Chapitre 12

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Je rejoignis finalement Mouez qui avait organisé les groupes avec l’aide d’Eric, de Esa et Mélissa. Je compris rapidement qu’il s’était arrangé pour faire cavalier seul. Revenir à Fargo avait remué des souvenirs en lui.

Je m’étais promis d’obtenir des réponses sur son passé. Les autres se dispersèrent ensuite dans Fargo pour exécuter les ordres de Mila. Ne restait plus que Mouez et moi au milieu de la grande avenue, inondée par les larmes amères de la fatalité. Sans prononcer un mot, il me contourna pour pour partir en solitaire. Je décidai de lui emboîter le pas, le laissant m’emmener à travers les entrailles d’une ville que je connaissais à peine.

Il tourna dans une rue puis encore dans une autre avant de me décocher par-dessus son épaule, un brin agacé :

- T’es pas obligé de me suivre comme mon ombre.

Je ne pus me retenir de lui rétorquer d’un ton narquois :

- Je suis paumé, j’ai besoin d’un guide, mon pote.

Sans se retourner ni ralentir, il haussa les épaules.

- Comme tu veux, mais y a rien d’intéressant à raconter.

- Raconte toujours, ça me fera passer le temps.

Au bout d’une intersection éclairée par des feux de poubelles, il s’arrêta subitement, plongé dans la mémoire de son passé. Je surpris des silhouettes s’égailler et disparaître loin des foyers ardents qui accordaient une chaleur appréciable. Décidément, les gens du coin étaient méfiants.

Quelques cadavres traînaient encore dans les ruines, personne n’avait encore pensé à les ramasser.

- Quand on était gamins, Hamid et moi traînions souvent par ici. On faisait des conneries, on se chamaillait… bref, une belle époque.

- Vous créchiez où ?

Il montra la direction de l’ouest.

- Par ici.

Nous quittions l’intersection, croisant encore des habitants qui ne désiraient pas s’attarder. Que craignaient-ils donc de notre part ? Mouez me trimballa deux rues plus loin, prenant le temps d’allumer une clope et de m’en prêter une, au passage. Ça faisait longtemps que je n’en avais pas gratté une, tiens.

Avec le moins d’impatience possible, je tirais un coup, aspirant ce délicieux poison qui me relaxa les nerfs. M’envoyant au pays lointain des songes, loin de ce désert, loin de cette ville aussi maudite que Rain City. Un pays lointain baigné d’une lumière à nulle autre que pareille, qui éclairait les âmes des mortels et transformait les océans en miroirs infinis aveuglants, à s’en cramer les yeux. Un pays de soleil.

Là où la pluie ne serait plus une malédiction, mais appartenait au cycle naturel de la vie et de l’harmonie. Un cycle que nous avions irrémédiablement brisé depuis longtemps. Trop tard pour avoir des regrets, à présent.

Il n’y avait plus de rayon divin qui nous réchaufferait le cœur, plus d’auréole ni d’éclipse qui nous interrogerait sur les vérités cachées de l’existence. Ni aurore ni crépuscule qui rythmeraient l’éveil et le sommeil de chacun d’entre nous. Nous nous en étions privés nous-mêmes par notre bêtise arrogante, nous nous pensions être les seigneurs de tout ce qui nous avait été offert. Nous avons appris l’humilité après qu’il soit trop tard.

Trop tard pour avoir des regrets, pour réclamer le soleil qui nous avait été retiré en guise de punition.

Je tirais une autre bouffée pour retrouver mon extase éphémère, lorsque Mouez me signala d’une voix bourrue :

- C’est là.

Sur notre droite, une bicoque sans prétention se dressait à l’écart, engoncée dans une solitude éternelle. Mouez ouvrit la porte grillagée sans la refermer. Je remarquai aux fenêtres les volets en bois déformés, pourris par l’humidité, qui pendaient comme les bras ballants de ces toxicomanes imbibés de Vipère Jaune. Les vitres elles-mêmes étaient brisées, laissant le vent s’engouffrer à l’intérieur avec les larmes amères des anges endeuillés.

La serrure de la porte d’entrée avait été fracturée. Raidissant ses doigts sur la crosse de son fusil d’assaut, Mouez projeta son pied pour écarter la porte qui gémit sur ses gonds grinçants. Un rire sarcastique d’outre-tombe qui saluait notre arrivée. La lumière était partie depuis longtemps, ne laissant que les ombres d’une nostalgie pesante, absorbant les multiples reflets colorés d’une enfance insouciante.

Teintures, peintures… tout mourait ne laissant que l’écho du silence d’un tombeau. Nos pas faisaient craquaient le parquet fendu. Sans une parole, Mouez m’entraîna à travers les entrailles de la maisonnée… salon, cuisine, chambres d’enfant et de parents. Les pillards étaient passés par là, il ne restait plus grand-chose à voir.

