puisse rien y faire.

« Mon fils, je suis désolé ! »

Son dernier soupir se fit en silence. Discrètement.

Le chaos laissa place au néant !

Un homme venait de mourir. Comme tant d’autres cette nuit-là. Comme tant d’autres cette nuit-là, il était âgé. Trop âgé. Trop âgé pour être utile. Trop âgé pour être utilisé !

Des créatures étaient apparues comme par magie, maintenant masquées par la fumée des feux qui avaient été allumés. Leur silhouette laissait deviner que ce n’était pas des Humains.

Ces créatures tuaient les « inutiles » et enlevaient les autres. Un parmi eux, le plus féroce, ne suivait pas les ordres. Il tuait avec une immense joie tous ceux qu’il croisait. Même les animaux n’échappaient pas à sa soif de sang !

— Ne touche pas aux enfants, Nygaard !

— Je sais ! grogna la créature aux longs bras.

Une autre créature, plus petite que celle-ci, plus humaine, cachée sous un manteau et une capuche noirs, semblait donner des ordres. Il devait s’assurer que seuls les plus forts seraient cueillis. Il venait de rappeler à l’ordre l’un de ses soldats. Nygaard. Le plus fort, le plus cruel, mais aussi le plus incontrôlable. Celui-ci avait un goût prononcé pour la violence et aimé tuer, même les créatures les plus insignifiantes. Même pour ses semblables, il était différent ! Plus grand, plus large, plus fort, plus féroce, et infiniment plus cruel ! Ses maitres l’avaient remarqué, et lui prédestinaient une place de choix dans leur armée. Une armée dont le but serait d’exterminer ces faibles et arrogants Humains qui pullulent dans ce monde. Pour commencer !

La cueillette avait été bonne. Beaucoup de jeunes Humains, à l’âme forte, avaient été faits prisonniers.

— Nous avons les ingrédients, murmura avec délectation l’homme encapuchonné.

Contemplant une dernière fois le village ravagé par les flammes, puis les cadavres encore fumants, le maitre de ces créatures sanguinaires les appela à se rassembler. Il tourna ensuite la tête vers son butin : des enfants terrorisés, qui suppliaient en vain leurs parents de les aider. Dans l’ombre, son visage demeurait insaisissable, mais de délicats soubresauts trahissaient l’euphorie qui l’envahissait, le poussant à éclater de rire devant le spectacle qui s’offrait à lui !

Dans un éclair aveuglant, toutes les créatures et tous les Humains encore vivants disparurent. Une magie puissante les avait fait apparaître au milieu du village, cette même magie les avait fait disparaitre ! Il ne restait que des petites maisons en ruine, en feu. Il ne restait que les terres rougies par le sang. Il ne restait que des corps sans vie.

Tout ceci s’était déroulé si rapidement !

"Quand la cruauté n'a plus de limites, même les derniers instants d'un vieil homme se transforment en un cauchemar. Quelle est la place du mal dans un monde où la magie est aussi puissante qu'imprévisible ? Comment réagiriez-vous face à une telle horreur ? Laissez vos réponses en commentaire, et partagez vos réflexions sur la nature du mal et la fragilité de l'espoir..."