Chapitre 10

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Nous étions les enfants de Rain City. Chacun de nos pas qui s’enfonçait dans le désert stérile de l’Extérieur, nous éloignait davantage de notre foyer perdu. Seuls nos souvenirs, ceux de nos camarades disparus, ce cortège de souffrance étalé dans le temps et l’oubli nous y rattachaient encore. Le cordon ombilical n’avait pas été encore coupé avec la ville qui nous avait abrités et marqué notre psyché.

Nous n’oublierons jamais d’où nous venions. Nous ne pardonnerions jamais le mal que le Conseil nous avait infligé. Je ressentais cette rage qui me poussait à écraser sous mes godasses défoncées, cette rocaille polie par cette pluie incessante.

Sous l’ombre de ces pylônes rouillés dont certains avaient fini par s’effondrer sous leur propre poids, nous nous rapprochions de Fargo. Les grondements des moutons noirs qui galopaient au-dessus de nous, nous pressaient d’arriver à destination le plus vite possible. Car des rugissements se mêlaient aux des bruits de sabots, des rugissements qui n’avaient rien de naturel. L’Armée de l’Extérieur nous recherchait, ils savaient qu’ils n’en avaient pas encore fini avec le martyr de Rain City. Certains de ses enfants avaient survécu.

Le Conseil ne pouvait pas l’accepter.

Les rapaces sinistres aux ailes d’acier déployées ne nous avaient pas encore repérés, à cause des nuages ancrés les uns dans les autres. Les soldats pensaient que nous errions quelque part sur la route goudronnée qui disparaissait sous les larmes amères. Finalement, la décision de quitter les sentiers battus avait été la meilleure qu’on ait prise. Tant que nous restions à l’écart, nous survivrions.

Mais le danger se rapprochait en même temps que Fargo, notre destination finale. C’est la raison pour laquelle nous nous éloignâmes des pylônes pour nous installer à la lisière de la forêt. Prêts à nous y abriter si l’Armée de l’Extérieur montrait le bout de sa truffe. Nous continuions de rationner les vivres, y compris le lard humain que nous avions collecté. Chaque fois que nous en mangions, nous faisions abstraction de l’individu à qui cette viande était rattachée. Nous en venions à la considérer comme de la bouffe ordinaire, ni plus ni moins.

Les ombres grandissaient autour de nous, une peur se diffusait comme d’habitude dans nos esprits chaque fois que nous pensions voir des fantômes inquisiteurs surgir des bois morts et pourris. Nous craignions d’être pointés du doigt par des sceptres éthérés qui n’étaient que le produit de notre conscience coupable. Il n’était pas rare d’entendre certains d’entre nous, gémir dans leur sommeil, supplier et implorer ce que leurs cauchemars leur montraient pour les torturer. Des démons qui nous pourchassaient sans cesse.

Ada… j’avais abandonné Ada à la cruauté de Rain City. J’avais laissé ce fumier de toxicomane lui tirer deux balles dans le buffet. J’étais resté impuissant à la regarder se vider de son sang, lentement. Trop lentement.

Je ne me souvenais plus si elle m’avait dit quoi que ce soit, si elle m’avait supplié de l’aider. De l’aider à retrouver le soleil dont Dieu nous avait tous privés. Je lui avais menti en lui promettant qu’elle reverrait l’astre lumineux, qu’elle serait bénie de sa lumière sacrée, qu’elle n’aurait bientôt plus peur.

Tout cela n’était qu’un mensonge éhonté, lorsqu’elle m’avoua dans son dernier soupir qu’elle ne voyait que des ténèbres. Elle était morte de désespoir.

J’éprouvais une envie subite de me réveiller, de pleurer comme un bambin abandonné pour lui demander pardon. Mais je n’arrivais plus à déverser mon chagrin, même pour moi et mes erreurs. Trop de larmes amères inondaient déjà ce monde déchu.

Ce fut autre chose que le souvenir de Ada qui m’extirpa de mon cauchemar. Un hurlement strident de femme apeurée nous réveilla tous. Croyant à une attaque sournoise de l’Armée de l’Extérieur ou à une embuscade des Protecteurs, nous avions bondi sur nos appuis, l’arme au point. Accueillis par le chagrin des anges endeuillés.