Ne restait plus qu’à circuler, comme nous aurait balancé un agent de circulation de l’ancien temps.

- Nous avons été heureux de grandir dans ce cocon, Hamid et moi. Nos parents ont fait en sorte que nous ne manquions de rien, même si nous étions de sales chenapans.

- Tu leur en as fait voir de toutes les couleurs ?

- Et comment, ricana-t-il.

Nous faisions les cent pas dans le salon. La lumière des feux de poubelle de la rue, nous renvoyait quelques reflets à travers les volets en lambeaux, dessinant les contours d’un canapé sur lequel il s’assit.

- La suite de l’histoire est moins marrante, reprit-il. Fargo était ravitaillée par Destan depuis l’émergence du Conseil après la Grande Catastrophe.

- Vous étiez sous blocus ?

- Oui, comme Rain City. Nous avons tout de même eu la chance d’être mieux traités. Par exemple, nous avions droit à des laissez-passer pour travailler en dehors de Fargo et il n’y avait pas de rationnement. Toute cette misère, cette violence de Rain City… ces problèmes n’existaient pas à Fargo ou presque.

- Qu’est-ce qui s’est passé ensuite ?

Mouez grogna. Cela lui coûtait que sa mémoire s’attarde sur des souvenirs peu agréables.

- Le maire de Fargo pensait qu’il pouvait négocier avec le Conseil de Destan pour s’affranchir de leur tutelle. Il n’avait pas l’intention de se rebeller ouvertement mais c’est ainsi que les grands pontes l’ont interprété. Tu devineras jamais le salaud qui a été chargé de régler le problème.

Son sourire triste était éloquent.

- Le Duc, soupirai-je.

Ouais… mon cher papa.

- Un vrai bourreau des cœurs, celui-là, ironisa Mouez. Bref, le maire a disparu un jour et a été retrouvé dans le caniveau, raide comme il faut. Les laissez-passer ont été suspendus ainsi que le ravitaillement. Des émeutes ont éclaté, les insurgés ont tenté de prendre le contrôle de la ville mais l’armée est intervenue pour rétablir l’ordre et mettre un nouveau pantin plus docile en place. Une pacification qui n’avait rien de pacifique.

- C’est là que tu as perdu tes parents ?

Il regarda ses pompes quelques instants.

- Ils cherchaient de la bouffe et ont été pris dans les échanges de tirs. Juste en essayant de survivre, c’est tout. Hamid et moi les avons enterrés dans le jardin, derrière.

Il avait ponctué le dernier mot d’un geste vague de la main. Il aspira sa nicotine en même temps que moi, ce qui nous permit de surmonter l’odeur tenace de décomposition qui commençait à nous indisposer.

- Les habitants ont compris le message, après la répression. Le Conseil s’est assuré de notre obéissance et nous ont lâché la bride. Mais le mal était fait. Fargo n’avait plus rien d’attrayant pour nous.

- Vous êtes allés voir ailleurs. À Destan.

- Ouais, confirma-t-il en tirant sur sa cigarette. On était à court de solstices.

Il faisait beaucoup d’efforts pour le cacher mais je le sentis plus tendu.

- Toi et Hamid, qu’avez-vous fait à Destan à part du tourisme ?

- On a fait ce qu’il fallait pour survivre et ne pas nous retrouver clochards comme ces toxicos de Rain City.

Il étudiait ses godasses, n’osant pas croiser mon regard.

- C’est-à-dire ? Insistai-je.

- Tu sais très bien ce que je voulais dire, David. Me demande pas de te faire un dessin.

Son ton sec me fit perdre patience, malgré le calme légendaire dont je me vantais.

- Justement, je vois pas très bien le tableau de là où je suis. Alors, donne-moi les détails.

- Y a rien d’autre à ajouter, tu n’as pas besoin de savoir, lâcha-t-il. J’ai pas tellement envie d’en parler.

Je serrai les poings pour contenir mon irritation.

- Arrête de me prendre un con, Mouez. J’ai besoin de savoir.

Il se leva tout à coup comme un ressort, furibond.

- Tu me fais chier, putain ! Tu te prends pour Sébastian, à recueillir les confessions de tes ouailles pour que tu puisses faire la morale ? Regarde où ça l’a mené !

J’avais remué une corde sensible. Quoi qu’il ait pu se passer, Mouez ne tirait aucune fierté de ce qu’il avait fait pour survivre. Tout le monde en aurait fait de même, par instinct de survie. Les rats à visage humain avaient besoin de leur pitance.

- Je veux seulement savoir, repris-je calmement. Je ne suis pas là pour te juger car je ne suis pas meilleur que tout le monde. J’ai ma part de fantômes à affronter, comme n’importe qui.

