L'Île au trésor

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« Sur les rivages d’un plaisir déchaîné, deux lianes folles s’enlacent,

Leur chair ondule telles des vagues sur la grève de l’ivresse.

Entre ciel et mer, entre baisers et liquides salés,

Le nectar des voluptés partagées inonde la bouche de celle qui prodigue.

Le théâtre de ce doux hyménée résonne de gémissements,

Symphonie marine où les soupirs se mêlent au chant des sirènes.

Les appendices, algues dociles, se tressent avec grâce,

Caresses des cheveux, suaves feuillages, voletant au vent de la convoitise.

Les nymphes[1], s’empourprent, s’épanouissent, s’épaississent,

Submergées par d’enhardis baisers.

Blonde, opale laiteuse baignée d’or pur, brune, cannelle ambrée,

S’ébattent dans les emballements d’une liesse vorace.

Le corail des langues se moire de perles irisées, sous une lune complice.

Vrilles marines, tels des poissons curieux, sondent l’hypogée mystérieux,

Débordant de l’estuaire du coquillage turgescent, l’eau extatique jaillit.

Les lèvres affamées butinent l’ambroisie des caresses, des baisers.

Tandis qu’agiles anguilles, déferlantes insolentes, esquissent un ballet sybarite.

Les seins, douces collines battues par une houle exaltée,

S’offrent aux mains avides, sculptrices d’une félicité sans destination.

Dans cet Éden pélagique, les fruits défendus revêtent goût d’éternité,

Les corps s’arquent, vagues puissantes sur l’océan emballé,

Les doigts s’immiscent dans les sables mouvants de la volupté,

Cherchant le trésor enfoui au cœur du triangle adoré.

Les gémissements s’amplifient, le typhon jubilatoire mugit,

Ébranlant les colonnes d’Hercule par le fracas exprimé.

Les calices se frottent, écume blanche sur les récifs du désir,

Jusqu’à ce que la marée montante déferle sur les sens, déjà, exacerbés.

Puis, au cœur de ce suave mascaret, leur corps s’entremêle.

Telles deux sirènes fusionnant en une inédite créature,

Les jambes s’entrecroisent, ciseaux d’amour et de chair,

Découpant l’étoffe de la réalité en révéler la pureté.

Les conques s’embouchent, les pétales humides s’épanouissent,

Dans une danse immémoriale, rythmée par la fièvre des pulsions,

Les hanches ondulent, marées synchronisées.

Les râles s’épousent, les estuaires s’accouplent,

Tandis que les corps, tels deux cyprées[2] polis par les flots,

Glissent l’un sur l’autre en une vertigineuse ascension.

Le plaisir monte, irrépressible flux d’équinoxe.

Les mains s’agrippent à la chair aimée,

Ancres dans la tempête sidérante d’une passion emportée.

Les regards se croisent, phares éclairant l’embarcadère pour Cythère,

Guidant leurs âmes vers une ultime odyssée.

Dans une apothéose, la commotion engloutit les deux naïades,

Symphonie d’accords émerveillés.

Enfin, advient l’accalmie, paisibles comme une brise marine,

Leur amphore alanguie flotte, enfin, rassasié, sur un tendre ressac.

Enlacées sur les berges de leur ébats,

Les deux ondines, chevelures aux alizés déployées, contemplent l’horizon,

Et, déjà, envisagent d’appareiller pour de nouvelles explorations.

…………..

Ô toi Lesbos, île des plaisirs nacrés,

Chacune de tes vagues enfiévrées, comble l’aimée. »

*******

[1] Petites lèvres

[2] Mollusque dont la coquille est d’une grande beauté. Parfois associé à Vénus.

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