I - A propos des crimes « comme-il-faut »

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Manuscrit daté du 11 octobre 1995 - auteur: Théo Ted

LES EXTRAVAGANTES ENQUETES DE SALAMANDER H.

I - A propos des crimes « comme-il-faut »

Tout bon récit d’enquête commencera à n’en point douter par un crime. C’est même à cela, pour peu que vous ayez débuté votre lecture sans prêter garde à la quatrième de couverture, que vous déduirez la nature policière du livre entre vos mains. Un crime donc, mais pas n’importe lequel : celui-ci doit être à la hauteur du reste de l’histoire, suffisamment horrible pour titiller le voyeurisme macabre du lecteur et parfaitement mystérieux pour lui donner l’envie de le résoudre. En somme il s’agit de découvrir un crime « comme-il-faut ». Et à ce sujet justement, il n’existe plus grand spécialiste que Salamander H.

Concernant l’affaire qui nous occupe aujourd’hui, il est temps d’en introduire le personnage principal : le Marquis Robert Jean Alphonse de Montyboulu. Il n’y a que peu de choses à dire sur ce bon monsieur, tout du moins sur son vivant. Sa mort, en revanche, mérite toute notre attention.

Comme souvent lorsque la situation s’apprête à virer au drame, rien ne présageait de ce qui allait subvenir : la soirée était belle, le temps doux et le vieux Marquis sirotait paisiblement son bourbon hors d’âge engoncé dans son fauteuil en cuir. Un jeu de poker posé sur son bureau, il attendait la venue du deuxième joueur. Dans un coin du petit salon, Nietzsche promenait ses pattes de velours sur les meubles anciens, tentant de trouver un point d’observation à sa convenance. Irrité, le vieil homme fit pianoter ses doigts sur le bois usité d’un des accoudoirs : l’autre était en retard. Il fit pivoter son siège et, jetant un œil par la fenêtre ouverte, avisa les alentours de la demeure. Pas le moindre signe d’une quelconque présence.

A cet instant, la vieille horloge à pendule entama l’égrènement de ses huit coups. Il y eut le bruit d’un choc étouffé et le Marquis recentra son attention sur la pièce. Il fronça les sourcils visiblement stupéfaits par ce qu’il y vit. Il y eut un craquement sonore, le bruit d’un mécanisme qui lâche, un feulement angoissé et une détonation sèche. Le Marquis n’eut pas le temps de crier : sur sa chemise en lin des corolles sanglantes apparurent par dizaine et il s’effondra au sol.

Une paire de bottes en cuir s’avança bientôt sur le parquet moucheté de sang. L’inconnu se figea un instant tout près du corps. Puis, deux larges mains vinrent saisir le vieillard et il ne resta plus du Marquis qu’une grande flaque d’écarlate.

Vous en conviendrez, cette entrée en matière possède tous les pré-requis d’un crime « comme-il-faut ».

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