Il soutint mon regard avant de se laisser tomber sur le canapé. Après une gorgée de nicotine, il raconta :

- Hamid et moi, on s’est engagés dans l’armée.

- Pourquoi l’armée ? Demandai-je.

Il haussa les épaules.

- On n’avait pas assez de relations pour bosser dans autre chose. Et puis avec la solde, on était nourris et logés. Que demander de plus ?

- Bref, le paradis.

Il grimaça face à ma remarque.

- C’était ce que nous croyions, au début. On a reçu une formation puis lorsque nos supérieurs ont estimé que c’était suffisant, on est partis en mission.

- Quel genre de mission ?

Son expression s’était figée.

- Exterminer nos semblables David, m’avoua-t-il de but en blanc. C’était ça notre travail.

Il se pencha en avant, se cachant la figure dans les mains sans lâcher sa clope, les coudes sur les genoux. Sans doute revoyait-il sans cesse les visages, la peur de ceux dont il avait ôté la vie. Sans doute entendait-il dans ses cauchemars, leurs lamentations et leurs supplications. Sans doute avait-il imaginé qu’il aurait pu se retrouver à leur place, de l’autre côté des fusils. Choisir de devenir un survivant avait des conséquences.

Dans ce monde inondé par les larmes amères, on ne réalisait que trop tard les conséquences de ses choix.

- Ouais, c’était ça notre travail de merde, reprit-il avec une amertume plus prononcée à travers les fêlures de sa voix. Débusquer des opposants, fracasser leur porte à n’importe quel moment de la journée, de la semaine ou de l’année. Rester insensible aux cris de leurs enfants, de leurs parents, du reste de leur famille. Les aligner contre un mur, croiser leur regard une dernière fois et puis…

La fin de sa phrase fut engloutie dans une énième bouffée de nicotine. Il toussa pour se racler la gorge puis releva la tête pour jauger ma réaction.

- Pas très glorieux, hein ?

Je n’eus pas d’autre réaction que de tirer ma clope machinalement, en ayant à peine conscience de la vapeur qui m’embrumait les sens mais pas mon esprit.

- L’armée dans laquelle t’as signé, a détruit combien de villes comme Rain City et Fargo ? Demandai-je.

- Aucune idée, me répondit-il. Tu sais dans cette histoire… y avait pas que des villes mais aussi des villages et des hameaux perdus où ne vivaient que des gens qui n’avaient rien à se reprocher.

- Pourquoi s’en prendre à eux, s’ils étaient innocents ?

Mouez étouffa un rire sarcastique.

- C’est bien le problème des tyrans qui ont sous leurs ordres, une armée de tueurs, de salopards décérébrés. Il faut bien leur trouver de quoi s’occuper pour ne pas risquer de les voir se retourner contre eux, un jour.

Le Conseil était dangereux mais pas tout-puissant. Je me notais quelque part cette info intéressante dans ma caboche.

- Que s’est-il passé, après ?

- Nous avons démissionné de l’armée pour nous engager chez les Protecteurs. Un autre genre de boulot de merde, en fait.

Pour ma part, j’en savais assez. Je n’avais plus d’intérêt à continuer à l’emmerder avec mes questions de flicard. C’est alors qu’il me prit de court en me demandant subitement :

- Comment tu fais ça, David ?

- Faire quoi ?

Il tendit son bras vers moi, en laissant tomber au passage, les cendres de sa clope sur le parquet.

- Tu disais que tu devais affronter les fantômes du passé. Mais ça n’a pas l’air de t’atteindre plus que ça, comme si t’en avais rien à foutre.

- Contrairement à ce que tu crois, j’en ai quelque chose à foutre, Mouez.

- Alors, comment tu fais pour supporter toute cette misère, cette violence et ce désespoir ? Comment arrives-tu à t’accepter toi-même après tout ce que tu as fait ? Moi, je ne peux pas. Il se passe pas un jour sans que je songe à me faire sauter la cervelle.

Mon regard erra dans le vide, mes pensées résonnaient aux mots directs de mon pote qui me posait une sacrée colle. Tout ce que j’avais fait de moralement contestable, se déroulait devant moi comme un chemin de croix à gravir, encore et encore. Étais-je prêt à le refaire de nouveau ? La justice, la vengeance ou l’instinct de survie… toutes ces raisons futiles qui m’avaient permis de faire couler le sang d’autrui, me semblaient si creuses à cet instant.

Pour Sébastian, mon père spirituel, rien ne justifiait d’ôter la vie de son prochain. Mais la cruauté de ce monde avait fait voler en éclats cette certitude, comme tant d’autres des miennes. Il ne restait plus que le poison de la culpabilité qui rongeait ma conscience.