Le cri avait été poussé par Mélissa, qui bourrait un pauvre gars de coups de poings frénétiques en jurant entre deux inspirations.

- T’es pas bien, espèce d’enfoiré ?

Au milieu de nous tous gagnés par l’ahurissement le plus complet, elle malmenait Sven qui ne cherchait même pas à se défendre ou à lui répondre.

Nous l’entendîmes seulement geindre entre deux grognements de douleur :

- Je veux voir le soleil ! Le soleil !

La consternation me gagna car j’avais compris comme beaucoup ce qui s’était passé. Ce gros débile avait trouvé le moyen de s’enfiler le démon qui nous avait rattrapé. La Vipère Jaune.

- Fouillez-le ! Ordonna Mouez.

Les Éclairés maîtrisèrent Sven en lui tordant les bras dans le dos pour lui faire les poches. Trois maudites fioles remplies de liquide citron furent découvertes puis détruites à coups de godasses sur la rocaille.

L’autre épave en pleurait de voir son trésor éparpillé aux quatre vents, ruisselant en fines larmes jaunies qui s’évaporaient, balayés par cette pluie battante.

- Salauds, vous me l’avez volé ! Rendez-moi le soleil !

Il rua pour se dégager mais il était fermement maintenu. Mouez prépara son fusil d’assaut alors que Sven promenait son regard hagard sur nous. Le regard dément du toxicomane en manque de sensations fortes, identiques à ceux qui erraient sur l’avenue des Damnés lorsque Rain City tenait encore debout avant d’être achevée, ce regard nous hanterait à jamais.

Il n’y avait rien à faire pour l’aider. Cette drogue circulait dans le sang partout dans son corps, jusqu’à son cerveau. Une seule chose pouvait le délivrer en ce bas monde, un moyen radical que Mouez envisageait d’utiliser.

- Je veux seulement du soleil… me faut du soleil, s’il vous plaît…

Sven le Dément se mit à chialer comme un gamin ayant perdu sa maman, lorsqu’il comprit la seule alternative qui lui était offerte. Personne n’avait de Vipère Jaune à lui prêter. Par réflexe, je fermai les paupières pour ne pas voir un enfant de Rain City mourir de cette façon. Ne pas accepter que Rain City allait perdre encore un peu plus de son âme.

À notre surprise, Mila intervint pour l’arrêter.

- Mouez, attends !

Elle agrippa l’affût de son fusil pour le baisser vers le sol. Personne ne comprenait ce qu’elle tentait de faire.

- Mila, qu’est-ce que tu fous ?

- On n’est pas obligés d’en arriver là ! On a quitté Rain City, il existe forcément un moyen de le sauver de cette addiction !

La majorité d’entre nous restait sceptique, désabusée depuis longtemps par la dure réalité de notre monde.

- Mila, je crois que tu rêves, déclara Mouez avec fatalisme.

- Bordel, on peut l’aider ! David ?

Je me demandais ce qu’elle souhaitait de moi. Que je l’aide, elle ou lui ? Elle, à soutenir son point de vue ou lui, à le guérir de cette addiction ? Que voulais-tu de moi, Mila ? Je t’aime et je voudrais me sacrifier pour toi.

Mais là, je ne pouvais rien pour toi.

- Je suis d’accord avec Mouez mais on peut toujours essayer.

Je tenais à lui laisser un peu d’espoir même si je n’y croyais guère. Elle me sourit cependant car je lui en avais accordé plus que ce qu’elle espérait. Une lueur blafarde d’espoir dans une marée d’ombres.

Elle s’écarta de Mouez pour se placer face au Dément qui la suppliait :

- Du soleil… donne-moi du soleil.

- Sven, écoute-moi.

Il la fixait avec plein d’espoir.

- Nous pouvons t’aider mais il faut que tu te tiennes tranquille, d’accord ? Quand nous trouverons la Terre Promise, tout ira beaucoup mieux pour toi.

- Je reverrai le soleil ?

Une joie naïve ridait ses traits pâles.

