Chapitre 4 - voix éco-lucides

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« On va topper en 2100 les 4,5 degrés. Pis, récemment on a appris que si ça arrivait, ça aurait un effet boule de neige qui ferait un plus 8 degrés, et ça, c’est la fin de la Vie. »

[de la Vie sur Terre][pour tous les êtres vivants, pas que le sapiens sapiens]

La recherche appelle « éco-anxiété » les symptômes de stress liés à la lucidité sur l’ampleur de la crise environnementale en cours ainsi que ses effets concrets. Le phénomène, d’après Vice, toucherait principalement les jeunes : perte d’appétit, de sommeil, pensées envahissantes, difficulté à imaginer le monde d’après, absence de désir d’enfant, colère face au climato-sceptisme. Sentiment d’impuissance, d’isolement, carence du besoin de connexion : quand on leur demande comment « combattre » l’éco-anxiété, les participants répondent, en résumé, le fait de pouvoir se relier à d’autres qui partagent la même lucidité, et de pouvoir agir. Ils parlent de culture de régénération, de revendication de capacité de choix, de révolution. Ils pointent comme principal problème le déni et la peur, rappellent qu’il s’agit d’un enjeu de survie pour l’humanité, pas pour la planète, car la planète, elle, va continuer à tourner sans nous.

Je me demande si on le note davantage chez les jeunes parce que les jeunes sont priés d’être heureux et insouciants, merci, ou bien si ça les touche effectivement davantage. Et en ce cas, si les générations au-dessus (dont la mienne, donc) font l’autruche parce qu’elles sont davantage engagées dans un engrenage qui fait qu’elles perdraient beaucoup en confort si elles conscientisaient et prenait les mesures en proportion, ou parce qu’elles ont été éduquées avec tant de violence ordinaire que leur empathie et détruite et leur capacité à supporter le réel, fracassée.

Je me demande comment j’appellerais moi, le fait de ne pas pouvoir se projeter dans un futur quand on sait que tous les repères vont bouger, le fait de ressentir un choc à l’idée de l’extinction du vivant. J’aurais tendance à nommer cela « des personnes disposant d’un système d’empathie et de la capacité à regarder le réel en face intacts ». Je me représente le dernier journaliste dinosaure – un [espèce à trouver] – micro tendu vers un diplodocus alors qu’ils regardent la comète passer : « alors, vous êtes anxieux pour l’avenir ? ». Ou un reporter sur le Titanic : « Alors, il coule… vos impressions ? Vous pensez avoir des enfants ? ».

Et je rigole. C’est nerveux. Humour de traumatisé.

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