Réponse de Jean
Le 24 juin 1910
Ma tendre Yvonne,
Le facteur vient de m'apporter votre missive, merci pour tant de belles choses, je ne sais si je les mérite ; vous me flattez ma Douce je suis un piètre danseur à vos côtés.
Quant à Adèle, tranquillisez-vous, il n'est point d'amour avec elle, puisque c'est ma cousine !
L'autre dimanche, souhaitant se rendre au bal de Saint Félix pour apercevoir son galant, elle m'a pressée de l'accompagner. J'en profite pour l'apprendre à danser. Mais, je ne peux que remercier l'audace d'Adèle puisque, grâce à elle, 'ai attiré votre regard.
Mais, laissons Adèle de côté et parlons plutôt de vous ma Douce.
j'ai passé un agréable moment en votre compagnie. Depuis, dimanche, votre joli minois m'obsède, je vous vois partout, je n'arrive plus à me concentrer sur mon travail, je me surprends même parfois à fredonner un air de polka ou de valse. Maître LAPORTE me regarde bizarrement, il doit croire que je ne suis pas dans mon état normal, moi d'ordinaire si rigide, c'est vous qui me transformez ainsi !
Mon Yvonne, si vous le souhaitez dimanche prochain, je viendrai vous chercher vers 11 h 30, nous irons ensemble déjeuner dans une guinguette en bordure de Garonne, j'en connais une dont mon ami Marcel m'a dit le plus grand bien, on y sert une friture accompagnée d'un petit vin blanc. Non il n'est point question de vous enivrer, mais juste de passer un agréable moment en votre compagnie et de continuer ensemble nos pas de danse.
J'espère que Mme DANGLARD vous accordera votre journée et qu'elle ne s'offensera point que je vous enlève tout un dimanche. Mais promis, à cinq heures du soir vous serez rentrée.
A dimanche ma Douce,
Votre Jean
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