- Un jour, nous le reverrons tous, lui promit-elle.

Il cessa alors de s’agiter et les autres le relâchèrent. Ils s’écartèrent alors de lui, le surveillant attentivement pour prévenir le moindre geste brusque. Sven ne tenta rien cette fois, se contentant de marmonner d’un air béat :

- Le soleil… oui, je reverrais le soleil. Je serais béni.

Il paraissait être le plus heureux de nous tous, j’en étais presque jaloux. Jugeant ce problème réglé jusqu’à une éventuelle prochaine crise, Mila chargea Mouez d’organiser les tours de garde. Chacun vaqua à ses occupations.

Je me retournai une dernière fois vers le Dément qui s’était agenouillé pour recueillir la grâce des cieux qui lui crachaient à la gueule. Remerciant la miséricorde du Créateur qui n’en avait pas grand-chose de notre misère. Sven ne ferait pas le moindre mal à une mouche tandis qu’il demeurerait calme dans sa prostration.

Mais j’avais appris à me méfier de l’eau qui dort, à Rain City.

******

Je m’étais installé sous une tente improvisée, à l’abri de la pluie. Un refuge précaire à cause du vent qui secouait mon médiocre foyer et faisait rentrer les gouttes indésirables qui me mouillaient jusqu’aux pieds. Je serrais les dents pour ne pas laisser échapper la moindre plainte, je n’étais ni mieux ni plus mal loti que les autres.

Pour trouver le sommeil, je tentais de me souvenir de Sébastian. Mon père spirituel qui m’avait sauvé de la mort sur la Route du Pèlerin alors que je n’étais qu’un marmiton fragile, un orphelin qui avait grandi en ne connaissant que la pluie. Je me rappelais de ses histoires, de ses leçons. De ses mensonges et de sa trahison. L’amertume que j’éprouvais pour ses actes s’était estompé pour laisser place au regret.

Le remords d’un fils qui avait recueilli la confession d’un serviteur de Dieu, qui avait mal agi en pensant le faire pour de bonnes raisons. Il avait sacrifié les Éclairés pour me sauver, scellant le pacte avec le pire démon qui avait croisé sa route.

Il savait que Rain City était condamné et m’avait exhorté à ne pas me laisser entraîner dans sa chute. Je considérais que sa dernière volonté avait été exaucée. J’avais fui ma ville pour me précipiter dans un endroit bien pire encore.

Fargo… Destan.

Des anges qui étaient des démons, aussi maléfiques que Olson le ripoux et le Duc, mon père. Ce que nous étions peut-être tous au fonds de nous-mêmes. Des rats à visage humain piégés au creux d’un foutu baril, là où ils ne pouvaient survivre qu’en révélant leur vraie nature. Dévorant, mastiquant et digérant la chair de leurs semblables, mus par cet irrésistible instinct de survie. Ne pouvant se résoudre à mettre un terme définitif à leur agonie.

Un mugissement déchira tout à coup le silence du campement. Où se mêlaient la douleur et le désespoir, deux frangins noyés sous les larmes amères de la fatalité. J’avais ouvert les paupières, fixant le plafonds de mon terrier d’où perlait le chagrin des anges endeuillés par le déclin de notre humanité.

Je désirais au fonds de moi, les clore de nouveau pour me laisser happer par un sommeil qui n’en était pas un. Peut-être même un sommeil éternel auquel je n’avais pas encore droit. Je percevais cependant l’urgence du nouvel élément perturbateur dont j’avais perçu l’écho.

Je devais me lever encore, me tenir prêt à tout et surtout au pire. Je prenais la peine de le faire uniquement pour elle.

Mila… elle s’appelait Mila.

D’un bond, je surgis de mon terrier, me retrouvant éclaboussé par le chagrin des cieux inconsolables, aussi solitaires que nous l’étions. Tous se dressaient, aussi stupéfaits que pétrifiés par cet interminable mugissement de détresse qui nous glaçait le sang, bien plus que les intempéries.

Mouez me rejoignit peu après, l’air aussi joyeux qu’un sarcophage.

- C’est Sven, me prévint-il.

- Il a fait une connerie ?

