IV - Monsieur Bonheur - Maxence

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Maxence était pétri d’espoir.

C’était un gamin de dix ans à peine. Petit : tout juste un mètre quarante. Très petit pour un presque homme.

Un petit espoir.

Maxence se racontait des histoires. Beaucoup d’histoires : de grandioses épopées qui emplissait son corps trop petit d’un espoir colossal.

Tout était matière à l’imaginaire, surtout pour celui de Max. Les clefs de son école devenaient en un tour de main celles d’un trésor fabuleux gardé par de gigantesques dragons. Dragons qui ne tardaient pas, en général, à prévenir sa mère de ses nouvelles péripéties à grand renfort de cris perçants. Pour Madame Pet-Sec, fière nommée Directrice des Dragons, un trésor ou une princesse irréelle n’était pas une raison suffisante pour que l’école se retrouve sans dessus-dessous.

Mais il était gorgé le petit Max : de livres et de films qui tapissaient les murs, le sol et même le plafond de sa chambre.

Ces histoires étaient toujours belles. Et avec un peu d’imagination, elles ne prenaient jamais fin.

Honnêtement, la vie en vrai était fade : cette évidence, Max le petit espoir, l’avait perçu très tôt. Et il ne voulait pas vivre dans ce monde terne.

L’enfant patientait dans le grand couloir du grand appartement 422 au dernier étage d’une résidence de grand standing.

Max serrait très fort Patty (initialement nommé Patte de Cambouis, mais ce nom, d’après le père de Max, n’était pas convenable pour un labrador pure race).

Le papa de Max était gestionnaire en patrimoine immobilier. Et c’était à peu près tout ce que le garçon savait de son père. Son papa à Max avait beaucoup travaillé. Tellement qu’il en était devenu très sérieux. Tellement que pour Max son papa s’était transformé en un Alien robot venu sur Terre pour lobotomiser les gamins de dix ans à coup de regards froids et de discours trop moralisateurs.

Il avait tant et si bien travaillé, qu’il n’avait pas vu son fils devenir « un inadapté incapable de différencier le rêve de la réalité ».

Dans son petit recoin, caché dans ce trop grand couloir Max écoutait son papa l’Alien lobotomiser sa maman, anciennement artiste peintre, récemment promue femme d’un homme trop sérieux. Elle se défendait bien sa maman. Elle aimait les histoires de Max : elles étaient pleines de cette fantaisie précieuse propre aux enfants.

_ Ce gamin est un désaxé, comment veux-tu qu’on en fasse quoi que ce soit ?

La voix du papa robot grondait comme le tonnerre.

_ Tu lui as bourré le crane d’histoires à dormir debout ! Regarde un peu le résultat : notre fils a dix ans et il est en échec scolaire.

Elle était tellement frêle sa maman artiste : elle céda. Le papa robot était trop fort.

_ Je veux qu’il parle à un spécialiste.

Sur la commode qui le cachait, Max entraperçu un petit prospectus multicolores glissé dans le courrier du matin. Dessus il y avait écrit :

« Partez à la découverte de votre vie »

Max se saisi du papier glacé et s’échappa à pas feutrés de l’atmosphère étriquée du grand appartement. Ce Monsieur Bonheur devait détenir une sacrée carte aux trésors.

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