2 - DEUXIEME JOUR

Le lendemain à l’aube, Nicolaï fit semblant de trainer des pattes à l’heure du coucher pour ne pas éveiller les soupçons. Il eut à nouveau droit au réconfort de sa mère, aux moqueries de ses frères et à la colère de son père. Mais il écouta tout ceci d’une antenne distraite. Il lui tardait de retrouver sa chambre. Lorsqu’il fut certain que chacun avait crû à son numéro d’apeuré, il regagna son antre d’un pas pressé. Il s’engouffra immédiatement sous le sommier et sortit son trésor de sa cachette. Enfilant le monocle qu’il avait dissimulé dans sa paillasse, il reprit la contemplation des petites billes. Aucune ne semblait avoir changé, sauf la troisième. Celle qui lui avait semblé si esseulée et éteinte, arborait à présent de magnifiques nuances de bleu et de marron. Le petit senti une vague de bonheur l’étreindre et il retint à grande peine une exclamation de joie : il avait réussi.

Il s’éloigna quelques instants pour saisir entre ses mandibules le concentré sucré de pomme qu’il avait subtilisé pendant le repas : si la petite bille avait soif hier, aujourd’hui elle aurait certainement faim. Il trempa une de ses antennes et procéda comme pour l’eau. Le suc s’écrasa avec mollesse sur la boule presque entièrement azur. Ce jour-là, Nicolaï resta très tard à observer la minuscule perle.