- C’est rien de le dire.

Il m’emmena à sa suite, tout notre groupe convergea dans un silence pesant vers là où se tenait le malheureux. Mila, Eric et Esa l’entouraient déjà alors qu’il gémissait à genoux. Des éclairs traversèrent les nuages et illuminèrent la scène tragique.

Nous mîmes du temps à comprendre ce qui venait de se passer, alors qu’il balbutiait d’une voix hachée :

- Le soleil… où est-il ? Il faut que je voie le soleil.

Le sang s’étalait sur ses paumes qu’il nous présentait, le même sang qui s’écoulait en fins ruisseaux de ses cils sur ses joues jusqu’au bas du menton. J’entendis des Éclairés étouffer des sanglots lorsque l’horreur parut évidente à nous tous.

La cruauté de ce monde faisait perdre la raison à ceux qui n’étaient pas assez solides pour y vivre. La misère de Rain City avait détruit celle de Sven à l’usure, au point que celui-ci avait fini par croire que l’absorption de Vipère Jaune le soulagerait. Un mirage qui l’avait définitivement fait chuter dans la folie.

Sous l’effet du manque, une crise l’avait fait basculer dans l’hystérie qui l’avait encourager à se crever les yeux avec ses ongles. Ayant compris ce qu’il avait commis d’irréparable contre lui-même, des Éclairés se détournèrent choqués et démoralisés. Quelques-uns, rudement secoués, se penchèrent pour vomir leurs tripes dans des râles écœurants.

Mila se trouvait face à Sven, les traits livides. Désemparée, elle était cette fois à courts d’arguments tout comme Eric et Esa. Il n’y avait plus rien à faire pour ce pauvre diable. Mouez l’avait bien compris et suggéra sans détour :

- Mila, il faut qu’on en finisse.

- Je n’arrive pas à croire qu’il ait pu faire ça.

Je me rangeais à sa hauteur pour la réconforter.

- Tu as essayé de l’aider et tout le monde s’en rappellera, lui fis-je. Mais il est foutu à cause de la Vipère Jaune.

- David, comment ai-je pu être naïve ? Merde, j’y croyais vraiment…

L’autre épave agenouillée continuait de montrer ses paumes souillées et ses orbites ensanglantées.

- S’il vous plaît, montrez-moi le soleil. J’en ai besoin… tellement besoin. Ne me laissez pas comme ça dans le noir.

Gardant sa contenance, Mila l’apaisa :

- Tu verras bientôt le soleil, Sven. Ça ira beaucoup mieux.

Le Dément sourit aux anges, tandis que Mouez arma son fusil d’assaut d’un claquement sec.

- C’est vrai, Mila ? Je pourrais être béni ?

- Oui, ne t’inquiète pas. Tout se passera bien.

Il crut sans mal à cette fausse promesse. Nous le soulagions tant que nous pouvions, et c’était faire preuve de miséricorde que de lui laisser une chance de croire qu’il pourrait accéder au soleil, bien avant nous autres.

Une rafale déchira l’air en un chapelet erratique enroué et Sven cessa enfin de souffrir. Personne ne savait s’il avait vu le soleil pendant un furtif instant. Tout le monde resta pétrifié, noyé sous les larmes amères de la fatalité qui ne cessait de nous harceler.

Il nous tardait de trouver Fargo.

- Allons l’enterrer, proposa Mélissa.

Sven était comme nous, un enfant de Rain City. Il méritait un meilleur hommage que le plus vertueux des Protecteurs. De meilleures funérailles que le plus sympathique des démons.

Nous ne possédions pas de pelle pour creuser, seulement nos pognes pour ramasser des rocs et l’ensevelir dessous. Esa planta une branche dessus pour signifier symboliquement que l’un des nôtres reposait ici à jamais.

Nous nous recueillîmes pendant quelques minutes autour de la tombe fraîche sans prononcer un mot. Ce qui venait d’arriver à Sven n’était de la faute de personne, hormis des démons de l’Extérieur qui nous avaient réduits au désespoir. Beaucoup brandirent leurs armes en l’air, jurant de rendre justice à Sven et à tant d’autres.