Comment je faisais pour continuer à m’accepter moi-même ? Ouais, sacrée colle.

- J’en sais rien, Mouez. Foutrement rien, répondis-je avec lassitude. Tout ce que je sais, c’est qu’on peut rien changer à ce que nous avons fait. Tout ce qu’il nous reste à faire, c’est continuer d’avancer jusqu’à la fin de la route. Protéger ceux qu’on aime.

- Il te reste Mila, moi il me reste plus rien. Hamid, Samira et Alep étaient ma famille. Maintenant ils ne sont plus là. Ici…

Il balaya la pièce de mouvements latéraux des bras.

- Il n’y a plus que des souvenirs.

Mû d’une inspiration subite, il bondit de son canapé pour fouiller fiévreusement les tiroirs d’une commode près d’une fenêtre. Il en retira bientôt, une vieille photographie qu’il me tendit peu après sans même y jeter un œil.

Quatre sourires y figuraient. Mon pote qui tirait une tête d’enterrement, et son frangin Hamid qui avait fondé un foyer avec sa femme Samira et son fiston Alep. Ils semblaient heureux, au point que les malheurs de ce monde mourant ne possédaient aucune prise sur eux.

- Hamid pensait qu’en fondant une famille avec Samira, il pouvait se permettre de croire que cela pouvait apporter un nouvel espoir au milieu des ténèbres. La naissance de Alep a été le plus beau jour de leur vie.

- Et toi, t’as jamais voulu te caser ? Fis-je, curieux.

- Bien sûr que j’aurais adoré jouer les papas poules. Mais je manquais de maturité pour ça. De toute façon, avec le neveu, j’avais de quoi m’occuper. J’étais même heureux d’être son oncle quand Hamid me demandait de jouer ce rôle.

Il me reprit la photo pour regarder le reflet d’un passé qu’il regrettait.

- David, je me demande parfois s’il n’avait pas créé une famille pour soulager sa conscience, devant ce qu’on faisait subir aux habitants de Rain City. Peut-être que ça l’aidait à oublier la tyrannie qu’on leur imposait, cet emprisonnement perpétuel sans aucune échappatoire.

- Il a rejoint les Éclairés, finalement.

Il secoua la tête.

- Et les Protecteurs lui ont fait payer cher. Hamid ne m’a jamais parlé de ce qui s’était passé. Il m’a seulement avoué qu’il avait buté les salopards responsables de ce merdier. Justice a été faite mais il avait changé. Je ne l’ai plus reconnu, David. C’est ce qui nous a définitivement éloignés l’un de l’autre. Déjà qu’on n’était pas si proches que ça, avant…

Le tonnerre gronda de nouveau, dehors, pour se rappeler à notre bon souvenir.

- Alep n’avait pas encore dix ans quand c’est arrivé, trancha-t-il de colère à peine contenue. Comment ce monde peut-il être assez cruel ? C’était qu’un gosse innocent, putain !

La rage de Mouez transpirait jusqu’à moi mais j’avais assisté à tant de morts injustes dans ce cloaque de Rain City que mon cœur était devenu de pierre. Seule la clope que je tenais entre les doigts me préoccupait plus que les remous du passé.

- C’est là que j’ai commencé à perdre espoir tout en continuant le boulot de merde pour lequel j’étais payé. Lorsque Hamid a disparu pour rejoindre les Éclairés pour de bon, je l’ai cru mort pendant un bout de temps en pensant que les Protecteurs avaient eu sa peau. Il a fini par réapparaître pour me demander de rejoindre les Éclairés, à mon tour.

- Pourquoi as-tu refusé ?

- J’étais convaincu qu’il ne combattait pas pour de bonnes raisons. Je sentais qu’il voulait faire payer tous les Protecteurs pour la mort de Samira et Alep. Il était obsédé par sa vengeance, David. J’ai réalisé qu’il s’était trop éloigné de moi, pour renouer les liens. Je n’avais plus de famille, plus rien.

Il tira ensuite sa clope en silence.

- Et maintenant ? Demandai-je.

- Maintenant, après tout ce qui s’est passé… j’ai cette désagréable impression de me battre contre un raz-de-marée.

Il balança son mégot sur le parquet avant de l’écraser sous sa godasse. Pour ma part, je préférai montrer un tantinet plus de respect pour les anciens résidents en expulsant les dernières cendres par l’une des fenêtres brisées.

- Peut-être parce que nous détestons la facilité, Mouez.

Il se contenta d’un rire moqueur avant que nous nous décidâmes de quitter les lieux. Il était temps de rejoindre Mila et les autres. Il était temps de laisser le passé où il demeurerait à jamais et de nous consacrer à ce qui restait de notre avenir.

Si tant est que l’Extérieur voulait nous le concéder.

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