Attrapez les toutes !
Qelkax le gobelin avait suivi les indications, fortes bruyantes, du grimoire qu’il avait trouvé. C’était un livre magique possédant la capacité, ô combien agaçante, d’hurler pour communiquer. Notre héros, soupçonnait même l’ouvrage d’être un recueil de nouvelles grivoises, à cause des insultes qu’il vociférait à tout bout de champ. Sans oublier son titre : les jeux du trône, illustré de WC qui sous entendait un moyen de s’occuper lors de notre passage aux toilettes. Peu motivé à écouter les ordres du grimoire, Qelkax s’y était malgré tout résigné suite à l’intervention de son seigneur. Le gobelin possédait une bague magique qui le reliait à son maître et ce dernier pouvait le torturer pour le remettre sur le bon chemin.
Notre protagoniste avait donc déambulé dans la forêt pour trouver une grotte où il s’était engouffré. Il avait refermé l’ouvrage pour obtenir le silence, celui-ci commençait à lui donner la migraine. Le souterrain n’était pas long, quelques secondes dans l’obscurité et il apercevait déjà l’extrémité. Le gobelin déboucha sur une plage de sable, parsemée de coquillages.
Le soleil et le vent étaient agréables, seuls quelques nuages erraient dans le ciel. Qelkax songea que ce changement de paysage, était étrange. L’instant précédent, il était dans une épaisse forêt au ciel gris. Comment la météo pouvait-elle changée si vite ? Par curiosité, il ouvrit le grimoire pour le lui demander.
– On est où ?
– AMAZOMONE ! POURQUOI T’AS TRAVERSÉ LA GROTTE, SOMBRE CRÉTIN ?
Il braillait toujours autant, Qelkax sentit son mal de crâne revenir aux galops.
– C’est ce que tu voulais, non ? Sinon pourquoi m’indiquer ce chemin ?
– POUR TE PARLER DES FEMMES QUI Y VIVENT ! PAS POUR Y ALLER ! RÉSIDUS DE CAPOTE TROUÉ !
Voilà une insulte que le gobelin n’avait jamais entendu. Mais il passa outre, désireux d’en savoir plus sur ce lieu : Amazomone. Et surtout, le bouquin avait parlé de femmes, ça c’était intéressant !
– Des femmes ? Raconte !
– LA GROTTE EST UN PASSAGE VERS UN AUTRE MONDE ! Qelkax referma un peu le livre pour en réduire les hurlements. Un portail dimensionnel ! Et pour retourner chez toi, ça ne sera pas simple, triple buse !
– Et les femmes dans tout ça ? le gobelin n’en démordait pas, il faut dire que la solitude commençait à lui peser lourd.
– Amazomone signifie : les monstres amazones. Ici, vivent des femmes guerrières incroyablement redoutables ! Et toutes plus belles les unes que les autres. De nombreux hommes, elfes et orques sont venus par le passé pour faire de cet endroit leur harem ! Mais rares sont ceux à être revenus. Tous furent tués ou coincés ici car vois-tu, elles sont incroyablement redoutables !
– Ouais, tu l’as déjà dis ça. Et donc, on est coincé sur une plage paradisiaque avec plein de jolies filles ? Y a pire comme fin.
– Pour rentrer ! Il faut les combattre et les capturer ! Si tu en collectionne suffisamment ou en trouve des puissantes, le portail devrait s’ouvrir de nouveau !
– Donc, elles sont jolies et combattantes. Et toi, tu veux que je les capture. Comment ?
– Avec des Geishaballes, évidemment ! Il doit y en avoir dans le coin. Trouve-les puis capture les femmes qui te semble dignes d’intérêts !
D’un geste, Qelkax ferma le livre. Il savait donc où il était et ce qu’il devait faire. L’idée de combattre des canons et de les kidnapper, lui plaisait énormément. De plus, c’était un peu le passe-temps favori des gobelins, aucun doute, cette mission était faite pour lui !
Il marcha sur la plage à la recherche de ces orbes, ces boules de geisha supposée l’aider dans sa quête. Devant lui se dressaient des hautes herbes, il s’y faufila pour avancer, se disant qu’ainsi il serait discret même s’il regrettait un peu l’idée de ne pas voir une de ces amazones.
Quelque chose bondit sur lui, le percutant en plein torse pour l’envoyer au sol. Le gobelin souffla difficilement, secoué par le choc. Il avait lâché le grimoire dans la confusion et dégaina sa dague tout en se relevant. Face à lui, se tenait une petite fille brune, habillée d’une robe améthyste. La gosse tenait une peluche qui ressemblait à une souris jaune avec les joues orange, peut-être même rouge. Elle défiait le gobelin du regard mais Qelkax rigolait : que risquait-il contre une enfant ?
– UNE GAMINE SAUVAGE APPARAIT !! POURQUOI T’ES ALLÉ DANS LES HAUTES HERBES ? POURQUOI ?
La petite extirpa alors un poignard de sa peluche avant de la jeter plus loin. Elle se mit en position de combat, prête à se jeter sur son adversaire. Notre gobelin commençait à se poser des questions. Il allait vraiment devoir affronter une enfant ? Il n’avait pas encore trouver les boules, il ne pourrait pas la capturer. Devait-il la tuer ? S’il l’assommait et revenait la capturer plus tard ?
L’enfant fonça pour frapper avec sa lame. Qelkax para le coup et repoussa son adversaire. Il leva sa dague et frappa du plat de la lame pour ne pas tuer la gosse mais celle-ci encaissa le coup et recula. Des larmes commençaient à perler de ses yeux, lui donnant un air tellement mignon que le gobelin s’en voulu presque.
– UNE GAMINE SAUVAGE ATTAQUE ! ELLE UTILISE ESTOQUE ! MAIS CELA ÉCHOUE ! QELKAX UTILISE FRAPPE DE PITIÉ ! GAMINE SAUVAGE A PRIT CHER ! GAMINE SAUVAGE UTILISE LARMES DE CROCO ! C’EST SUPER EFFICACE !
Qelkax voulu répondre que ce n’était pas vrai, il n’avait pas été si attendrit par les pleures de la petite. Mais celle-ci passait de nouveau à l’action. Ils échangèrent plusieurs passes d’armes sous les commentaires du grimoire. Le gobelin asséna grand coup de crosse dans le menton de la gamine qui s’écroula sur le sol : vaincue. Il avait comprit plusieurs choses avec cette première rencontre : éviter les hautes herbes et aussi que même les petites filles savaient se battre. Tout ceci risquait d’être compliqué mais également amusant !
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