La rage contre l’injustice qui nous pourchassait, coulait dans mes veines. Nous nous dispersâmes ensuite pour nous préparer à reprendre la route de Fargo. Cet Exode durait bien trop longtemps et nous tapait sur les nerfs.

J’entendis Esa parler à Eric dans mon dos. Lorsque je me retournai, le gamin se cachait le visage avec ses mains, sa petite amie se serrant autour de son cou en lui rappelant qu’il ne serait jamais seul. Brave petite.

- Eh, ça ira? Fis-je en me rapprochant d’eux.

Le gamin avait été secoué par la fin de Sven et avait besoin d’évacuer toute la tension qui le travaillait.

- David, tu te souviens de ce que je t’ai raconté avant qu’on trouve Esa au Hachoir ?

J’avais bonne mémoire. Ouais, je me rappelais bien de notre escapade dans le pire quartier de Rain City, qui avait manqué de nous coûter la vie. Eric m’avait confié ce qu’il avait été avant d’intégrer les Éclairés.

Nous avions eu affaire aussi aux toxicos qui agonisaient affalés dans les sous-sols de la Ruche, attendant leur dose de Vipère Jaune. Ce qui avait remué des mauvais souvenirs chez le jeunot.

- Je sais, petit.

- Mon amie s’appelait Alia, racontait-il. Elle a voulu essayer la Vipère Jaune pour comprendre ce qui arrivait aux gens et elle…

- Elle est devenue comme Sven.

La voix enrouée par l’émotion, il reconnut :

- J’ai dû faire pareil que Mouez.

- Tu as fait ce qu’il fallait, Eric, le réconforta Esa.

Faire ce qu’il fallait n’était qu’une maigre consolation en ce bas monde. Le gamin l’avait appris précocement dans les coupe-gorges de Rain City. Faire ce qu’il fallait ne suffirait jamais à soulager toute la misère des derniers restes de l’humanité.

Ça restait tout de même, mieux que rien.

Je leur rendis un peu d’intimité pour aller retrouver Mila. Celle-ci s’était isolée pour fixer l’horizon, les bras croisés. Lorsqu’elle perçut ma présence, elle lâcha d’un ton épuisé :

- J’en ai assez de tout ça, David.

- Quoi ?

À moins que la pluie ne me trompe, ses yeux étaient embués par les larmes.

- J’ignore combien de temps je pourrais supporter ça, je suis fatiguée d’avoir le sentiment de tout porter sur mes épaules. Je ne veux plus voir personne mourir.

Elle se blottit contre moi, en sanglotant. Je n’avais d’abord pas les mots à l’esprit pour atténuer la douleur qu’elle ressentait. Je me demandais ce que je devais faire… lui dire que tout irait bien ? Non, les mensonges ne la soulageraient pas.

Écouter et laisser parler mon cœur ? Ouais, c’était bien la dernière chose sensée qu’il me restait à faire. Je la serrai contre moi.

- C’est dur pour tout le monde, Mila. Mais nous devons tenir, tu dois tenir pour nous tous. Pour moi, ajoutai-je avec plus de ferveur.

Elle releva la tête.

- J’ai bien plus envie de te frapper, là.

Bon signe, elle avait retrouvé son sarcasme.

- Aucun problème, tu as toujours été mon salut. Tu dois savoir que tout ce qui arrive n’est pas de ta faute.

- Tu dis ça pour me faire plaisir ? Demanda-t-elle.

- Je dis ce que je pense, ce n’est pas une faveur.

Gardant sa main dans la mienne, elle considéra l’horizon opaque où se perdait la longue ligne de pylônes.

- Tu sais quoi, David ? L’Extérieur et son armée, le Conseil… je les emmerde. Ils ne nous empêcheront pas d’arriver à Fargo. Nous avons trop perdu pour renoncer.

Elle parvint à m’arracher un sourire. Nous nous étions trop attardés ici, l’orage éclata droit devant nous. La Terre Promise nous appelait, nous devions l’atteindre au nom de tous ceux qui n’étaient plus parmi nous. Ada, Hamid, Sébastian, Sven et tant d’autres.

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