Lettre à J - Pseudo : AA
Volnay, le 1er janvier
Cher J
J’imagine ta surprise lorsque tu liras ces lignes, tes yeux ronds d’étonnement, ta mine déconfite et l’air interrogatif sur l’expéditeur de ce courrier.
Comment est-il arrivé dans ta boîte d’ailleurs, tu te le demandes, qui écrit encore de nos jours ?
Tu devines bien que j’ai déguisé mon écriture et que les mots imprimés sont faciles pour renforcer l’anonymat.
Si tu savais comme je savoure ces moments.
J’ai décidé de renouer de façon temporaire avec toi, ne t’inquiète pas, ce sera discret, la correspondance sera estampillé sous le nom d’une société lambda, que toi seul pourra reconnaître… Eh oui, notre secret…
Signé : AA
Volnay, le 3 janvier
Bonjour J
Qu’as-tu pensé de nos derniers échanges ? J’avais remarqué que tu as essayé de faire des recherches sur cette société. Tu devines bien qu’elle est totalement inventée et qu’elle n’existe pas.
J’ai mis un nom de ville, mais là encore, tout est dans l’imaginaire. Cela aurait été trop facile pour toi de repérer où je suis.
À ce sujet, as-tu une idée de qui je suis ? Homme ? Femme ? Jeune ? Vieux ?
Ton esprit de déduction t’aidera-t-il ? As-tu repéré quelques indices ?
Par charité, je vais vous donner une année, l’année de notre rencontre… 2005, cela vous rappelle-t-il quelque chose ?
Signé : AA
Volnay, le 10 janvier
Bonjour J
Excuse-moi pour ce silence, une vilaine grippe a eu raison de ma santé.
Me voilà de retour, cette correspondance t-a-t-elle manquée ? Est-ce que cette date t’a rappelé quelques souvenirs ?
J’espère que tu n’as quand même pas oublié le nombre d’heures que nous avons passé ensemble ? Ni les nuits blanches ni les journées dans cette fiévreuse attente.
Tu te demandes pourquoi est-ce que je me manifeste aujourd’hui ? Et quelles sont les raisons qui me poussent à le faire ?
Je me le demande moi-même.
Sais-tu que je pense quelquefois à toi ? C’est un souvenir à la fois heureux mais également mélancolique. Bon nombre de fois, il m’est arrivé de penser à ce qui se serait passé si nos chemins ne s’étaient pas croisés.
L’avenir en serait-il plus serein ? Est-il possible d’effacer et d’annuler tous ces moments gris ?
Je te pose la question.
Signé : AA
Volnay, le 20 janvier
Bonjour J
Je regrette de t’avoir contacté. Il ne sert à rien de remuer le passé, et je comprends que tu veuilles reprendre le cours de ta vie comme si de rien n’était.
Je sais combien tes proches sont formidables et je sais que je ne représente plus rien pour toi aujourd’hui. J’en fais le deuil et bien que cela soit insupportable, crois-moi je ne t’importunerai plus.
Cela sera donc mes derniers mots, ma dernière lettre.
Je te demande une dernière chose, en souvenir de ce serment échangé, j’aimerais que nous nous revoyions une ultime fois à ce banc que tu connais bien. Je te propose le 13 février, une date symbolique que tu comprendras.
À très bientôt
Signé : AA
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