Épisode 3. Les crocs qui rôdent
Benoît regretta de ne pas avoir pris d’arme en sentant la présence des wargs à proximité, bien que leur nombre restait incertain. Ces créatures, qui ressemblaient à des loups géants sous stéroïdes, n’apparaissaient normalement pas dans les zones habitées. Habituellement, on ne les trouvait que dans des endroits sauvages ou reculés. Bien qu’autrefois, certaines races anciennes, comme les orcs, aient pu les domestiquer pour s’en servir comme montures, plus d’un siècle s’était écoulé, depuis les wargs n’étaient plus dressés.
À l’époque où Benoît, alors connu sous le nom de Beror, menait des batailles, il possédait un warg comme monture, mais il n’avait jamais oublié la sauvagerie de ces bêtes féroces. Un warg, haut d’un mètre cinquante, avec des crocs acérés et une carrure massive, incarnait un véritable danger de mort, accompagné d’une bonne dose de souffrance. Mais pour ne pas effrayer les plus jeunes, disons simplement que mieux valait les éviter.
- Ça va, Ben ? demanda Sophie en s’approchant, l'air soucieuse.
- Hein ? Oui, oui… murmura Benoît, perdu dans ses pensées. Écoutez, on devrait rentrer et revenir demain matin, ce serait plus sûr.
- Mais si Seb est ici, on ne va quand même pas le laisser sous la pluie toute la nuit ! protesta Sophie.
Le grognement d’une bête monta soudain de l’obscurité.
- Vous avez entendu ça ? demanda Marc en braquant la lumière de son téléphone vers la forêt.
Une ombre noire bondit des fourrés, se jetant sur lui. Surpris, Marc laissa échapper un cri en tombant dans la boue. Benoît réagit instantanément, agrippant la créature par la gorge avant de la projeter dans la végétation d'un mouvement précis.
- Wow, Ben ! Trop stylé, ton coup ! s’exclama Étienne, aidant Marc à se relever.
- C’était quoi, ce truc ? demanda Marc, éberlué.
- Les gars! Murmura Sophie
- Un loup, on dirait, mais… beaucoup trop gros ! ajouta Étienne, les yeux écarquillés.
- Les gars… intervint Sophie d'une voix alarmée.
Les garçons se tournèrent vers elle.
- Quoi ? répondit Marc.
- Quoi que ce soit, reprit Sophie, il est revenu… et pas tout seul.
Six wargs massifs sortaient des fourrés, leurs crocs brillants dans la lumière.
- Vous avez raison… c’est pas des loups, murmura Étienne, blême.
Benoît prit place entre les jeunes et les bêtes, l’air concentré.
- Ne paniquez pas, souffla-t-il en se préparant à l’affrontement.
- Facile à dire… fit Marc, la voix tremblante.
Le warg en tête releva ses babines et grogna, puis se jeta en avant.
- COUREZ ! cria Benoît.
Marc, Sophie et Étienne prirent leurs jambes à leur cou, courant à toute vitesse sur le sentier glissant, l’adrénaline les propulsant malgré la fatigue. Benoît attendit qu’ils prennent de la distance avant de porter un coup à la mâchoire du warg, l’envoyant rouler dans le lac. Deux autres bêtes attaquèrent en même temps ; il esquiva la première, mais la seconde enfonça ses crocs dans son bras, arrachant un cri de douleur.
Les trois amis s’arrêtèrent net en entendant son cri.
- C’était quoi, ça ? demanda Étienne, haletant.
- Benoît ! s’exclama Sophie, déjà en train de rebrousser chemin.
- Attends ! Tu vas où ? cria Marc.
- On va pas le laisser seul contre… ces… ces trucs !
Marc hésita, jetant un regard anxieux vers Étienne avant de suivre Sophie.
De retour, ils aperçurent Benoît face à face avec une créature aux poils noirs avec deux éclairs argentés aux niveau des oreilles, les yeux dans ceux de son adversaire. Autour de lui, cinq wargs gisaient, inertes. Avec un dernier hurlement, l’orc fixa la bête restante, qui hésita avant de fuir dans les bois.
- Hé, mec, t’es une vraie terreur ! s’exclama Étienne en s’approchant.
Surpris, Benoît observa ses amis revenir.
- Ben, t’es blessé ! s’alarma Sophie, pressant un mouchoir rose sur son bras ensanglanté.
- Vous n’auriez pas dû… c’était dangereux. Merci, dit-il, gêné mais touché.
Sophie lui adressa un sourire.
- Hé, regardez ! appela Étienne, pointant une silhouette au loin.
Sur le sentier, un cerf blanc, majestueux, brillait sous la pluie. Ses bois formaient une couronne d’arabesques complexes, et ses yeux turquoise brillaient d’une lueur éthérée.
- C’est magnifique, murmura Marc, émerveillé.
Benoît s’approcha pour mieux voir l’animal. Sophie, elle, baissa les yeux, figée en découvrant que le mouchoir dans sa main était taché de vert…
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